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EUROPE (se) - Le Bataclan à Paris (13/11/12)

Groupes Présents au concert : STONERIDER (usa), EUROPE (se)
Date du Concert : mrdi 13 novembre 2012
Lieu du Concert : Le Bataclan (Paris, France)

Encore une soirée au Bataclan pour moi, et je dois admettre que j’aime beaucoup cette salle… Bonne acoustique, accueil respectueux et courtois, service de sécurité impeccable… Certes, ça n’est pas çà qui garantit une bonne soirée, mais cela y contribue beaucoup. Et en cette froideur hivernale, quoi de mieux que de venir se réchauffer près du métro Oberkampf, en très bonne compagnie qui plus est…



Avant la montée sur scène des stars du soir, ce sont les géorgiens de STONERIDER qui investissent la scène, avec une nonchalance indéniable…Amplis Orange, Télécaster, Basse Gibson SG, le cheveu épais et long, la moustache, le look 70’s, pas de doute, nous nageons en plein revival Blues Boom, et on s’étonne même de ne pas voir un Clapton permanenté surgir de derrière la sono…
Car STONERIDER, c’est du gras, du très gras…Du tord boyaux du sud des Etats Unis, du Blues Rock torride, bourré de feeling, qui ne fait pas semblant et transpire à grosses gouttes. Forts d’un album sorti cette année, le très bon Fountains Left to Wake (février 2012), le trio ricain joue son va-tout sans complexe, et nous fait vibrer à grosses giclées de bourbon frelaté, alternant les rythmes patauds propices aux longues digressions en forme de complainte déchirante, et les accélérations purement Rock qui vous tordent les boyaux.
Mené à un train d’enfer par un Matt Tanner suffocant de charisme et suintant de sex-appeal animal, STONERIDER n’a aucun mal à nous convaincre, et enchaîne les morceaux sans se poser de questions. Un peu BLACK CROWES en plus roublard, un peu JET en plus goguenard, le Hard Blues des Américains nous offre une bonne tranche de vie sudiste, ne manquent plus que le vautour perché sur le pied de micro et l’alambic planqué derrière la batterie. Un peu plus d’une demie heure de sudation non stop, et le groupe se finit au centre de la scène, le batteur à la gestuelle made in Muppet Show encerclé par le bassiste Champ, volubile et expansif, et Matt, véritable tornade mélangeant les accords diaboliques et les descentes de manche incontrôlables.
Du ZZ TOP plein de stupre, du CACTUS revisité 2012, en gros, du très bon pour nostalgiques des années 70 et des pattes d’éph’ qui ne crachent pas sur une évolution musicale naturelle qui sait respecter les tables de loi. En tout cas, une sacrée prise de risque pour les suédois têtes d’affiche qui ont joué gros sur le terrain de la crédibilité en adoptant cette première partie. (8/10)



Mais soyons raisonnable… EUROPE… Peut-on encore, en 2012, après quatre albums post reformation avec le line up d’origine aussi impeccables que décisifs douter de leur crédibilité ? Je ne pense pas. Et au vu de la playlist de ce soir, on peut déjà dire qu’ils ont choisi de nous bouffer aux petits oignons…Et sur fond de splendide backdrop décoré aux armes de Bag Of Bones, les suédois déboulent, avec un Joey déjà chauffé à blanc, l’écume aux lèvres et la chemise impeccable. Et c’est en respectant le trio d’ouverture du dernier né qu’ils préparent le terrain, le triptyque fabuleux « Rags To Riches », « Not Supposed To Sing The Blues » et « Firebox ».
Le son est énorme, les musiciens en forme, et l’interprétation carrée, mais loin d’être scolaire. Tempest n’usurpe pas son nom une fois de plus, et fait virevolter son pied de micro comme le Coverdale de la grande époque, joue avec le public, multiplies les harangues sympathiques et les sourires de séduction. Mais quel besoin de séduire Joey, car le public est déjà dans ta poche ! Le nouvel album est déjà bien connu des fans du groupe, ce qui n’empêche pas ce dernier de revenir vers un classique, l’impérissable « Superstitious » et son refrain fédérateur. Les hits d’EUROPE sont le genre de titres qui vous restent dans la tête et vous hantent des années durant, et ce dernier n’échappe pas à la règle…Le quintette s’offre comme à l’habitude une dérivation reggae vers « No Woman No Cry », et glisse vers « un titre qui ne les laissera jamais tranquilles », le furieux « Scream Of Anger », tiré de Wings Of Tomorrow… Moment Heavy s’il en est, ce morceau ce soir fait remonter les racines PURPLE du groupe à la surface, et nous rappelle qu’avant The Final Countdown, les suédois jouaient un vrai Hard Rock puissant et racé.
Mais ce (trop) fameux album qui les mena en haut des cimes du Top 30 autrefois semble bien loin lorsque retentit l’énorme « No Stone Unturned » de Last Look at Eden, morceau aux sonorités orientales éclairé par un light show somptueux. John Norum s’en donne à cœur joie dans les gammes arabisantes, soutenu par une rythmique plombée au possible et un chanteur en pleine possession de ses moyens… Il est vrai que chaque musicien du groupe est un modèle dans son genre, mais il faut admettre que depuis le début, ce sont Joey et John qui attirent tous les regards… Et il est facile de comprendre pourquoi lorsque l’on voit le groupe live…Car même si Ian n’a rien perdu de sa frappe précise et percutante, même si John Leven se donne à fond, Tempest et Norum sont encore un cran au dessus. John pour son toucher, son feeling, sa façon de rappeler Blackmore sans oublier ses racines Blues, et Joey pour la qualité de sa voix, gorgée de feeling et de puissance, et son charisme sans pareil…Si ce dernier était plutôt un handicap visuel et sonore dans les années 80, à force d’user des « hi ho », et autres facéties faciles destinées à amuser le public adolescent, il est aujourd’hui un frontman de premier ordre, à la voix veloutée et charmeuse.
Mais pas le temps de s’appesantir sur ces considérations, puisque « New Love In Town », et « Demon head », extraits des deux derniers albums du combo clôturent la première partie du concert, avec toujours un public en transe qui répond à chacun des stimulus émis par le groupe…On coupe un peu la lumière, car l’ambiance se veut maintenant acoustique. Tout comme SCORPIONS, ou même NIGHTWISH, EUROPE affectionne ce genre de « pause » qui permet de se rapprocher de ses fans et de radoucir l’ambiance pour s’offrir un peu d’intimité. Ainsi, John s’autorise en prélude une bien jolie reprise de FLEETWOOD MAC, « The World Keep On Turning », avant que le groupe ne nous délivre une version de « Drink And A Smile » de Bag Of Bones plutôt convaincante, et un hit, « Open Your Heart », qui déclenche une réaction euphorique dans la salle. Blackout, et la seconde partie peut commencer.
Et c’est avec hargne et détermination que le groupe l’entame, avec en étendard le titre éponyme « Bag Of Bones », qui passe la rampe live avec une facilité déconcertante. Il est important de rappeler d’ailleurs à quel point EUROPE n’a jamais déçu depuis la sortie en 2004 de Stark From The Dark. Car si celui ci était encore un peu timoré, ses successeurs n’ont fait qu’entériner le talent du quintette à grands coups de titres définitifs (« Secret Society », « Always The Pretenders », « The Getaway Plan », « Not Supposed To Sing The Blues », « In My Time », « Run with the Angels », « New Love In Town », et j’en passe…), qui m’ont fait retomber sous le charme de ce groupe qui a cristallisé la haine des pseudos fans de Heavy « pur et dur » dans les années 80. Mais que voulez vous, quand on a du talent, et à revendre, tout le monde finit par s’en rendre compte…Et justement, après un fabuleux « Girl From Lebanon », EUROPE se penche une nouvelle fois sur son passé, avec la lacrymale « Carrie », qui aura fait saigner bien des cœurs il y a 26 ans…Briquets, larmes peut être… Merde… C’est vrai que c’est évident, c’est vrai que c’est emphatique, mais que voulez vous… Si même un vieux con élevé au Thrash arrive à avoir la cornée humide, c’est qu’il y forcement une bonne raison…
Mais non, décidément, EUROPE se veut Rock, et ils le sont, alors ça tombe bien…
Une preuve ? « The Beast », hargneux à souhait, et son pendant animalier « Doghouse », qui – s’il n’a pas l’hystérie de son homonyme des DESCENDENTS – sait se faire velu et méchant à souhait. Et avant le tomber de rideau presque final, c’est « Rock The Night », qui retentit, son chorus, ses « Woh oh ! » hurlés à pleins poumons par une audience qui exulte !!!
Rappel ? Evidement, vous nous croyez fatigués ? Et là, le meilleur des deux mondes. Le EUROPE moderne avec « Last Look at Eden », tranchant, et bien sur, celui que tout le monde attend, qui pèse bien plus sur leur carrière que « Scream Of Anger » malgré ce que Joey veut bien en dire, l’inusable, l’increvable « The Final Countdown », et son intro au synthé que même les plus farouches détracteurs du Hard Rock connaissent… Ca aussi, c’est gagné d’avance, comme un combat à l’unisson répété trop de fois pour qu’il ne finisse pas par un KO global… Ce qui est encore le cas ce soir.
Alors non, soyons honnête, ça n’était pas le meilleur concert des suédois que j’ai vu. Leur performance au Hellfest 2009 était par exemple bien supérieure, et pourtant dans un cadre beaucoup plus restrictif.
Mais un concert d’EUROPE est forcément une réussite, quoiqu’il arrive. A cause de ses musiciens, à cause des chansons, à cause de ce lien invisible qui nous réunit à eux, à cause de cette fidélité qu’on leur doit bien et dont ils nous sont grés.
C’est une façon de se retrouver, entre nous et de passer un très bon moment, en reprenant en chœur des titres que l’on connaît par cœur et que l’on écoutera sans doute toute notre vie. (9/10)




Ajouté :  Vendredi 16 Novembre 2012
Live Reporteur :  Mortne2001
Score :
Lien en relation:  Europe website
Hits: 15165
  
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