REPULSION (usa) - Horrified (1986)
Label : Vinyl : Earache, via Necrosis ; CD : Relapse
Sortie du Scud : 1989 (Vinyle) ; 1992 & 2003 (CD, puis Double-CD)
Pays : Etats-Unis
Genre : Grind Analogique Légendaire
Type : Album
Playtime : 18 Titres - 29 Mins
Certains albums sont obligatoirement associés à leur histoire, et c’est tant mieux, car c’est bien là qu’on reconnaît un véritable album culte. De Rock Bottom de Robert WYATT, à Nevermind The Bollocks des PISTOLS, en passant par Grace de Jeff BUCKLEY, les légendes se sont construites à grands coups de tragédies, de scandales, d’épitaphes et de crachats.
Mais notre musique favorite porte aussi en son sein son lot d’albums maudits, introuvables, poisseux ou historiques. Du premier WEHRMACHT à Submit To Genocide de GENOCIDE, étrillés par la critique, de Carnival Of Souls de KISS à Crack A Smile de POISON, sortis à la hâte, le Metal regorge d’anecdotes musicales ou extra-musicales liés à des sillons marqués par le destin.
Et si il est un album qui a fait gloser, jaser, vomir et fantasmer plus que de raison, c’est bien Horrified de REPULSION. Contrairement à d’autres qui n’ont jamais eu la chance de connaître une sortie ou une réédition digne de ce nom (au fait Mme BOLEYN, tu ressors GENOCIDE quand tu veux !!), Horrified s’est vu décliner sous trois packages, ce qui en fait un album culte à la portée de tous. Mais dans les années 80, c’était une autre paire de manches.
En 1986 aurait du voir le jour Slaughter Of The Innocent, premier album d’un obscur combo américain, GENOCIDE (décidemment !), mais l’affaire fut étouffée dans l’œuf, et tous les tape-traders de la planète s’en donnèrent à cœur joie pour répandre la bonne parole. La cassette échoua sur les rives anglaises peu de temps après, et fut bien évidemment découverte par Bill STEER, éditeur du fanzine Phoenix Militia, ainsi que par la plupart des acteurs de la scène underground UK de l’époque, Mick HARRIS, Shane EMBURY, Mark GREENWAY, en gros, tous les piliers de l’extrême des mid eighties, ce qui ne manqua pas d’influer quelque peu sur leur son…
Pourquoi ça ? Nous le saurons quelques années plus tard, en 1989, quand STEER et WALKER, alors dans CARCASS décidèrent de rendre justice à REPULSION en sortant l’album posthume sous leur propre label NECROSIS, distribué par EARACHE. Et là, tout s’éclaire.
Pour tous ceux qui sont familiers de NAPALM DEATH (et même les autres depuis la sortie de Noise For Music’s Sake), leurs premières démos, dont la fameuse Hatred Surge, étaient plus empruntes d’Anarcho-Core qu’autre chose. Et quand on écoute Scum, premier album officiel, quelque chose cloche…
D’où vient cette soudaine accélération ? Ces tempi effrénés, blast-beats comme on les a surnommés après ?
Ne cherchez pas, tout est là. Horrified.
Dès l’ouverture « The Stench Of Burning Death » (dont l’intro a été reprise par NAPALM pour leur morceau “Deceiver”), le choc est brutal. Il n’est pas étonnant que l’album ne soit pas sorti plus tôt, au regard de son extrême brutalité. Noyé au milieu du Thrash de l’époque, dont les journalistes avaient déjà du mal à se remettre, il aurait été crucifié sur l’autel de l’incompréhension. Rappelons nous de quelle façon des albums comme Acceleration Process de MORSÜRE ou encore Convicted de CRYPTIC SLAUGHTER ont été fusillés dans Enfer Magazine ou Hard-Rock ! C’est le gros problème d’être en avance sur son temps.
Nonobstant cet état de fait, il faut reconnaître qu’Horrified comporte son lot de traumas. Du rythme ultra rapide et approximatif de Dave GRAVE (paye ton pseudo !) aux soli acides et hystériques de Matt et Aaron, en passant par la basse ultra saturée de Scott, les standards de l’époque sont foulés au pied, et il faudra attendre la vague bruitiste des NAPALM, CARCASS et autres ELECTRO HIPPIES pour pouvoir digérer ce pavé dans la mare.
Il n’empêche qu’avec ce glaviot balancé à la face du bon goût, REPULSION a influencé plus de groupes que n’importe quel messie du Hard-Rock encensé par les rock-critics de l’époque. Avec ses textes en liaison directe avec les Gore-cult que sont Evil Dead, Zombie et autres Buio-Omega, braillés d’une voix revendicatrice par CARLSON, ses titres dépassant rarement la minute trente et ses lignes de basse doublées, il reste une pierre angulaire du je m’en foutisme musical apparent, alors qu’il n’est rien de moins que le signal de départ pour la course contre la montre de tous les braillards approximatifs que la terre ait connu.
C’était une époque où la standardisation n’était pas de mise, où les instruments sonnaient comme on les entendait live, et où les batteries triggées n’avaient pas encore ruiné le peu d’indépendance de style des groupes fumants. Et Dieu que c’était bon !
Finir un album sur deux brûlots tels que « Maggots In Your Coffin », manifeste nihiliste pour nécrophile acharné, et « Horrified », conte de Noël sadique et sarcastique est un gage d’inconscience salvateur. Il suffit d’entendre le « Fuck ! » lâché à la fin du morceau par Scott pour comprendre que les bagages étaient pliés d’avance. Un constat amer. Je sais que tu sais que je sais, et je t’emmerde. Pour la postérité…
Ecouter cet album, c’est voyager dans le temps, c’est comprendre que 1+1 égal 2 après s’être attaqué à Thalès. Ecouter Mozart après Beethoven. Aller dans le Michigan après un pèlerinage à Birmingham.
NAPALM DEATH, CARCASS, SORE THROAT, DOOM, mais aussi MORTICIAN, MORBID ANGEL et tant d’autres. Horrified est leur Graceland. L’alpha et l’Omega.
Et pour quelques secondes de plus…
Ajouté : Vendredi 13 Juin 2008 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Repulsion Website Hits: 11691
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