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SONISPHERE (FRA) - Amnéville (08-09/06/13)


Date du festival : du 8 au 9 juin 2013
Lieu du festival : Snowhall Parc (Amnéville, France)
Live reports des autres éditions : Sonisphere 2011, Sonisphere 2013

C’est sur qu’entre les gros soucis d’annulations et consorts de l’année dernière, une affiche qui peut parfois être sujette à débat, un choix de site peu commun pour un festival de ce gabarit et le désistement de TRUST cette année, le Sonisphère d’Amnéville donne depuis trois ans déjà l’impression de connaître toutes les situations possibles et imaginables : une première édition exceptionnelle (avec entre autre, la venu du Big 4), une édition 2012 plutôt cauchemardesque d’après ce que j’ai pu comprendre, et enfin, 2013. Alors qu’en est-il cette année ? Quand le 12 novembre 2012, l’organisation annonce que la tête d’affiche sera IRON MAIDEN, la perspective d’un festival grandiose paraissait tout à fait plausible… Et les autres noms, tous plus alléchants les uns que les autres, sont tombés petit à petit durant l’année, lentement mais surement : MEGADETH, SLAYER, STONE SOUR, AIRBOURNE, IN FLAMES, EPICA… Le vrai point fort de cette affiche résidait cette année dans une diversité des groupes proposés et un éclectisme pointu (franchement, qui s’attendait à voir un groupe si peu « mainstream » comme BEHEMOTH au Sonisphère ?).

Enfin bon, comme tout festival, le Sonisphère a beau avoir des avantages exceptionnels, les défauts sont également présents… Et si il y’en a bien un qui a concerné la quasi-totalité des festivaliers (certains ayant préféré une chambre d’hôtel à la vraie vie à la dure du camping, cet endroit où le dernier « APERO !!! » ne sera pas hurlé avant 5 heures du matin), c’est la distance qui semble être interminable entre le Snowhall et le camping. Disons que marcher deux kilomètres à 14 heures dans la poussière et sous le soleil, ça peut encore aller. Mais marcher les mêmes deux kilomètres après une journée de concerts dans les pattes (et toutes les consommations qui vont avec pour beaucoup, cela n’aidant effectivement pas à un retour rapide et efficace au camping) à une heure de mat’, autant dire que si on pouvait faire sans les prochaines fois, ça serait bienvenu !

Egalement une organisation qui laissait à désirer pour le retrait des accréditations et rentrer sur le site. J’ai eu droit à au moins 4 versions différentes, aussi bien de la part d’agents de sécurité, de membres de l’orga du festival, de festivaliers, ou encore de journalistes aussi paumés que moi… C’est donc en faisant deux fois le tour du Snowhall que j’entends de loin les Marseillais de DAGOBA, sans les voir… Autant dire que j’étais un poil dégouté, surtout que rien qu’en les entendant, ça avait l’air d’envoyer sévère !

Mais laissons tous ces détails de côté. Car comparé à la grande plâtrée de décibels qui a été servie aux 55000 personnes présentes lors de ce week-end inoubliable, un peu de marche, c’est vraiment pas cher payé !

CRUCIFIED BARBARA :
C’est avec la déception d’avoir loupé une grosse partie de concert de DAGOBA que je me rends devant la scène Apollo pour voir les Suédoises de CRUCIFIED BARBARA. J’avais pas mal entendu parler de ce groupe, et l’écoute de leur dernier album, Midnight Chase, m’avait convaincu de ne pas louper ce concert. Et autant dire que ça valait carrément le détour ! Les quatre arrivent sur scène et attaquent d’entrée de jeu avec l’excellent « Crucifier », qui emballe d’emblée un public déjà nombreux en ce début d’après midi. Leur Heavy/Hard Rock plutôt mainstream passe comme une lettre à la poste, les refrains que scandent la chanteuse-guitariste Mia Coldheart étant taillés pour un seul usage… la scène ! Avec une claque pareille, je m’en remettrais d’avoir loupé DAGOBA. Total respect les filles ! (8/10)

BEHEMOTH :
Alors que le Snowhall se remplit petit à petit, c’est une véritable marée humaine qui se tasse sous un soleil de plomb quand retentit l’heure de la Messe Noire… Les membres de BEHEMOTH, désormais vêtus de nouveaux costumes et de nouveaux maquillages, font leur entrée sur scène sous les applaudissements d’un public tout acquis à la cause du groupe du charismatique Nergal. A peine les premiers accords de « Ov Fire And The Void » sont joués que le son apparaît massif, clair… et parfait, tout simplement ! Juste après que Nergal ai remercié le public avec quelques mots de Français prononcés avec une sincérité touchante (« Comment ça va, motherfuckers ?! It’s fucking good to be back in fucking France ! »… Merci quand même!), le groupe assène un « Conquer All » des plus mémorables ! Et ce ne sont pas les récents soucis de santé du frontman qui font perdre de la prestance à ce concert. Bien au contraire! Nergal le dit lui-même : « C’est tellement bon de se sentir vivant ! »… Avant d’enchainer sur l’assez rare sur scène « Moonspell Rites » tiré de leur premier EP, And The Forests Dream Eternally, datant de 1994 ! Mais ce ne sera rien en comparaison du magnifique, de l’inoubliable « Chant For Eschaton 2000 » à la fin du concert, qui joué en live, prend une dimension incroyablement sombre et puissante. Un set énormissime, qui aurait pu être bien plus terrifiant si le groupe avait pu se produire de nuit… A mes yeux, le meilleur concert du festival. Et de loin. (10/10)

SABATON :
Ne connaissant ce groupe Suédois culte que de nom, c’est en vrai curieux que je jette un œil et une oreille à ce concert. Malheureusement, le début du concert est terni par un son très brouillon, avec une voix et une basse (surtout la basse en fait…) bien trop mises en avant par rapport au reste. Malgré tout, le groupe délivre sans la moindre faille musicale son Power/Heavy aux refrains fédérateurs et aux riffs puissants. De très loin, on peut voir devant la scène comme une mare de slammeurs… Enfin bref, qu’on adhère ou qu’on n’adhère pas, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, quand on voit ces gars là sur scène, il est impossible de ne pas avoir le sourire en voyant l’enthousiasme du groupe et de ne pas taper du pied ou bouger la tête… Ou pourquoi pas les deux ! Un bien chouette concert en tout cas. (7/10)

AMON AMARTH :
On avait passé un deal avec l’amie avec qui je me suis rendue au Sonisphère : si je l’accompagnais au concert d’AMON AMARTH, je n’irais pas voir GHOST tout seul. Il a donc vraiment fallu jouer des coudes pour se faire une place devant au milieu de cette foule compacte. Enfin… le plus chiant, ça a quand même été les quarante-cinq minutes d’attente à devoir supporter les hurlements et chouinements d’Oli Sykes, alors que BRING ME THE HORIZON jouait sur la scène d’en face (au moins, je les aurais regardés sur les écrans, et c’est définitif, BMTH, je n’y arrive pas !). Mais dès lors que nos cinq vikings ont débarqué sur scène, c’est devenu la vraie folie furieuse dans la fosse ! De partout, ça pousse, ça pogote, ça slamme, ça hurle, ça chante à pleins poumons… Pour le plus grand bonheur de tous, le groupe interpréta le single de leur prochain album, Deceiver Of Gods… Et même ce morceau là, tout le monde le connaissait et hurlait d’une seule voix mélodies, solos, refrains et couplets. Autant dire que je me suis senti un peu con, dans la mesure où la seule chanson que je connais d’AMON AMARTH est « Twilight Of The Thunder God ». Ce n’est pas ça qui m’empêchera de profiter de ce concert démentiel ! Les cinq ont une présence scénique et un charisme rare, à tel point que les trois anglaises à côté de nous s’étaient transformées en groupies ! Après avoir fini sur « Guardians Of Asgaard », Johann Hegg remercie le public d’être resté si nombreux, et donne rendez vous au public français en novembre… Tout ce qu’on peut te dire, c’est qu’on sera présents. (8/10)

MOTÖRHEAD :
Mine de rien, ça faisait un "petit bout de temps" qu’on n’avait pas vu la bande à Lemmy de par chez nous. Et puis un concert de MOTÖRHEAD, ça ne se refuse jamais. Alors bon, même si Lemmy donne l’impression d’avoir des clous aux talons et de ne les retirer de la scène qu’à la fin du concert, même si la setlist est la même depuis deux ans, même si Phil commence sérieusement à se trainer, même s’il a fallu se fader l’éternel solo du « best drummer in the world », et même si le son ce soir n’était pas optimal, voir le monstre sur scène, le grand Lemmy, sa Rickenbacker et ses deux acolytes, c’est quelque chose à vivre au moins une fois dans sa vie. Comme écrit plus haut, la setlist se présentait plus comme un best-of de leur carrière que comme un concert promo (car officiellement, le groupe est toujours en tournée de promo de The World Is Yours). Eh oui, tous les tubes y sont passés : « Damage Case », « Going To Brazil », « Metropolis », « Stay Clean » (le solo de basse !!!)… Le groupe apparaît plus comme un vieux Jack Daniel’s qui fait tout digérer, car le public connaît tout par cœur et n’est pas là pour étudier, observer… Mais pour s’amuser, tout simplement. Comme à son habitude, le groupe finit par la sainte triplette « Killed By Death », « Ace Of Spades » et « Overkill ». Encore une fois, MOTÖRHEAD a frappé juste, fort et efficace. La grande classe. (7/10)

SLAYER :
Sans doute le groupe le plus attendu de la journée. Je pense que c’était le cas, car SLAYER a battu haut la main le record d’affluence. Un nuage sombre avait beau flotter sur l’Appolo Stage, suite au décès du plus que regretté Jeff Hanneman, à peine l’intro de « World Painted Blood » sortie des enceintes que le public se lançait déjà dans des mosh-pits et des slams déchainés. Cependant, SLAYER reste SLAYER : un Tom Araya le sourire jusqu’aux oreilles, un Kerry King impérial, massif comme un bloc, un Gary Holt qui assure toujours ses parties avec un charisme et une technique rares et le fraichement revenu Paul Bostaph qui n’a décidément rien à envier à Dave Lombardo. A l’instar de MOTÖRHEAD, les quatre d’Huntington Beach nous servent leur habituel best-of (l’intégralité de Seasons In The Abyss étant manifestement réservé aux concerts en salle…), avec une énergie et une violence qui éclate tout sur son passage. Autant vous dire que mon petit cœur de fan a battu la chamade à l’écoute et à la vue des classique absolus que sont « Hallowed Point », « Mandatory Suicide », « Disciple », « Seasons In The Abyss », « Angel Of Death » (je ne me souviens pas avoir entendu une version du cri au début aussi terrifiante), « South Of Heaven », et bien sur l’inévitable, l’intemporel, le génialissime « Raining Blood » qui vit un service de sécurité au bord de la rupture… Le groupe a vu très juste en dédiant « South Of Heaven » et « Angel Of Death » à Jeff, alors que le fameux remake du logo Heineken était affiché en fond de scène. Quoi qu’il en soit, on leur souhaite encore de belles et longues années, car aussi bien en live que sur album, SLAYER reste tout simplement un des meilleurs groupes encore en activité. Merci SLAYER !!! (9/10)

KORN :
Autant vous le dire tout de suite, pour moi, la grosse inquiétude du jour s’appelait KORN. Déjà parce que sur album, je n’y suis jamais arrivé (bon, à part peut être l’éponyme et Life Is Peachy) et surtout de voir que le groupe avait une heure et demie de programmée alors que les quelques comptes-rendus de concerts que j’ai pu lire du groupe de ces derniers mois sont vraiment mauvais. C’est donc plus par acquis de conscience que par curiosité et/ou plaisir que je décide d’aller au concert de KORN… Et autant vous dire que, bon sang, je ne le regrette pas le moins du monde ! Déjà, la surprise de ce soir s’appelle Head, guitariste originel du groupe, qui est manifestement de retour au bercail pour le plus grand bonheur du groupe comme du public. Entamant d’entrée de jeu les hostilités avec le classique parmi les classiques, « Blind », le groupe apparait en très grande forme, le son est franchement excellent, et Jonathan fait immédiatement preuve d’un charisme exceptionnel. Je peux entendre derrière moi un fan dire à son pote « ah, il a pas les yeux rouges cette fois… ça risque d’être bon ! ». Et oui, c’est bon ! Et même très bon. Tournant surtout autour des classiques et des débuts du groupes, la setlist enchante un parterre de fans conquis et aux anges. Moi-même étant le premier à cracher sur leur délire dubstep, les deux extraits de The Path Of Totality joués ce soir, « Narcisstic Cannibal » et « Get Up ! », prennent on stage une dimension de rouleau compresseur, le jeu de lumière calculé au millimètre sur la musique donnant presque une ambiance de boîte de nuit… Cela n’a pas l’air de déplaire pour autant. L’immortel bassiste, Fieldy, se donne à fond, slappe à tout va et rappelle presque Robert Trujillo dans sa démarche, le poulpe Ray Luzier martèle ses fûts avec une élégance et une précision rares (ne cherchez pas, la star ce soir, c’est lui !) et tous les membres du groupe ne peuvent s’empêcher d’esquisser un sourire lorsqu’ils croisent Head, qui est plus qu’impliqué dans son rôle et se donne à 200%. Si on m’avait dit que KORN allait donner un aussi bon concert… Les puristes pourront râler à propos de l’absence des « Right Now », « Oildale », « Y’All Want A Single » et consorts, mais KORN a fait éclater tous les préjugés que ses détracteurs pouvaient avoir. (8/10)

Après cette première journée déjà riche en décibels, en émotions, en coups de soleil et en éclatage de nuques, il est maintenant l’heure de rentrer au camping… Excellente initiative de la part de l’organisation qui a installé cette année une scène off dans le camping, permettant à pas mal de groupes de la région de se produire. Pour Metal Impact, on retiendra surtout la prestation totalement déjantée des Nancéiens de FIRST RAGE, groupe de Fusion à l’énergie et à la bonne humeur communicatives.

Passé 4 heures du matin, il a bien fallu essayer de dormir un peu… Et pour le coup, ça relève vraiment du défi. Entre les hurlements des festivaliers totalement allumés et la pluie qui commençait à frapper les toiles de tentes, je crois me souvenir avoir décidé de dormir avec des bouchons d’oreilles.

Le lendemain, alors que la vie au camping continuait tant bien que mal (entre mauvais temps, gueules de bois, et allers retours à l’Intermarché qui n’était pas à deux pas du festival comme le disait l’orga, mais à bien trois quarts d’heures aller retour !), l’inquiétude de voir les concerts de la journée annulés par le mauvais temps se faisait grandissante… Jusqu’à que le soleil montre le bout de son nez à 13 heures !

C’est reparti pour une dernière journée qui s’annonce mémorable…

VOODOO SIX :
C’est bel et bien la présentation que le Sonisphère faisait de ce groupe britannique soutenu par Steve Harris himself et ayant accompagné IRON MAIDEN en tournée qui m’a donné envie d’aller écouter leur concert. Rien de bien mémorable, certes : un Heavy Metal plus Britannique que Britannique, un chanteur à la grande capacité vocale, des zicos carrés, une bonne ambiance… Mais ça devient de plus en plus rare de découvrir des groupes qui utilisent à si bon escient l’héritage laissé par la N.W.O.B.H.M. Et le fait est que c’était bel et bien un public de curieux qui s’est rendu devant la Saturn Stage pour découvrir la bête. Public de curieux qui s’est vite métamorphosé en public conquis et réceptif. Une bien bonne découverte. (7/10)

GHOST :
Fort d’un nouvel excellent album et d’une réputation scénique qui n’est plus à faire, GHOST a pu profiter cet après midi d’un public conquis d’avance et d’un parterre rempli (les Anglais de HACKTIVIST en ont malheureusement fait les frais…). Pour ceux qui l’ignorent, cet OVNI made in Sweden est composé de 5 « namelessghouls » et d’un Pape sataniste se faisant appeler Papus Emeritus II. D’eux, on ne sait rien. Ni leur identité, leur âge, ou même leur sexe. Je suis certain que ceux qui sont en train de lire ceci et qui ne connaissent pas GHOST se disent « putain non, encore un groupe de Black Metal à la con… ». Qui a dit que le blasphème et le dévouement aux démons devait se faire sur du blastbeat à 200 à l’heure et des vocaux écorchés vifs ? Car GHOST est un groupe de… disons Pop Metal ! Eh oui ! C’est bien en live que ces refrains mélodieux et entêtants deviennent de véritables hymnes, le tout soutenu par un clavier limite kitsh et une instrumentation savamment menée rappelant les grandes années du Sabbat Noir. Un concert de GHOST, c’est comme la messe. C’est se faire bénir par un prêtre, ou encore réciter des refrains qui prennent en live la dimension de prières. Le charismatique Papus Emeritus II ne manque cependant pas d’humour, et ne se gêne pas pour communiquer avec le public du Sonisphère. Et encore une fois, la machine à tubes à marché à plein régime : l’hypnotique « Per Aspera Ad Inferi », les très sombres « Con Clavi Con Dio » et « Year Zero », le superbe « Stand By Him » et surtout le magnifique « Ritual », dont le refrain est repris par le public, à la grande surprise de notre pape zombie. Alors que le soleil se faisait désormais plus que présent, finir le concert sur la perle du dernier album, « Monstrance Clock », c’était une vraie bonne idée. Original et anticonformiste sur album, imparable et impressionnant sur scène, GHOST a gagné le respect du Sonisphère. Et en a profité pour me confirmer qu’ils méritent bien la success story qu’ils vivent depuis leur début. A découvrir d’urgence sur scène ! (10/10)

STONE SOUR :
Plus connu pour être le projet parallèle de Corey Taylor et James Root, respectivement chanteur et guitariste de SLIPKNOT, que pour sa musique à proprement parler, les STONE SOUR faisaient vraiment office de doux agneaux au milieu de ces hordes de sauvages. Evoluant dans un registre frisant le Metalcore de par son accessibilité, le groupe est plus proche d’un Rock/Metal plutôt classique. Loin d’être mauvais en concert, le groupe a servi une prestation reposant plus sur le charisme évident et les capacités vocales de Corey que sur les musiciens l’accompagnan, à tel point qu’on avait l’impression de voir un concert de « Corey Taylor et ses Stone Sour »… Musicalement, ça tient la route : le son est clair et très bon, le public connaît tout par cœur… Mais voilà, c’est vraiment ce qui ressemble presque à de l’arrogance de la part de Corey qui ternit l’ensemble du set. Dommage, car la musique en elle-même est vraiment bien foutue… (6/10)

MEGADETH :
C’est en gamin qui attendait le Père Noël que j’ai campé pendant deux heures devant la Appolo pour apercevoir le grand Dave Mustaine et toute sa clique le plus près possible (car avec le concert d’IRON MAIDEN qui arrivait, la foule se faisait de plus en plus compacte et dense). J’aurais vraiment préféré qu’on me dise que j’allais vivre un véritable traumatisme, une déception sans nom. Parce que voilà, MEGADETH, je suis fan. Mais vraiment quoi… Alors bon, déjà, commencer le concert par « Trust », c’était le truc à pas faire. Enchainer sur « Hangar 18 » en revanche, ça a fait exploser l’applaudimètre ! Mais la suite… « She-Wolf », « Sweating Bullets », « Kingmaker », « Super Collider », « Countdown To Extinction »… Qui est content d’avoir entendu ces titres là !? Et c’est sans compter un Dave Mustaine qui n’arrive plus à chanter passées les trois premières chansons… Malgré tout, je reste jusqu’au bout, j’essaye de me persuader que c’est une blague, qu’ils ne le font pas exprès… Pourtant, le drame est là, juste sous nos yeux. Ok, voir ce groupe culte sur scène, c’est pas rien, la complicité de la paire des deux Dave faisant vraiment plaisir à voir. Mais si en plus d’une setlist désastreuse et d’un père Mustaine forçant sur ses cordes vocales à en faire presque pitié, on ajoute un son effroyable, je prends le risque de dire que ce concert de MEGADETH a été un vrai désastre. C’est dire, même « Holy Wars » (mon Dieu, la vautre de Broderick sur le pont… Au blasphème, à l’assassin !) en rappel, eh bien, ça n’a rien pu sauver… La pire déception en concert que j’ai pu vivre (3/10)

IRON MAIDEN :
Si 55 000 personnes s’étaient donné rendez vous au Snowhall d’Amnéville en ce week-end de juin, c’était bien sur parce qu’IRON MAIDEN donnait son deuxième et dernier concert français de la saison… Et tout simplement parce qu’IRON MAIDEN, il faut les voir ! Le plus marquant avant même le début du concert, c’est le public. Ça va du quadragénaire nostalgique venu avec son fils de 10 ans sur les épaules au hardeux pur et dur, en passant par le bon petit couple et l’adolescent de 17 ans émerveillé de pouvoir enfin voir sur scène ses idoles…

Impossible de résumer IRON MAIDEN, ce qu’il m’a apporté, ce qu’il nous a apporté à nous, la famille IRON MAIDEN, des millions de personnes à travers la planète. Du bonheur, des souvenirs à la pelle, des séances air guitar tout seul dans le salon avec la sono au point de saturation… L’excitation et l’impatience montent d’un cran dans le public lorsque sort des enceintes le traditionnel « Doctor, Doctor ». Ce sont désormais 55 000 personnes qui appellent IRON MAIDEN à pleins poumons, brandissant bien haut notre fameux symbole diabolique… L’intro de « Moonchild » se fait entendre, la tension est palpable, le public compressé et attentif, fébrile, les lumières se baladent sur la scène alors que la nuit tombe petit à petit sur Amnéville…

Et soudain, c’est l’explosion.

Bruce, Steve, Dave, Nicko, Jannick et Adrian débaroulent sur la scène transformée en banquise, aux couleurs de Seventh Son Of A Seventh Son. Ils sont là, tous les six, sous un tonnerre de hurlements et d’applaudissements. C’est trop d’émotion (si si !) pour moi, je me laisse aller, saute partout avec une banane comme ça. Car IRON MAIDEN est parmi nous, avec nous, pour nous, grâce à nous.

Pas le temps de laisser retomber la pression, pas le temps des discours et des remerciements. Pas encore. La triplette qui tue : « Can I Play With Madness ? », « The Prisoner » et « 2 Minutes To Midnight ». Ressortant du vieux matériel des premiers albums, « The Prisoner » en particulier fait mouche auprès du public, car ça faisait bien depuis 98 que le morceau n’était qu’exceptionnellement joué sur scène.

Juste après l’orgasme auditif et collectif atteint par « 2 Minutes To Midnight » (même si la version Amnévillienne du « Scream For Me ! » a un peu moins de gueule que le « Scream For Me Long Beach, Los Angeles ! » du Live After Death), Bruce, armé de son charisme infatigable prend le temps de dire quelques mots dans un français plus que correct, ce qui ne manquera pas de faire plaisir à un public déjà aplati par cette avalanche de pure folie. C’est avec un grand sourire aux lèvres qu’il dira également « nous sommes six rosbifs sur la scène ce soir »… Ouais mon gars, t’as tout compris à l’humour de chez nous !

Fouillant à nouveau dans la discographie des années 90, le groupe nous balance le très bon « Afraid To Shoot Strangers »… Avant d’enchainer sur le démentiel « The Trooper », qui m’a donné une preuve que la folie était bien de ce monde. Ça galope, ça cavale… Quelle énergie, quelle classe, malgré une moyenne d’âge de 65 balais.

Le vrai grand moment de ce concert déjà fantastique, ça a bien sur été l’inévitable « The Number Of The Beast », classique parmi les classiques, et sa diabolique intro…

Woe to you to earth and sea
For the devil sends the beast with wrath
Because he knows that time is short
Let him who hath understanding recon the number of the beast
For it is a human number
It's number is six hundred and sixty six


Entrée en scène plus théâtrale que jamais d’un Eddie qu’on souhaite ne jamais voir disparaître, tant ce qu’il apporte au mythe Maiden est important. Notre Jannick en profite pour faire voler sa guitare au dessus de lui et se trémousser en sautillant tout seul dans un coin de la scène (mais au bout d’un moment, il sert vraiment à quelque chose ce mec ou pas ?) et l’invincible Steve Harris, seul membre originel de la formation, headbangue comme un dingue. C’est avec grand plaisir qu’on voit le poulpe Nicko tout sourire derrière ses fûts depuis les écrans géants.

Mon moment de recueillement a été « Wasted Years ». Bon sang, la première fois que du IRON MAIDEN est parvenu jusqu’à mes oreilles, c’était avec ce titre là ! Il faut croire que la période Somewhere In Time devrait être un peu plus exploitée à l’avenir par le groupe, car le public a vraiment été réceptif à l’initiative du groupe de placer ce morceau génial, qui se fait de plus en plus rare dans les setlists.

Est-ce nécessaire de vous décrire la prestation belle à en pleurer que le public et le groupe ont donné ensemble sur « Fear Of The Dark » ? On a bien cru partir ailleurs… A moins que ce ne soit un effet de ces magnifiques lumières bleutées ou des drôles de cigarettes qui tournent un peu partout autour de nous. Alors que le dernier accord du traditionnel « Iron Maiden » vient d’être plaqué, les trois gratteux lancent des médiators à poignées, Nicko jette ses baguettes, Bruce remercie le public d’être venu. Mais personne n’est dupe.

C’est alors que le public d’Amnéville s’apprête à vivre un rappel absolument fantastique : « Aces High », « The Evil That Men Do », et « Running Free », comme à son habitude rallongé pour que Bruce puisse présenter le groupe. C’est sur ce titre d’anthologie que les 55 000 personnes présentes ce soir n’auraient jamais voulu voir se terminer, single de leur tout premier album, que le concert s’achève…

Le tableau est légèrement assombri par l’absence de « Hallowed Be Thy Name », mais qu’importe : la setlist était équilibrée et judicieuse, le son était parfait, la présence scénique était magistrale… Mais tout simplement, c’était un concert d’IRON MAIDEN, tout ce qu’il y’a de plus banal, certes, mais émotionnellement, c’est quand même bien plus fort et puissant que de fantasmer comme je le fais depuis des années sur des DVD et des vidéos de concerts. Et rien ne ressemble plus à un concert d’IRON MAIDEN qu’un autre concert d’IRON MAIDEN, pour le plaisir d’un Sonisphère aux anges.

Parce que j’ai vu un fan pleurer quand le groupe a joué « Phantom Of The Opera ». Parce que malgré les années, les décennies, ils sont toujours là pour nous faire vibrer. Parce que même si l’épopée MAIDEN a connu ses hauts et ses bas, ils sont toujours là, plus soudés que jamais.

Parce que c’était IRON MAIDEN. Et que nous n’oublierons jamais ces deux heures, qui risquent d’hanter mes rêves encore un bon moment. Il est juste temps de faire son sign of the cross, et de s’endormir avec des étoiles pleins les yeux. Up the Irons ! (10/10)

AIRBOURNE :
Drôle d’idée de faire jouer la tête d’affiche juste avant les Australiens déjantés d’AIRBOURNE… Mais qu’importe ! Il nous reste encore assez de jus pour aller s’achever devant la Saturn Stage. Fort d’une réputation de groupe de scène, j’attendais avec exigence la bande des frères O’Keefe.

No regrets.

Le groupe vient de sortir son troisième album, Black Dog Barking. C’est donc sur les chœurs de « Ready To Rock » que le groupe arrive sur scène… Et à part NAPALM DEATH, je ne connais pas un seul groupe capable de mettre un tel bordel dans le pit en moins de 10 secondes. Car oui, en moins de 10 secondes, le public était devenu fou, taré, hystérique! Les déjà-hymnes des héritiers assumés d’AC/DC touchent tous dans le mille : « Raise The Flag », « Back In The Game », « Chewin The Fat », « Live It Up »,… Ma tête est juste à côté des caissons de basse, mon tympan droit me donne l’impression qu’il va éclater, mais fuck off ! C’est le dernier concert du week-end, et je veux en profiter à fond, me prendre de la bière que Joël s’éclate à la canette sur le crane et imprimer tout ça le mieux possible, de la façon la plus indélébile. De tous côtés, les mecs comme les filles se laissent aller à l’ivresse de bonheur du slam et hurlent à s’en faire saigner le sphincter. Initiative plus que félicitée, l’ami Joël se pointe sur scène avec sa bouteille de rougeau avant de lâcher un « Vive la France ! » du plus bel effet… Avant de s’enfiler la moitié de la bouteille cul sec. Cela va de soi.

Un dernier « Stand Up For Rock N’ Roll » pour la route, balancé avec une fougue et un patate sans noms… Et ça y’est. C’est fini. Du moins pour les décibels…

Sans blague, un des cinq meilleurs groupes live du monde ! (9/10)

Le bilan est bien évidemment plus que positif. Il faudra juste veiller à régler ces sérieux problèmes d’organisation, qui laissent vraiment à désirer. Mais c’est avec les souvenirs de ces concerts, de ces amitiés qui se sont crées, de ces coups bus avec nos voisins Italiens et Britanniques, et de cette ambiance géniale que tout le monde quitte sans cacher une certaine tristesse le Snowhall d’Amnéville.

Le Sonisphère français troisième édition ferme ses portes, déjà. Et il a été mémorable.


Ajouté :  Lundi 17 Juin 2013
Live Reporteur :  Hizia
Score :
Lien en relation:  Sonisphere website
Hits: 16515
  
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