En dix-sept ans d’une carrière pour le moins tumultueuse et jalonnée à la fois de triomphes et d’étapes plus obscures, ce groupe de norvégiens originaires de la ville de Bergen, les indétrônables IMMORTAL, quoi qu’on dise, se seront établis comme l’un des plus éminents et des plus majestueux piliers du Black Metal mondial, à l’instar de leurs compatriotes de SATYRICON ou EMPEROR.
Et leur dernier membre fondateur en activité, l’indéboulonnable et charismatique Abbath (guitares, chant) en est la preuve vivante de la longévité et de l’ardeur de ce combo, même si ce septième album au nom évocateur de Sons of Northern Darkness devait clore définitivement le chapitre IMMORTAL alors que des rumeurs de retour sur le devant de la scène circulent de nouveau. Musicalement et contractuellement, ce septième opus du trio nordique marquait également une nette mutation car d’une part, il s'agissait de leur premier disque en faveur de leur nouveau label teuton Nuclear Blast, postérieurement à neuf années de bons et loyaux services passés chez les français d’Osmose Productions. D’autre part, celui-ci annonçait aussi une évolution sonore et artistique distincte. En effet, qu’il est lointain le temps des productions primaires des Pure Holocaust et autre Diabolical Fullmoon Mysticism du début des années 90 ! Ce dernier opus incarne pour sa part le retour de la stabilité et une assurance rythmique retrouvée pour le groupe, avec un style un tantinet plus extrême et froid que son prédécesseur Damned in Black. On retrouve en plus la magie nordique et glaciale que l’on pouvait percevoir sur l’extraordinaire At The Heart of Winter. On en déduit que cette ultime apparition discographique est une mosaïque de ce que IMMORTAL sait faire de mieux : un Heavy Black Metal tranchant, menaçant et agressif. Huit pistes du tonnerre pour mieux mesurer la puissance de feu pour ces titres aux ambiances marbrées période pré glaciation. Pour la der des der, Abbath et sa horde aux corpsepaints agressifs nous submergent d’un déluge de riffs pesants, froids et fermes.
Et que cela soit à travers les morceaux surpuissants tels que la martiale «One by One», la malsaine «Within The Dark Mind» et le morceau phare de l’album, «Sons of Northern Darkness», une déferlante exceptionnelle de riffs dévastateurs ou bien dans à travers des rythmiques plus posées (c’est du posé façon IMMORTAL !) à l’image de la lenteur grandiose contenue dans «Tyrants» ou bien avec «In My Kingdom Cold», IMMORTAL tient encore et toujours la dragée haute.
Enregistré et produit par leur ami Peter Tagtgren dans son antre de l’Abyss Studio, IMMORTAL profite d’un son tout simplement phénoménal et transparent, ce qui rend honneur aux riffs féroces du professeur Abbath et aux tambourinages précis et monumentaux de la bête Horgh. Du grand art ! Un dernier opus pour une sortie par la grande Porte. IMMORTAL délivrait là, il y a six ans déjà, un album de feu et de glace que l’on peut considérer à postériori comme l’un de leurs meilleurs travaux. Si le groupe était déjà entré dans la légende, il confirme avec Sons of Northern Darkness son statut de Prince du Black Metal Norvégien.