Beaucoup diront qu'il n'y a rien de novateur dans la formule proposée par OLEANDER. C'est un groupe Rock aux accents Grunge, même si cette époque est révolue, et forcément ce parfum de déjà-entendu n'est pas illusoire. En combinant rythmiques plombées et riffs dépouillés, le combo s'en sort plutôt bien. Malheureusement, "Joyride" n'échappe pas à la règle. S'il permet aux jeunes auditeurs de vibrer, il ne convainc pas le nostalgique des années 90 de l'utilité de son achat tant les titres manquent d'originalité et de frénésie. Et ça sent le réchauffé à grandes narines déployées.

On peut y déceler quelques infinitésimales particules de SOUNDGARDEN dans certaines constructions cornelliennes ("Fountain & Vine"), d'ALICE IN CHAINS sur des riffs et des orientations vocales caractéristiques ("30 60 90", "Off & On", "King Of Good Intentions"), sans omettre la pincée mélodique FOO FIGHTERS qui fait que l'on a le sentiment de s'éloigner tout de même par moment d'un univers pleurnichard ambiant. En tentant donc de réengager le wagon, plus ou moins délaissé, sur les rails d'un courant néo-grunge ou de le prendre en route comme SILVERCHAIR a pu le faire avant de faner dans l'anonymat, OLEANDER ne peut indéfiniment puiser sa force dans une source quasiment tarie.

A l'arrivée, on se dit que finalement on a passé un bon moment, ressassant des souvenirs tombés dans les oubliettes du temps et ressurgis d'un coup d'un seul, car tout est bien en place. Le groupe s'appuie avant tout sur de solides mélodies susurrées entre atmosphères tendues et chansons plus légères ("Runaway Train"). A chacun d'aller chercher au plus profond de soi les raisons qui vont stimuler l'envie de réécouter ce disque. Le déclic se situe peut-être dans les paramètres de la voix. Et quand bien même le chanteur assure parfaitement son poste, la nature ne l'a pas doté de ce timbre inédit et sensuel (qui a les moyens de faire frémir le moins émotif des catcheurs) comme peut le posséder nos plus fidèles amis Cornell, Staley, Cobain, Vedder, Corgan et j'en passe, tous porte-parole aussi charismatiques les uns que les autres.

Pas vraiment révolutionnaire ni jubilatoire, "Joyride" reste tout de même un disque assez sympatoch'. C'est vrai que l'on reste un peu sur sa faim et soyons honnête, cet album ne change pas la face du monde mais s'apprécie comme une belle curiosité. Il animera sans problème les soirées des nostalgiques du grunge passant comme une lettre à la poste entre deux références du genre.