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ATLANTIS CHRONICLES (FRA) - Antoine Bibert (Mars-2016)


Il y a des groupes qui ont envie une fois de sortir un concept album, pour se frotter à une narration plus romanesque. ATLANTIS CHRONICLES est allé plus loin en créant un concept qui guide toute leur démarche artistique. Le groupe fondé en 2010 sur les cendres de ABYSS sort ce mois-ci son deuxième album. Concept album, Barton's Odyssee met en scène l'ingénieur inventeur du bathyscaphe, témoin privilégié de l'apocalypse qui noie la terre sous les eaux et réduit toute vie à néant. Plus qu'un voyage initiatique, le projet est un prétexte pour s'interroger sur les travers de la civilisation, entre autres.
Bien loin de la grosse farce du Pirate Metal, ATLANTIS CHRONICLES est un combo de Death Metal moderne qui a simplement choisi d'orienter son travail vers les profondeurs marines. Il y avait de quoi titiller notre curiosité, aussi sommes-nous allés à la rencontre d'Antoine Bibert, prolifique frontman et parolier d'ATLANTIS CHRONICLES.

Line-up
: Antoine Bibert (chant), Alexandre Houngbo (guitare), Jérôme Blasquez (guitare), Sydney Taieb (batterie), Simon Chartier (basse)

Discographie : Ten Miles Underwater (2013), Barton's Odyssee (2016)



Metal-Impact. Bonjour Antoine, pour commencer cette interview, peux-tu nous présenter ATLANTIS CHRONICLES ?
Antoine Bibert. ATLANTIS CHRONICLES est un groupe de Death Metal moderne originaire de la région parisienne. La formation a une thématique ancrée autour du monde océanique et des profondeurs aquatiques. En 2005, Alexandre, notre guitariste et Sydney notre batteur avaient fondé une première formation qui s'appelait ABYSS. Ils ont écrit une première démo et un EP. Ils ont ensuite décidé de faire évoluer le projet en terme instrumental et au niveau de l'identité vocale. Ils voulaient quelque chose de nouveau. Ils voulaient aussi creuser un petit peu plus le concept océanique qu'ils avaient déjà esquissé avec ABYSS. Ils ont recruté un chanteur lead. C'est à ce moment que je suis arrivé dans le projet, en 2010. ABYSS évoquait le monde marin, mais d'une façon très large. Et puis il y a plein d'autres projets qui s'appellent comme ça, il y a le film de James Cameron, pour se singulariser un petit peu plus on a changé pour ATLANTIS CHRONICLES. On a sorti un premier album en 2013, signé sur le label italien Coroner Records et on arrive à la sortie du deuxième album qui paraît le 25 mars 2016 sur le label français Apathia Records.

MI. Qu'est-ce que qui vous a amenés à changer de label ?
Antoine. C'est assez simple, Coroner on était plutôt content du travail qu'ils avaient fait pour nous mais entre temps, Alexandre a sympathisé avec Jehan, le label manager de Apathia Records. Le courant est bien passé entre eux et le groupe y a vu l'opportunité d'une collaboration plus humaine. Coroner c'est des italiens qui sont loin de nous géographiquement, avec lesquels on ne peut communiquer que par mail en anglais. Avec Jehan, on bénéficie d'une proximité géographique et linguistique qui facilite les échanges. Les gens d'Apathia prennent énormément soin des artistes avec lesquels ils travaillent et ils sont très concentrés sur le développement. A partir du moment où ça commençait à matcher au niveau humain et au niveau des ambitions professionnelles, on est passé très tranquillement chez eux. Cela ne s'est pas mal fini avec Coroner pour autant. On a gardé le contact, il n'y a pas de souci.

MI. Avez-vous établi une feuille de route de l'histoire que vous avez envie de raconter au fil de vos albums et dont Ten Miles Underwater et Barton's Odyssee constituent les deux premiers chapitres ?
Antoine. D'un album à l'autre, on n'a pas un fil conducteur. On ne sait pas vraiment où on va. Tout ce qu'on sait c'est qu'il n'y a pas de cadre qui nous empêche quoi que ce soit. On nous demande souvent si on ne craint pas de se retrouver enfermés dans ce concept qui finisse par limiter notre créativité. On se sent très libre vis à vis de ça. C'est un univers en soi très riche qui permet énormément de choses. Le titre en français, c'est Les Chroniques de l'Atlantide et l'Atlantide, ça peut être n'importe quoi. Une île, un autre monde qu'on peut imaginer ailleurs. On peut aussi le visualiser d'un point de vue complètement métaphorique et faire des récits allégoriques en les transposant dans d'autres cadres et raconter d'autres choses. Donc on ne trouve pas que ça soit un cadre qui nous contraint et c'est pour ça que rien n'est établi à l'avance. On sait que le monde est très riche, on peut en ressortir beaucoup de choses et en même temps, en prenant cette thématique là, on peut s'ouvrir plein de portes pour aborder d'autres thèmes de fonds qui ne sont pas en rapport direct avec ce monde abyssal. Cela pourrait très bien fonctionner avec un autre monde.

MI. Comment ce choix d'une thématique marine joue sur ton travail d'écriture ?
Antoine. J'ai besoin d'un contexte pour écrire quelque chose, faire fonctionner mon imagination, mais ça pourrait être autre chose que le monde aquatique. J'y trouve un intérêt parce que le monde aquatique est quelque chose de fascinant dans la mesure où c'est un monde sur lequel on manque énormément d'informations. On est capables d'installer un télescope en orbite, de regarder très loin dans l'univers, d'envoyer des sondes sur Philae, des robots sur Mars. On commence à voir très très loin et finalement, juste à côté de chez nous, en revenant vers le centre de la Terre, il y a beaucoup de choses qui nous empêchent d'aller explorer les fonds marins de façon complète. C'est un univers qui génère énormément de fantasmes, de mythes et de légendes. C'est très plaisant, très stimulant, très riche de prendre ce background et d'écrire une bande originale autour de ça. Et puis il y a une autre chose qui compte énormément pour moi, c'est que le fait de redescendre vers le centre de la Terre a un côté introspectif qui est très en prise avec les thèmes qu'on aborde à travers les récits qu'on va broder sur nos albums. Notamment des thèmes en rapport avec la nature humaine et la civilisation moderne. Tout cela se complète très bien au final.

MI. Est-ce que tu parviens à insuffler des thèmes personnels dans les chansons, ou bien t'en tiens-tu scrupuleusement à la trame narrative ?
Antoine. L'un n'empêche pas l'autre. Le groupe me laisse carte blanche pour l'écriture des lyrics et de l'histoire. Je me tiens au fait d'élaborer une trame solide qui doit se dérouler d'une façon cohérente avec le fil rouge qu'on suit. Il y a des cadres qui sont posés par l'histoire mais ça ne m'empêche pas du tout d'insuffler des choses qui me tiennent à coeur. Il y a tout un pan de littérature qui me nourrit et qui tourne autour du conditionnement de l'être humain, du prédéterminisme, du prédispositionalisme. Et une des thématiques de fonds qu'il y a sur cet album, en rapport avec la nature humaine et la civilisation moderne, c'est le fait de se libérer du connu. D'où ce rapport avec l'apocalypse, la mort, mais qu'on colle systématiquement à une notion de renaissance. C'est une vision optimiste de la mort, ce qui est presque un oxymore en soi. C'est pas évident, une fois qu'on l'a décidé, de parler de la mort d'une façon optimiste. Moi je n'y arrive pas, je ne prends que des mouvements de pensée qui ont été faits par des auteurs bien plus cultivés et bien plus intelligents que moi. Mais ces choses trouvent des échos en moi et me touchent intimement. Je pense au conditionnement des gens, aux rapports qu'ils ont à la destruction et à la mort. Je me demande si demain il y avait la chance de pouvoir repartir à zéro, est-ce qu'on serait capable de se délester d'un certain nombre de choses qui semblent ne pas fonctionner aujourd'hui. Je trouve que c'est intéressant de se poser la question. Donc la trame de l'histoire ne m'empêche pas d'insuffler ce type de sujets qui me paraissent un petit peu plus profonds et plus intéressants. Dans le Metal où on hurle les choses, où tout est à fleur de peau, les émotions sont exprimées de façon violente et parfois très primaire. Je préfère le faire avec des formules ou des aphorismes qui vont taper dans ces sujets là plutôt que raconter réellement le voyage d'une personne sous l'eau. C'est intéressant pour l'ambiance mais en soi, il n'y a rien de passionnant à raconter. Comme c'est pas visuel, ça devient très limité au niveau des lyrics. C'est pour ça que pour le premier je suis allé sur les émotions du personnage, mais je voulais aller vers autre chose pour le deuxième et étendre le champ à la nature humaine et la civilisation moderne.

MI. Est-ce plus compliqué d'écrire des lyrics personnels ou de suivre une trame narrative ?
Antoine. C'est plus difficile de suivre la trame car il y a des fois où j'aimerais ne parler que des sujets qui m'intéressent mais je pense que ça serait prise de tête au final. Suivre la trame me force à mieux réfléchir mes lyrics qui doivent intégrer le scénario : Qu'est-ce qui est en train de se passer pour Otis Barton dans cet album ? On parle de l'apocalypse, mais comment ça se passe concrètement, la montée des eaux qui submerge les terres… Du coup, ça entremêlé au sujet de fonds, ça rend les choses plus cool et ça m'a forcé à établir des punchline plus réfléchies qui permettent de faire de belles figures de style, des métaphores assez jolies pour évoquer ces points qui sont cruciaux dans le scénario et qui sont plus de l'ordre de la description que des sujets de fonds. Et d'ailleurs je tiens à ajouter que les lyrics, je ne suis pas tout seul dessus, je travaille beaucoup sur le fonds mais dans la mise en forme je peux manquer d'outil pour que ça claque vraiment en anglais et donc je finalise le travail avec un pote à moi qui s'appelle Guillaume Destot, qui est frontman d'un groupe d'Electro Pop qui s'appelle VIM CORTEZ. Il m'est d'une aide précieuse car il est très talentueux dans le domaine et en plus il a dix fois mon level en anglais.

MI. Est-ce que tu écris les paroles directement en anglais ?
Antoine. Oui, j'essaye d'avoir une mécanique d'écriture anglaise et le travail avec Guillaume Destot m'a aidé. J'ai découvert qu'il y a un certain nombre de choses à respecter et que ce n'est pas du tout la même façon d'écrire qu'en français. Du coup j'active direct le mécanisme anglais pour évoquer mes idées et exprimer ce que j'ai à exprimer. Chez nous, on a mille mots pour dire un truc et être vraiment très précis dans ce qu'on veut dire alors qu'en anglais, les mots évoquent des sommes d'idées et je trouve ça presque plus facile de pouvoir évoquer une pensée large avec l'anglais plutôt qu'en français où on va plutôt taper dans la belle figure de style pour que ça sonne bien. L'anglais, je trouve ça beaucoup plus musical à l'oreille.

MI. Comment se découpe le travail de construction des chansons entre la musique, les mélodies et les paroles ?
Antoine. Il y a un système unique qui nous convient bien. C'est Alex qui fait le squelette de tous les morceaux. Là-dessus, Sydney a une place prépondérante dans la construction. Il insuffle la rythmique, il inspirer les riffs de guitare et ce genre de chose. Ensuite, tous les autres membres vont rajouter leur grain de sel. La discussion prime vraiment au sein d'ATLANTIS, mais on tisse notre partie sur les fondations construites par Sydney et Alex. On va mettre un coup de peinture par là, changer la moquette par ici et ça fonctionne comme ça. Sur les lyrics et la thématique, je peux insuffler pas mal de choses personnelles, du moment que ça plaît au groupe et que ça parle aux gars, c'est bon.

MI. Sur cet album, tu inaugures une méthode de chant que tu appelles le chant corsé, en quoi ça consiste ?
Antoine. Pour l'instant, ça reste timide, mais c'est le fait d'insérer une modulation mélodique dans le chant Metal. On a un chant saturé, crié avec de la disto dans la voix et moi j'apprécie énormément que des chanteurs comme Devin Townsend ou Jo Duplantier de GOJIRA arrivent à complètement moduler leur voix pour insuffler des notes qu'on entend très distinctement dans leur chant. Ils sont capables de créer des mélodies en hurlant et je trouve que ça a une puissance démentielle et sans me comparer à eux car ils sont à des milliers d'années lumière, j'essaye de rendre le chant un peu plus mélodiques tout en utilisant cette technique traditionnelle de chant Metal.

MI. Sur l'album, vous faite intervenir un narrateur qui incarne le personnage d'Otis Barton, vous utilisez des bruitages pour accroître l'immersion... Comment allez-vous reproduire ce background en live ?
Antoine. On a envie que le concept transpire en live. On veut que le CD soit le plus immersif possible à l'écoute, au niveau du visuel, du toucher, si le mec ouvre le livret, lit les paroles. Et on a vraiment le désir de retranscrire ça en live le plus possible. Cela passe par les décors de scène, la lumière, mais aussi par ces ambiances entre les morceaux, des choses qu'on a pu faire sur l'album, qui sont censées immerger l'auditeur dans une certaine atmosphère qu'on veut réutiliser sur le live. On l'avait déjà fait sur le premier album, on voudrait le faire encore plus, et même si on avait encore plus de moyens, on ferait encore d'autres choses pour rendre le show encore plus immersif par rapport à l'univers qu'on propose.

MI. Comment est-ce que vous allez construire la setlist de votre nouvelle tournée ?
Antoine. On essaye de construire la setlist en ne paumant pas trop les gens dès le début, en les mettant en terrain connu. Et après leur avoir proposé une bonne dose de choses connues, on va commencer à ouvrir sur de nouvelles choses. Les gens sont un peu plus interpellés parce qu'on pratique une musique qui s'écoute et se regarde beaucoup en live. On essaye de mélanger les morceaux du premier album, les morceaux du deuxième qu'on a mis en avant pour la promotion et ceux qui seront moins connus car il faudra que le public écoute le disque pour les reconnaître et s'y habituer. On essaye de trouver l'équilibre pour que nous on y trouve du plaisir et que le public s'y retrouve aussi.

MI. Est-ce que vous respectez la chronologie des albums dans la setlist ?
Antoine. Pas du tout, on mélange les deux, on ne joue pas tout du deuxième album, on reprend des morceaux du premier que le public aimait bien, on ne veut pas tout sacrifier non plus. Ce qui limite bien sûr le choix des chansons du deuxième album. Le mélange se fait en fonction des sonorités, des rythmiques, des BPM aussi, on voit ce qui nous parait le plus harmonieux à l'écoute.

MI. Durant votre dernière tournée vous avez joué au Japon, quels souvenirs gardes-tu de cette tournée ?
Antoine. C'était un peu le rêve de pouvoir aller au Japon, grosses influences qui émanent de là-bas, surtout pour notre guitariste, Alexandre. On n'aurait jamais pensé que c'était possible, et c'est tombé. On a fait 7 ou 8 dates avec VOMITORY et BEYOND CREATION. On joué à Hiroshima, Tokyo, Osaka et des villes un peu moins connues, je n'ai pas trop retenu sur le coup.

MI. Vous ressentez un écueil avec la langue par rapport à des pays qui comprennent ce que vous chantez ?
Antoine. Au niveau du chant c'est pas grave, ils sont à fonds dedans, très dévoués à ce qu'ils écoutent, le budget divertissement, le fait de se déplacer, d'aller supporter les groupes, de s'intéresser à ce que raconte le groupe, quoiqu'il arrive ça connecte. Par contre, c'était au quotidien. Quand tu vas dans les pays de l'Est, personne ne parle bien anglais, nous compris. Il y a des fautes partout, des accents terribles, mais tout le monde se comprend... Même dans les pays de l'Est ça parle plutôt bien anglais. Par contre au Japon ça a été terrible pour se faire comprendre. C'était marrant aussi. Il y a un dépaysement de malade, on se fait saisir par une culture qu'on a jamais vu de sa vie, quand on est habitué à l'occident. Donc ça participait au côté cocasse de certaines situations ou même des mecs qui essayaient de nous dire des choses très simples en anglais, et qu'on ne captait pas, ou qu'on mettait du temps à comprendre. Mais c'est marrant ce que tu dis parce que j'ai jamais ressenti ce décalage là au niveau des shows. Il y a même des mecs qui chantaient les paroles... Ils prenaient ce qu'il y avait.

MI. Dans quel autre pays aimeriez-vous jouer aujourd'hui ?
Antoine. Le fantasme qu'on a pour ce deuxième album c'est d'aller au Canada. Car la scène dans laquelle on évolue est très riche, il y a un public pour ça là-bas.

MI. Vous avez une page Facebook sur laquelle vous communiquez beaucoup, qui s'en occupe en particulier ?
Antoine. C'est notre batteur Sydney qui est très actif dessus, qui prend ça vraiment en charge. Nous on suit tous ce qui se passe mais c'est lui qui fait vivre la chose, qui s'en occupe vraiment bien.

MI. Sur cette page, vous faites beaucoup de références à GOROD, c'est un groupe avec lequel vous avez des affinités particulières ?
Antoine. Complètement. On les a rencontrés, on a joué avec eux, on s'entend vraiment très très bien. Je ne dis pas qu'on est les meilleurs potes du monde parce qu'on ne se connaît pas assez mais quand on se voit, c'est un plaisir d'observer ce qu'ils font. Il y ce petit lien qui se crée avec eux. Et on se sent proches car ils officient dans un style extrême très technique, très mélodique, en France, depuis pas mal de temps, avec une maîtrise terrible. Nous on est les petits nouveaux qui arrivons derrière, qui nous calons un petit peu dans leurs pas quand on a la chance d'ouvrir pour eux. GOROD fait partie de la scène à laquelle on appartient en France, avec BENIGHTED... Ce genre de groupe. On trouve qu'on est plus sur les traces de ces groupes là que d'autres, d'où le rapprochement.

MI. Vous avez fait un gros travail de création autour du CD, avec un livret très immersif, mais vous ne proposez pas d'équivalent en ligne, avec par exemple un site internet, pourquoi ?
Antoine. On oeuvre plus pour le CD parce que c'est l'objet. C'est même de façon très égocentrique ce qui nous fait plaisir. Il y a une démarche de création pour un objet qui va exister physiquement, c'est pour cela qu'on porte notre attention dessus. Sur le numérique en revanche, les choses se font de façon plus simple, le label s'occupe de le distribuer sur les plateformes habituelles et voila. On essaye de compléter l'offre avec une clé USB dans laquelle on met plein de goodies : un morceau bonus, des wallpapers, toutes les tablatures de l'album, le livret. Mais c'est vrai qu'on n'a pas envie de léser ceux qui entre guillemets font l'effort d'acheter le CD. C'est peut-être un tort. Même sans y réfléchir on s'y penche moins. Mais peut-être faudrait-il y réfléchir à l'avenir...

MI. Dans un même ordre d'idée, bien que vous ayez un univers qui se prête bien à la video, vous ne l'exploitez pas dans des clips. Est-ce un choix ou une contrainte ?
Antoine. Le problème est qu'on reste assez limités dans les moyens financiers parce que tout de suite avec nos visuels, même si on a plein d'idées, elles coûteraient excessivement cher et seraient assez difficiles à réaliser. Tout ce qu'on fait en amont, la production de l'album, l'artwork, ça coûte déjà énormément. On produit tout dans le groupe, on n'a personne qui nous aide et ça nous limite dans la production video. Sur le premier album, on n'a sorti qu'un clip bien produit. On a aussi sorti une video pour proposer un peu de contenu de play thru guitar, avec des guest. On a essayé de faire ce qu'on pouvait de mieux là-dessus, c'est pas une démarche de notre part, ça nous est plus imposé par les limites financières qu'on a mais on aimerait vraiment pouvoir profiter d'un autre média graphique pour pouvoir illustrer ce qu'on a.

MI. En 2014, vous avez perdu votre bassiste, Mickaël, comment le groupe a-t-il surmonté son décès ?
Antoine. Je ne suis pas le mieux placé pour en parler car je ne le connaissais pas depuis très longtemps. J'ai passé deux ou trois ans à son contact et au sein du groupe. Mickaël, Jérôme, Alex et Sydney étaient des amis de longue date. Cela dépassait le groupe, ils se sont rencontrés au collège ou au lycée. Il y avait une amitié de très longue date et les origines du groupe étaient construites avec Mickaël. C'est un peu surréaliste, un mec qui a un cancer à 27 ans et se fait emporter en à peine quelques mois. J'avais du mal à y croire, mais chacun fait son deuil personnel au niveau de l'amitié, chacun fait le travail qu'il a à faire là-dessus, en s'entraidant pour affronter la tristesse que ça génère. Et sur le plan de la musique, il y a quelque chose qui te renforce parce que tu te dis que ce mec a fait partie du projet. Il y a laissé sa trace, il y a un témoignage de ce qu'a fait Mickaël sur Terre, en terme de création artistique. Il y a vraiment une trace concrète à un certain niveau. Quelque chose dont on peut être fiers. C'est quelque chose de joli et ça renforce l'envie. Nous ça nous a motivés encore plus pour faire un deuxième album qui en quelque sorte lui rende hommage. Même s'il n'était plus dans le groupe, il y avait cette petite pensée qui traînait au-dessus de nous, de se dire, on va faire un truc qui défonce pour que le mec soit fier, de là où il est. Il adorait cette musique là, je sais qu'il y a des trucs qu'il aurait surkiffé sur cet album. Et voila, on a juste envie de rendre quelque part hommage au gars en produisant quelque chose dont on sait que ça l'aurait fait vibrer.

MI. Pour finir sur une note un peu plus légère, pour un groupe de Death Metal qui parle de la mer, vous n'avez pas beaucoup de tatouage de marins et globalement, vous ne ressemblez pas à l'image qu'on se fait d'un groupe de Death Metal...
Antoine. [Rires] On est un groupe très sobre, on n'est pas des mecs déjantés. On l'assume complètement. J'ai été nourri par des groupes qui n'ont pas le look. J'adore voir des mecs arriver qui ne payent pas de mine, ne représentent pas forcément au niveau du look et qui envoient comme des malades. Ce qui ne veut pas dire que je crache sur l'image. J'ai aussi apprécié des mecs qui avaient des looks de malades et qui envoyaient aussi. Par contre j'aime pas les mecs qui ont des looks de malades et qui envoient rien du tout, ça me fait un peu plus chier. On n'est pas un groupe déjanté ou un groupe de gros durs. On fait ce qu'on a à faire, mais ce qu'on nous dit des concerts c'est qu'il y a beaucoup de passion qui ressort de ce qu'on fait. On est complètement habités, il y a beaucoup de bonne humeur qui émane de la scène et puis il y a des moments de transe aussi, des moments de folie complète, brutale, mais oui, sans le débardeur et les tatouages et tout ça...


Ajouté :  Vendredi 18 Mars 2016
Intervieweur :  Rivax
Lien en relation:  Atlantis Chronicles Website
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