SPOCK'S BEARD (usa) - Le Divan du Monde à Paris (16/09/14)
Groupes Présents au concert : THE SIXXIS (usa), SPOCK'S BEARD (usa)
Date du Concert : mardi 16 septembre 2014
Lieu du Concert : Le Divan du Monde (Paris, France)
Après un an et demi quasiment d’absence des salles de concerts parisiennes, il fallait bien que je fasse mon grand retour. Mais pour ça, pas question d’y aller au pif et de choisir n’importe quoi. Il fallait une sortie d’exception, avec un groupe d’exception…
Et après consultation du calendrier, l’apparence m’apparut comme une lumière aveuglante. Un endroit que j’affectionne tout particulièrement, un groupe hors norme, l’affaire était entendue.
Et me voici donc, en ce mardi ensoleillé poussant les portes du Divan du Monde pour venir acclamer le retour des légendaires SPOCK’S BEARD dans notre capitale, toujours en promotion de leur dernier et fantastique album Brief Nocturnes and Dreamless Sleep…
La soirée s’annonce bon enfant, le public présent fait preuve d’un beau métissage inter générationnel, mais ne soyons pas dupes, tout le monde – moi y compris – est là pour la même chose. Assister à un concert fantastique, déguster une bonne lampée de mélodies magiques jouées par des musiciens extraordinaires, et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous allons être servis.
Mais avant d’attaquer le gros morceau, place au lever de rideau, avec le quintette américain (Atlanta) THE SIXXIS. Considéré comme un ensemble très capable, ils prouvent ce soir que leur statut n’a rien d’usurpé, et que leur présence en première partie des SPOCK’S n’est pas due au hasard. Forts d’un deuxième effort acclamé par la critique et le public, Hollow Shrine, dans lequel ils vont allègrement piocher ce soir – promotion oblige – les américains vont se mettre le public dans la poche grâce à une musique précise, raffinée et une attitude scénique naturelle et joviale.
Si sur le papier, et ce depuis leurs débuts, les SIXXIS sont considérés comme le vecteur d’expression de leur leader Vladdy Iskhakov, on ne peut nier qu’il en va de même sur scène. Aussi expressif que talentueux, Vladdy donne de sa personne pour engluer l’audience dans sa toile mélodique, ne ménage ni ses efforts ni ses interventions, n’hésite pas à prendre une guitare ou à partir en solo au violon, tout en se concentrant sur ses lignes de chant qu’il assure d’une voix puissante et charismatique.
Si je ne suis pas fan de leur musique que je trouve un poil trop « classique » à mon goût, je leur concède ce soir un don particulier pour mettre en place des séquences réellement envoûtantes, spécialement sur les intros, et les passages instrumentaux. Si les influences souvent citées pour décrire leur musique semblent aussi versatiles que pertinentes (RUSH, MUSE, SOUNDGARDEN, SYSTEM OF A DOWN, KINGS X ou ALICE IN CHAINS), je dois reconnaître que leurs harmonies empruntent autant au Rock progressif traditionnel qu’au Metal, à la Pop, ce qui confère à leur set un parfum assez spécial, même si je pense que leurs structures mélodiques sont un peu trop similaires.
Néanmoins – et ce à contrario de quasiment tous les ténors du genre – leur optique de composition basée sur des morceaux courts dynamise leur intervention, et permet de ne pas se lasser bien au contraire.
Outre Vladdy qui survole les débats, signalons le travail impeccable des deux guitaristes, Paul et Cameron, qui savent tous deux manier le riff épais et le solo précis et concis, avec deux attitudes on stage bien différentes (Paul plus dans un créneau Rock, Cameron très posé à la Petrucci), tandis que la rythmique en arrière plan abat un boulot fantastique sans pour autant essayer d’en mettre plein la vue à chaque instant. Un son clair leur permet de mettre leurs morceaux en valeur, et après un set d’une dizaine de morceaux, nous les saluons avec gratitude pour ce bon moment passé en leur compagnie. (8/10)
Petite pause de presque une heure quand même, le temps de ranger le matos et d’effectuer quelques réglages complémentaires, et ce sont les SPOCK’S BEARD qui foulent enfin la scène du Divan (ai je déjà dit à quel point j’aime cette salle ?), l’air goguenard et sûrs de leur coup.
En même temps, a t’on déjà été déçu par un de leurs concerts ? En vieux briscards à qui on ne la fait plus, Dave, Alan, Ryo, Jimmy et Ted connaissent la musique depuis trop longtemps pour se faire avoir, et savent qu’à peine la première note émise, tout le monde est déjà sous le charme.
SPOCK’S sur scène, c’est bien sur l’assurance d’un voyage paisible, sous un ciel constellé de notes choisies avec amour et d’étoiles harmoniques brillantes. Après vingt ans de carrière et une discographie sans tâche, les cinq comparses venaient ce soir prêcher la bonne parole de leur dernier LP sorti l’année dernière, largement représenté au milieu des classiques incontournables. Si la setlist n’a pratiquement pas changé d’un iota depuis le début, elle offre une dynamique intéressante, et trois parties bien distinctes.
Le set commence avec le splendide « Day For Night », de l’album du même nom, et tout est déjà en place. Son limpide et juste assez fort, lumières travaillées et discrètes, et musiciens au top, avec en exergue un Alan Morse hilare et expansif, et un Ryo Okumoto grand sorcier des claviers très investi lui aussi.
Mais les regards convergent tous vers Ted Leonard, maître de cérémonie à la voix puissante et claire, qui dès l’entame donne tout ce qu’il a pour capter une attention qu’il mérite amplement. Et c’est sur un extrait du dernier album, « Hiding Out » qu’il continue sa performance, et la magie opère de plus en plus au point d’occulter tout ce qui nous entoure. Le groupe est manifestement content d’être à Paris, et Ted communique sa joie et plaisante avec le public à chaque transition. Loin d’être un simple concert, une prestation de SB tient plus de la réunion de famille, une famille constituée il y a longtemps, et que même le départ de Neal n’aura pas pu briser, malgré l’importance qu’il y avait.
Les morceaux s’enchaînent sans temps mort, durant trois quarts d’heure, avant que le quintette ne s’offre un premier break, le fameux « Snow Medley » acoustique, qui va nous offrir un intermède de toute beauté, sans pour autant se départir de l’énergie qui anime cette prestation depuis le début. La musique envahit le Divan, l’atmosphère devient plus intime, et l’on touche du doigt la magie d’un groupe parfait, jouant une musique hors du temps, aussi influencé par l’école de Canterbury que par le Hard Rock teinté de Pop de RUSH.
Jimmy vient pour clôturer cet intermède donner de la voix sur le superbe « Carie », avant que la machine ne reparte de plus belle sur un « Submerged » enlevé (issu encore une fois de Brief Nocturnes and Dreamless Sleep, l’impeccable dernier effort studio), et un ensemble qui ne joue plus sur scène devant un public, mais qui nous a depuis longtemps invité dans son monde, où tout n’est qu’harmonie, beauté et couleurs.
« Skeletons at the Feast » et « Waiting for Me » terminent le set d’une façon officielle, avant que le quintette ne revienne pour un dernier au revoir sur le fabuleux « The Healing Colors of Sound » qui plus qu’une chanson, pourrait être le credo d’une carrière entièrement dévouée à la musique.
Avec ce concert, peut être routinier pour eux, mais exceptionnel pour nous, comme d’habitude, les SPOCK’S BEARD ont prouvé quel groupe d’exception ils sont. Certains pensaient que le départ du magicien Neal Morse signait l’arrêt de mort du combo, mais une fois de plus, ils ont prouvé qu’il n’en était rien. Et de fait, ils ont une fois de plus donné la démonstration qu’une somme d’individualités est la plus forte, si tant est que chacune d’entre elle est branchée sur la même longueur d’onde. SPOCK’S, c’est de la vraie musique, pure, honnête, sans chichis. A l’image des musiciens qui la jouent. Alors je me contenterai pour ne pas trop tomber dans l’emphase d’un grand « Merci messieurs » pour ce moment passé avec vous, et puissiez vous continuer à nous enchanter le plus longtemps possible. (9/10)
Setlist SPOCK'S BEARD :
Day for Night
Hiding Out
Harm's Way
Something Very Strange
In the Mouth of Madness
Made Alive / Overture
Devil's Got My Throat
Carie
Submerged
Skeletons at the Feast
Waiting for Me
Rappel :
The Healing Colors of Sound
Ajouté : Samedi 20 Septembre 2014 Live Reporteur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Spock's Beard website Hits: 13362
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