Enfer et DAMNATION ! Que voilà une sympathique horde du nord-est de la France qui déboule la fleur au fusil (ou presque) avec un premier méfait répondant au doux nom de Path To Hell. De prime abord, le travail visuel est tout ce qu’il y’a de plus honnête, dans des tons automnaux rappelant comme par hasard, l’oscillation des flammes du Malin. Cet artwork de qualité renfermerait-il plus qu’une simple démo de petits lorrains en quête de reconnaissance ? Pour le savoir, empruntons dès à présent ce chemin vers l’enfer, en espérant que ses sentiers ne soient pas encore battus.
« Prelude » est, comme son nom le laisse envisager, un prélude angoissant où des sermons et susurrements en latin accompagnent une musique d’atmosphère pesante, tout droit sortie des catacombes d’une abbaye fantôme. Il fait froid et le malaise devient palpable au moment où Pat (chant) lance ses premières offensives. « Dominus… Spiritus… Satanas », trois mots qui résonnent comme le blasphème d’un damné. On serait presque choqué avant d’être impressionné d’un pareil talent vocal. Il est désormais clair que les parties lied figureront dans la rubrique « points forts » au moment de peser le pour et le contre de ce disque. Le morceau, quant à lui, est violent, dans une veine d’un grand Black accommodé de nappes de claviers malignes. Sur « Robber Of Dream », c’est plutôt les guitaristes qui sont au premier plan, avec un jeu tranchant et un riff lourd, hélas trop peu mis en valeur par la qualité de l’autoproduction qui n’autorise que très rarement de la clarté. Cette plage propose également un refrain très mélodique où l’on retrouve une ambiance façon CRADLE OF FILTH, période Nymphetamine. Le titre éponyme est peut-être le plus sombre de l’ensemble avec une antienne pessimiste et une fois encore, un usage intéressant du keyboard. Autre très belle surprise du palet, DAMNATION n’a pas oublié que la gent féminine valait son pesant de cacahuètes au moment d’aérer un peu la ligne de chant. Nous avons ainsi le plaisir de découvrir des vocaux féminins en complément de Pat sur « Possession ». Un duo qui n’est pas sans rappeler le travail fourni par Sarah Jezebel avec la bande à Dani Filth. Difficile de revenir à son maximum après s’être ainsi évadé l’espace d’une complainte. La conclusion, « Damnation » est plus en dedans par rapport au reste et c’est elle qui m’a interpelée sur une brève sensation de déjà entendu chez eux. A surveiller.
A la croisée des chemins entre la classe d’un CRADLE et l’esprit authentique d’un FALL OV SERAFIM, ce groupe sorti des entrailles de la Lorraine est parvenu pour son premier essai à produire quelque chose d’assez personnel et intelligent. Probablement entraînée depuis six pieds sous terre par Satanas lui-même (et son ami Diabolo), DAMNATION est à suivre de très près. D’ailleurs ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions ?