Après le phénomène AIRBOURNE, tout groupe qui joue sur un rythme binaire et balance des riffs dignes des frères Young se voit automatiquement comparé à AC/DC.
C'est le cas, à tort, de BULLET.
A la décharge de n'importe quel auditeur qui insère Bite The Bullet dans son mange-disque, admettons quand même que le début du disque prête à confusion. Tout démarre avec un "Pay The Price" et sa ligne de basse qui sonne exactement comme les premières mesures du "Live Wire" de notre combo australien préféré. Puis des accords de guitares bien vintages, qu'on jurerait plaqués par Angus et Malcolm, débarquent avant de laisser place à la voix éraillée de Hell Hofer, à mi chemin entre celles de Brian Johnson et Udo Dirkschneider (mais avec plus de coffre, ce qui est quand même assez distinctif pour être signalé). Et puis ces "hey you" repris en choeurs, combien de fois les a-t-on déjà entendus chez AC/DC ?!!!
Alors forcément, d'entrée, si on ne creuse pas un peu plus, on va avoir tendance à se dire : "putain encore un clône !!!!" (Note : je précise quand même que AIRBOURNE est un clone excellent !!!).
Mais soudain, "Roadking" balance la sauce et doucement, tout doucement, des petites rythmiques étouffées mêlant Blues et Heavy Metal font glisser BULLET vers un autre terrain connu : celui de JUDAS PRIEST, notamment à ses débuts (Killing Machine et Stained Class en tête).
Voilà deux guitaristes, Hampus Klang et Erik Almström qui connaissent sur le bout des doigts le manuel du riff carré et parfait ...
Quelque part, quand on sait que JUDAS PRIEST a énormément influencé le Metal allemand, il n'y a rien d'étonnant à soupçonner des similitudes avec ACCEPT ou WARLOCK, que ce soit à un rythme haletant ("Nailed To The Ground"), ou sur un titre moins rapide mais tout aussi puissant ("Waste My Time"). Souvenez-vous, en 1980, ACCEPT chantait "I'm A Rebel" : c'est un véritable hommage qu'interprète BULLET avec "The Rebels Return" (les parties de gratte évoquent toutefois un "Princess Of The Dawn" revisité).
Si en plus je vous parle d'un excellent "Rock Us Tonight" qui sonne comme un boeuf gigantesque entre SAXON, THIN LIZZY (aaah les twin guitars, habilement réparties tout au long d'un disque !!) et la bande à Wolf Hoffmann, alors là ... sans compter que BULLET enchaîne avec le Priestien "Wheels Keep On Turning" (période Point Of Entry ... et oui !) qui ne peut que séduire votre serviteur. Sympa aussi, la petite allusion à "The Hellion" sur l'intro nommée "City Of Sins".
Au bout du compte, Bite The Bullet fera le bonheur de ses détracteurs : tout y est clichesque, du titre de l'album à ceux des chansons, en passant par la pochette et le look des musicos. Mais on s'en fout car cet opus est carrément bon ! Voilà typiquement le genre d'album qui n'apporte rien, mais alors absolument rien au Metal, et qui pourtant vous procurera un pied monstrueux !!!!