La Genèse selon CANNIBAL CORPSE, chapitre un ; verset huit.
- Et CANNIBAL CORPSE sentit ses sujets fatigués et vides dans leur existence monotone. Leur vie n’était qu’un éternel recommencement, un immense rouage qui peinant à rouiller. Alors il décida de causer sa chute. Il fit tomber un profond sommeil sur une de ses créations, prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Il forma une femme de la côte qu'il avait prise de l'homme et les firent se rencontrer. L’homme expliqua à la femme le fonctionnement de sa vie, il eut l’idée lui mettre un coup de machette pour avoir sa ration de protéine puis se ravisa. Elle le suivait comme une ombre dans tous ses déplacements. Puis elle remarqua un jardin où l’herbe était d’un vert-gris inquiétant. Tous les troncs se décomposaient, tous les fruits pourrissaient sauf un. Celui de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Curieuse, elle se détacha un instant de l’homme et s’en approcha.
De ce passage, les ricains auraient sans doute dû s’inspirer lorsqu’ils se sont attelés à la composition de leur huitième brûlot, Gore Obsessed. Seul un évènement qui bouleverse le quotidien aurait été susceptible de sauver CANNIBAL CORPSE du déclin enclenché depuis Vile. Au lieu de ça…
Eh bien au lieu de ça, nos amis les gorets se font prendre à leur propre piège. A trop vouloir exagérer et accentuer son penchant sordide et sanglant, n’en devient t’on pas grotesques ? C’est en tout cas ce que semble indiquer Gore Obsessed (comme si on ne le savait pas déjà…). Les cannibales s’engluent dans un gore bon marché sans réel fondement. Une tendance établie depuis Gallery Of Suicide, tant sur le plan visuel que musical. Bien qu’une once de vengeance semble décelable pour l’artwork, on repassera pour le contenu du disque. A l’est, à l’ouest, où vous voulez… rien de nouveau à l’horizon. On prend les mêmes et on recommence, ad vitam aeternam, amen ! CANNIBAL CORPSE a décidément beaucoup de mal à puiser dans ses ressources de macchabé pour nous offrir de l’innovation. Pile au moment où on ne demande que ça. « Hatchet To The Head », « Drowning In Viscera », « Sanded Faceless », autant de pistes qui sont un véritable ersatz de Brutal Death Metal. Pour un peu de fraîcheur, il faut davantage s’orienter vers des compositions qui contiennent une cassure rythmique comme la très groovy « Compelled To Lacerate », la lancinante « Hung And Bled » où l’énorme « Dormant Bodies Bursting » sur laquelle Corpsegrinder tente de s’essayer aux vocaux Deathcore. Bilan mitigé même si sa prestation s’en retrouve pour le moins aérée. Autre partition à mi-cheval entre la figue et le raisin, celle de Paul Mazurkiewicz. Si le frappeur fou cadence toujours aussi proprement le mouvement, on pourrait le laisser signer pour vingt autres disques qu’il ne changerait pas sa manière de jouer le bougre. Autrement dit, ce n’est toujours pas du côté de la batterie qu’il faut venir fouiner pour trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Alex Webster pour sa part est porté disparu. Si quelqu’un a des nouvelles, merci de contacter le webmaster de Metal-Impact qui se chargera de transmettre l’information à Metal Blade Records.
Quelques efforts ont été consentis mais dans l’ensemble, CANNIBAL CORPSE reste désespérément collé à ses propres basques. Ils sont depuis trop longtemps prisonniers d’un fossé de sables mouvants qu’ils ont eux-mêmes construit. Et personne pour leur passer la corde… Ne serait-ce pas annonciateur d’une triste fin ?


Discographie Complète de CANNIBAL CORPSE : Eaten Back To Life (Album - 1990), Butchered At Birth (Album - 1991), Tomb Of The Mutilated (Album - 1992), The Bleeding (Album - 1994), Vile (Album - 1996), Gallery Of Suicide (Album - 1998), Bloodthirst (Album - 1999), Gore Obsessed (Album - 2002), The Wretched Spawn (Album - 2004), Kill (Album - 2006), Evisceration Plague (Album - 2009), Torture (Album - 2012)