« Halte au feu ; les balles sont creuses ! Et surtout, bordel, arrêtez de tirer les mecs, vous voyez pas qu’il est mort ? Les soixante-dix orifices que vous venez de lui ouvrir et par lesquels s’échappent des litres et des litres de sang ne vous suffisent pas ? ». Ils sont comme ça chez HECTIC PATTERNS. Ils en veulent plus, toujours plus. Plus de Death, plus de sang, plus de morts et plus de bruit ! Ceci étant, Random en fait déjà assez. Pourtant, c’est à partir d’un Metal qui est, comme le titre de l’album ; aléatoire, que les parisiens ont réussi un très beau tour de force de l’année 2008.
Aléatoire pour X raisons. La première se pose en définition : qui varie sans cesse. Tantôt brutal, tantôt technique, tantôt « roots », tantôt « jazzy », tantôt « groovy », leur Death n’a pas le temps de se poser sur une base prédéfinie et multiplie les variations inopinées. Ce manque de cohésion et d’articulation n’est pas sans évoquer les méthodes de travail d’un MESHUGGAH. Le rapprochement reste quand même relatif puisque le combo basé dans le bassin parisien n’a des suédois que l’approche dans l’écriture. Mais il s’appuie surtout sur une doublette de guitaristes (Ludo Buche à la rythmique, François Labrousse à la lead + rythmique) complètement fusionnelle et dont les riffs simplistes ainsi que les solos déjantés découlent probablement de violents spasmes musculaires. Comment expliquer autrement les virages brutaux et déstructurés que prennent les structures des compositions ? La basse tenue par Nico Sanson à également un rôle prépondérant à jouer puisque omniprésente. Et ils ne peuvent que s’en féliciter, tant ce rouage est souvent relégué au troisième plan. Nico fournit ici impulsion et dynamisme. « Random », « Hyperborea », « Macabre Punishment », la liste est plus longue mais l’écoute de ces trois plages suffit à justifier la notion de prise de risque entrevue. Techniquement, c’est très fort, très intelligent et largement supérieur à la moyenne. De plus, HECTIC PATTERNS n’a pas l’air de se prendre très au sérieux. La preuve en est avec une pochette, puérile certes, mais terriblement malicieuse ainsi que des paroles au ras des pâquerettes (celles de « Thailand » sont un orgasme poétique. Extraits : « I love Thailand – […] – 8-year-old prostitute in your bed tonight – […] – We hope that you also got AIDS »). Jubilatoire ! La seule chose qui me chagrine, c’est que quatre des tracks qui composent cet opus sont issues de leur démo de 2005, The Grand Hare Order. Dans le chemin inverse : seules six nouvelles chansons ont été utilisées pour Random depuis trois ans (dont une instrumentale hors-propos façon baba-cool dépressif ; « I’ll Quit Smoking Tomorrow »). Ce qui fait quand même très light dans le décompte final. Un choix qui pourrait passer pour un manque de créativité. Ne me dites pas qu’avec votre fougue et vos capacités, vous n’étiez pas en mesure de faire dans l’inédit intégral.
Quoiqu’il en soit, HECTIC PATTERNS a vidé une belle cartouchière en direction de votre lob occipital. Son Metal effréné et culotté à de quoi faire jaser mais devra subir quelques retouches avant le prochain essai. On attendra bien évidement un second disque encore plus Death, avec encore plus plus de sang, plus de morts et plus de bruit. Headshot ! « Mais arrête de tirer, toi !!! »