Il est de ces disques qui vous marquent à vie, de façon indélébile, tout simplement. Le genre d’album, frisant la perfection, qui ne prend pas une ride cinq ou dix ans après. Juste intemporel. Juste indémodable. Du génie à l’état pur. En 1995, les Texans d’ABSU éditaient l’opus qui restera comme l’aboutissement musical de leur carrière débutée six années plus tôt : The Sun of Tiphareth. Chef d’œuvre de Thrash Black aux senteurs divines celtiques et ésotériques, ce brûlot n’aura pas jouit de la reconnaissance qui lui était due en son temps. ABSU s’articule autour de leur charismatique et félin batteur/chanteur Proscriptor Mc Govern (qui officia également en tant que batteur pour le très bon combo Israélien MELECHESH six ans durant), d’Equitant (guitares, basse, voix) et de Shaftiel (guitares, basse, guitare acoustique, voix). Le trio gagnant de la Grande Epopée de la Saga ABSU. En 1995, suite à la signature chez le label français Osmose Productions, la maison de disques fera connaître ABSU au grand public.
Après des débuts clairement Death sur Barathrum V.I.T.R.I.O.L., aveugle est celui qui ne remarque pas les progrès accomplis par le groupe américain. Comment ne pas remarquer les avancées d’écriture parcourues tant sur le point de la qualité des titres que de l’affirmation identitaire de leur propre style. Une grande part est faite à l’occultisme, aux légendes celtes, mettant ainsi l’accent sur les aspects mythologiques. Un souffle épique habite ainsi cette œuvre. Tout ou presque y est réuni : des structures de titres clairvoyantes, congrues et ensorcelantes, une poésie et un lyrisme convenablement ahurissant avec ses tranches acoustiques au mérite indéniable, une ambiance ravissante, mystique, venue d’ailleurs.
Mais surtout, ces compositions à la construction singulière insistant sur une qualité de rythmiques géniales et inspirées restent pratiquement sans égales. Ajoutant à cela une utilisation avec parcimonie et sobriété de nappes de claviers, les envolées mélodiques oniriques de ces morceaux font de The Sun of Tiphareth un summum et une référence du disque épique, emporté et à la maitrise constante. Techniquement super abouti, faisant passer la complexité des structures pour des rythmiques basiques et simplistes, ABSU réussit le tour de force de réaliser une musique à l’impact ravageur, aux ambiances contrastées, variées et accessibles pour les béotiens que nous sommes. Pauvre de nous. Les pistes de cet opus sont incroyablement mélodieuses riches et finement ciselées. Notons d’emblée le morceau d’ouverture avec un morceau de plus de dix minutes, fallait oser ! ABSU offre également son lot de moments réjouissants et jouissifs comme sur les titres virulents «The Coming of War» et l’impressionnant titre éponyme, des purs climats atmosphériques tels qu’on pourra les apprécier comme dans «A Quest In The 77th Novel» ou l’interlude instrumental «Our Lust For Lunar Plains» vraiment bien trouvés et apportant une vraie dimension héroïque, des passages plus Folk comme sur «Feis Nor Tir'na Nog». D’un point de vue général, le chant éraillé, orageux et hystérique de Proscriptor sied à merveille avec les riffs et l’ambiance guerrière générale de l’opus et participe grandement à l’ambiance secrète et opaque de l’album.
On pourra juste émettre une légère critique concerne une meilleure production de la part du groupe avec un son plus massif aurait permit de consacrer définitivement cette œuvre. ABSU reste un groupe qui aurait mérité une toute autre carrière et plus de considération. Une des pierres angulaires des années 90.