« T’écoutes quoi en ce moment ?
- PENSEES NOCTURNES, un groupe français de DSBM.
- De quoi ?
- Du Depressive Suicidal Black Metal. »
Autant dire qu’il faut s’accrocher ensuite pour convaincre ses proches que l’on est sain d’esprit. De groupe, il s’agit en réalité d’un one-man project, celui de Vaerhon, véritable homme-orchestre du désespoir, car l’écoute de ce Vacuum nous met bien la banane en berne. Et pour la première sortie du label Les Acteurs de l’Ombre et pour un premier album, l’auditeur ne peut être que bluffé par tant de maîtrise et de maturité. Aux instruments de base du Metal, ajoutez clarinette, basson, piano, cor, glockenspiel, violon, violoncelle, célesta… et vous obtenez un album aux multiples arrangements et subtilités, tous dévoués à donner corps à la plus noire des désespérances. Les guitares acoustiques et le piano, en particulier sur « Dés-espoir », sont de toute beauté et profondément organiques : ces déchirures qu’exprime Vaerhon sont intimes mais se projettent sur l’auditeur et le monde… On en viendrait presque à croire que, par une journée ensoleillée, il suffirait de faire entendre les hurlements et les sanglots (« Lune malade ») de Vaerhon pour que l’astre solaire lui-même se couvre d’un linceul et nous plonge dans l’obscurité. Aux sonorités typiques du Black et de la musique classique, viennent s’ajouter des éléments plus atypiques, comme ces longs passages bluesy sur « Coup de bleus ». Et comme si les mélodies poignantes ne suffisaient pas, Vaerhon y ajoute quelques éléments climatiques qui nous évoquent plus un hiver à Tchernobyl qu’un été à Papete ou encore ces corbeaux (« Repas de corbeaux ») qui résonnent à nos oreilles comme une douce réminiscence de NEHËMAH. Vacuum apporte une jolie pierre, un joyau même, à un étrange édifice où règnent en maître souffrance et beauté…