Les pôles d’attraction des uns sont les pôles de rejet des autres. Ainsi, quand je vois un groupe de Metal aux textes politisés et sociaux, je suis attiré, ce qui ne semble pas être le cas de beaucoup de mes confrères. Comme quoi, les goûts et les couleurs… Bref, passons. TASMANIAC sort son nouvel album, Dernière Chance, en cette période de merde générale. Est-ce un hasard ? Peut-être, mais le contenu est totalement d’actualité avec des mentions régulières à un certain nabot qui a un peu trop tendance à se prendre pour le centre du monde. Plus qu’une mention, il a même une chanson pour lui tout seul, « Naboléon ». Malgré tout l’engagement que peut avoir le groupe, ce titre nous montre aussi l’humour dont ils peuvent faire preuve pour véhiculer leur message (la reprise du refrain du générique de L’Agence Tous Risques sur « Stop » m’a beaucoup fait rire). Leur propos traite de liberté d’expression, de messages mensongers et débilitants à travers les medias et la télévision en particulier, du fait qu’en fonction de son groupe (social, ethnique, religieux) les choses ne sont pas les mêmes et on n’a pas les mêmes droits et devoirs, du terrorisme, de la capote… bref, un panel de sujets d’actualité. Certes, les sujets ne sont pas forcément nouveaux, mais faut-il arrêter d’en parler pour autant ? En remettre une couche pour ne pas oublier est toujours une bonne chose. Surtout avec un traitement différent. Engagé, le groupe l’est assurément. Après, on adhère ou pas, mais c’est un autre problème. Le groupe produit une musique radicale à tendance très Hardcore, plutôt en mid tempo mais qui sait s’énerver parfois (« Est-Ce Que Tu Sais »). Cependant, ils font un mélange de saveurs pas dégoûtant. Dub, Reggea, Ragga, Hip Hop, rien ne les arrête, même si c’est plus du saupoudrage que de réels intrusions. Quand le chant se fait Ragga, c’est du tout bon (surtout sur « Safe Blood »). Le flow est bien maîtrisé aussi même si le mix ne permet pas forcément de comprendre tout du premier coup quand les guitares se déchainent en même temps. En tous cas, le groupe semble bien parti pour reprendre le flambeau d’autres groupes dits « engagés ». Et à ceux qui les taxeraient de facilité ou d’opportunisme, je ne pourrais que citer les paroles de SHOUT sur « Phase Critique » :
« Comment est-ce possible qu’en 1996 quand on écrit des textes en essayant d’être réalistes, on nous taxe d’opportunistes, on nous reproche d’écrire pour des adolescents ? Cela veut-il dire que passer dix huit ans tu dois tout accepter en souriant ? Si telle est la devise, l’avenir nous paraît bien sombre »