Ils n’ont aucun lien de parenté et pourtant, Tuomas Holopainen (clavier-compositeur de NIGHTWISH) dit du groupe d’Esa Holopainen : « oui, c’est indéniable, AMORPHIS fut une grosse influence pour moi ». Tuomas évoque sûrement autant la période la plus extrême et atmosphérique d’AMORPHIS, c’est à dire la première, que la tournure plus « Rock » adoptée notamment depuis Tonela (1999). Ce sont surtout la quête permanente de la mélodie et la recherche d’ambiances travaillées que doivent partager ces musiciens. Et puis, de toute façon, en écoutant la magnifique chanson « From The Heaven Of My Heart », comment passer à côté de la marque de fabrique du Metal finlandais ? Une belle mélodie du piano de Santeri Kallio, des rythmiques puissantes, un chanteur (Tomi Joutsen) en état de grâce, le tout mixé à la sauce Gothic Rock : voilà le genre de croisement improbable entre le « Nemo » de qui on sait et le SENTENCED de Ville Laihiala, et qui fait immanquablement mouche.
Résumer Skyforger à ce seul titre équivaut cependant à passer injustement sous silence les 9 autres compos du nouvel opus d’AMORPHIS. Il y a un qualificatif qui va comme un gant à Skyforger : tubesque. Oui, je sais, « tubesque », ça n’existe pas dans le petit Robert, mais dans le Grand Dico du Metal, ce terme signifie « putain d’album qui déchire tout avec pas une seule chanson à jeter ». Et puis d’abord, comment expliquer que ce groupe, qui sort régulièrement des albums de grande qualité, soit encore trop peu reconnu chez nous ? Espérons que ce Skyforger finisse de vous convaincre.
Je vous parlerais bien de « Silver Bride », un des nombreux tubes de Gothic Rock, avec son refrain puissant, son thème de guitare mélancolique, ses quelques voix Death et cette impression ultime de s’envoler … Ou encore de « Sky Is Mine », aux allures de Speed Metal aérien, sur lequel Joutsen démontre toute l’étendue de son talent et la multitude d’intonations qu’il prend à la perfection. « Sky Is Mine » possède un je ne sais quoi de dramatique, tout en laissant la place au rêve le plus merveilleux. C’est beau et triste à la fois, en fait …
Je pourrais aussi vous parler de « Skyforger », ce titre éponyme plein d’énergie introduit par des sonorités celtiques … Car AMORPHIS, adepte de la flûte et des arrangements acoustiques depuis plusieurs années maintenant, continue d’intégrer ces éléments y compris sur ce Death atmosphérique et accéléré nommé « From Earth I Rose ». Les flûtes et les arpèges en son clair, on les retrouve sur les premières notes de « Highest Star », mais bien vite, AMORPHIS se jette dans les bras du Metal progressif pour notre plus grand bonheur. L’une des grandes forces d’AMORPHIS, c’est justement de nous entraîner là où on ne s’y attend pas. Quand « Majestic Beast » débute, comme son nom l’indique, sur du Death Metal majestueux et oriental, des breaks et refrains accrocheurs laissent exploser toute la puissance positive du combo.
En un sens, AMORPHIS et son Skyforger procurent un tas de sentiments et de surprises. Que cette pochette, superbe soit dit en passant, illustre idéalement l’album en question. Le feu, l’air, la terre, la volonté, la sensibilité, le pouvoir et la jouissance absolue.
Encore un coup de maître.