En 2002 sort Symptômes de Ruines, puis Simulacres en 2004 chez Sacral Productions, deux albums des français ASMODEE dont le style est apparenté à un Black Metal atypique pour ne pas dire original. Très difficiles d’accès, ces deux opus ne m’ont pas particulièrement touché, ni trop marqués, sauf pour le second (Simulacres), très rapide et violent, qui m’avait étonné par sa complexité devenue étouffante. Autant le dire tout de suite, ce n’est pas avec grand enthousiasme que je m’apprête à découvrir Chlorosis, le troisième opus du groupe qui sort presque 10 ans après ses premières démos.
Une chose est sûr est que le groupe a évolué, chassant ses racines purement Black Metal, allant plus loin dans son expérimentation, continuant dans la voie de sa vison personnelle de ce qu’est brutalité et violence. La musique du groupe est peut-être moins dense que par le passé, mais l’atmosphère y est toujours oppressante, l’ambiance particulière, toujours aidée par des brins de mélodies qui viennent confirmer la complexité et les contrastes des compositions.
Chlorosis possède ce coté technique musicalement, cette folie qui caractérise le groupe depuis 3 albums maintenant, et on est à 1000 lieues des structures simpliste couplet/refrain/couplet… des morceaux. Chaque titre a ses propres directives, ses propres chamboulement, ses virages dont on ne soupçonne pas l’angle aussi abrupte… et c’Est la que ASMODEE a gagné en maturité : cette folie et cette complexité n’influent en rien dans la cohérence de l’ensemble ! Tous ces contrastes renforcent la richesse des différentes ambiances développées tout au long de ces 50 minutes. Des passages plus aériens, atmosphériques toujours prenant viennent comme des moments de repos au sein d’un chaos maitrisé !
Ce que ASMODEE a conservé depuis ses débuts est le type de chant criard à la façon typiquement Black mais aussi, il y a ajouté des parties plus grave, plus gutturaux… aussi bien hurlé en français qu’en anglais, les textes sont de la poésie extraites d’ouvrages qui me sont inconnus. Et bien c’est avec ce chant que j’ai quelques soucis pour apprécier à sa juste valeur ce disque aussi barré. Non pas que je n’apprécie pas ces hurlements déchirés, au contraire mais ce sont les parties en français qui me font grimacer des oreilles alors que les parties anglaisent passent très bien ! Il est donc fort dommage pour moi que la langue de Molière prédomine sur celle de Shakespeare !
Un petit mot sur la production venant du Drudenhaus studio (ANNOREXIA NERVOSA), même si le son global de l’album sonne de façon incisive, il est parfait pour ce genre de folie, mais paradoxalement, sa grande réussite provient aussi du fait que la basse soit mise en avant, permettant ainsi à Chlorosis d’être une belle surprise venant d’un groupe qui a toujours refusé la facilité !