Aujourd’hui, si je décidais de lancer une réflexion autour de l’Inquisition, j’obtiendrais très certainement des retours hautement négatifs, argumentés par des clichés bon marché comme « torture », « sadisme », « fanatisme primaire » et autre « injustice ». Telle est à l’époque actuelle, la représentation de l’Inquisition que se fait le français de base. Sans savoir pour autant que ces méthodes tortionnaires, bien qu’ayant existées (ne nous trompons pas de débat !), ne représentent qu’une partie minime de l’activité de cette juridiction. Aussi est-il très facile de nos jours, de se désengager de la religion chrétienne en se justifiant par son rejet des deux grandes plaies de l’Eglise : les Croisades et l’Inquisition. Pourtant, avec le nom de sa première démo (Inquisition : The Way Of Suffering), HEKSEN semble être tombé dans le raccourci. Ou peut-être sont-ce les « quelques hectolitres de bière » ingurgitées par les deux protagonistes du projet (KoN.RaD et Necro_666) qui ont du mal à être digérées ? Il n’empêche que le résultat de cette « hérésie » contient plus sans doute plus de sang dans l’alcool que l’inverse.
Car il fallait être sacrément beurré pour livrer des prestations comme « Agony » ou « Let’s Dance ». HEKSEN, avec un corps complètement nu (à la recherche d’un batteur, bassiste et d’un second guitariste, rien que ça !), nous offre sa propre vision du Metal, croisé bâtard de Death dans le chant, de Black dans la production, de Thrash dans les guitares. A peine quatre lignes et déjà, tout est dit. Force est de constater qu’on fait bien vite le tour d’une rondelle qui déjà, ne dure pas bien longtemps. Les cinq titres composés résonnent avec peine, tant le mixage est catastrophique. Allumez vos friteuses ! En même temps, sûr qu’avec une boîte à rythme et du houblon dans les veines, on va pas bien loin. Pourtant, HEKSEN est attachant. On se lie, presque de compassion, pour des chansons inoffensives mais suffisamment courtes sur pattes pour obtenir mes faveurs. Un petit côté Black mélodique se fait parfois entendre (« Revenge ») et ce n’est pas du tout une chose désagréable que d’entendre des notes claires dans ce bourbier. Aussi, les aboiements de pitbull de Necro_666 (ostensiblement pompés sur papa Barnes) font bonne figure. Si on ôte un manque de moyens flagrants, un artwork aussi old-school qu’horrible (le retour de CHILDREN OF BODOM est déjà bien assez proche comme ça…) et une inspiration artistique proche du néant, il ne reste plus rien. Alors puisqu’il faut faire avec, autant le faire jusqu’au bout. Cette Inquisition ne sera pas un grand moment de musique mais au fond, doit-il être considérée comme tel ? Je ne pense pas.
Il n’y a rien de sérieux ni de méchant là-dedans. Juste un Death/Black Metal brouillon, avec quelques ridicules idées qui sauve sa peau parce qu’il nous décroche, au bout du compte, un petit sourire en coin. En plus, des mecs qui remercient publiquement Kronenbourg, Soho, John Travolta, David Bowie et Spongebob ne peuvent pas être foncièrement mauvais.