A moins de vivre en ermite, il est très peu probable que tout amateur de Metal ignore encore l’existence d’IN FLAMES. Et ce, surtout depuis la sortie de Reroute To Remain. L’album proposait effectivement une métamorphose de leur Death Mélodique si particulier en misant davantage sur la mélodie, le chant clair et les claviers. Une évolution logique, mais rapide, du précédent album, Clayman, qui a permis au groupe de conquérir un public nouveau, au détriment des fans qui lui avaient apporté leur reconnaissance à la fin des années 90. Ainsi sort Soundtrack To Your Escape, dans ce contexte de haine (vouée par ceux qui se sont sentis trahis), d’appréhension (de la part des réticents) et d’adoration (apportée par les récents fans).
De prime abord, cet opus paraît plus sombre que son prédécesseur. Une impression donnée par le contraste évident entre les deux pochettes, ainsi que par les magnifiques illustrations torturées présentes dans le livret. Mais cette noirceur se reflète surtout à travers les paroles, exutoires des pensées et sentiments d’Anders sur ce qu’il traverse chaque jour. Des écrits qui se veulent plus simplistes et compréhensibles qu’à une certaine époque maintenant révolue.
Cette atmosphère dense et opaque est également due à la production qui met l’accent sur les guitares. Celles-ci se montrent particulièrement menaçantes et forment un mur omniprésent douze titres durant. Mais il semble que Jesper et Björn aient perdu leur facilité à allier virtuosité et riffs gras et violents. Effectivement, les envolées musicales sont devenues inexistantes et les riffs répétitifs. Vous allez sans doute me héler en avançant la présence de solos sur « In Search For I » et « Dial 595-Escape ». Ce à quoi je rétorquerai que ces deux morceaux ne présentent que des ébauches de solos, peu concluantes et inspirées. « F(r)iend », morceau le plus frénétique de l’album, démontre que le groupe a préféré miser sur un son massif, et une rythmique lourde, plutôt que sur l’ingéniosité. Et c’est là tout le point faible de cet album. Son manque flagrant de diversité dans les compositions. C’est pourquoi des titres comme « Bottled », ou « Like You Better Dead » passent inaperçus puisqu’ils ne proposent rien de surprenant, et se contentent d’appliquer une agressivité mid-tempo, à l’instar des autres morceaux.
En outre, cela a également pour effet d’éclipser la mélodie autrefois prédominante sous forme de leads techniques et entraînants. Elle est ici insérée dans les morceaux à grand renfort de samples et de breaks électroniques, ainsi qu’une minorité d’aériens. Cependant, ce manque mélodique est balancé par une rythmique et un clavier énergiques, conférant aux morceaux une grande efficacité ; comme le montre « The Quiet Place » qui, avec son intro très réussie et son refrain mémorable, s’impose en titre phare de cet album, ou le puissant « My Sweet Shadow », bourré de samples accrocheurs enjolivant les riffs cinglants. D’autres pistes, telles que « Borders And Shading » et « In Search For I », parviennent à se faire remarquer en proposant, pour la première, un lead mélodique convaincant et, pour la seconde, une véhémence particulière sur le refrain. Par ailleurs, l’empreinte musicale du groupe, apportée par une guitare acoustique toujours soignée, est délaissée sur Soundtrack To Your Escape. Soit étouffée et mêlée aux samples, ou bien reléguée en outro avec un effet de distorsion (« Touch Of Red »), ce n’est que sur le sublime « Evil In A Closet » qu’elle fera naître l’émotion.
En effet, introduisant le morceau dans une ambiance calme, rythmée par une batterie intimiste, les arpèges aériens permettent à Anders d’explorer son talent en nous gratifiant d’une magnifique voix mélancolique. Une combinaison également utilisée sur les passages placides de « My Sweet Shadow ». Cela permet au groupe de marquer un net contraste avec les lignes musicales effrénées, et d’en accentuer la violence. Anders reprend, par la suite, ses vocaux éraillés typiques, accompagnés d’un semblant de growl sur de rares refrains, qu’il exécutera avec une fougue appréciable. Le chant clair est employé avec plus de parcimonie que sur le précédent opus et bénéficie également d’une pléthore d’effets. « Superhero Of The Computer Rage », titre tout à fait correct, présente toutefois une autre facette vocale d’Anders, soit des gémissements peu probants.
Les possesseurs de la version digipack auront pour bonus « Discover Me Like Emptiness ». Un morceau dans la même veine que « Evil In A Closet », débutant sur une douce intro au clavier avec un chant éthéré et des cordes virevoltantes, puis alternant avec des passages plus violents mettant le mur de guitares à l’honneur, agrémenté de samples.
Soundtrack To Your Escape poursuit donc l’évolution présentée sur son prédécesseur, tout en l’innovant et se dotant d’une atmosphère bien particulière. Pourtant, même si le groupe parvient à conserver son style si caractéristique pour réaliser des compositions correctes et efficaces, on reste bien loin du talent démontré par le passé et plusieurs défauts nuisent à l’ensemble, dont une trop importante homogénéité et un manque de mélodies judicieusement incorporées. Cet album n’en reste pas moins une sortie appréciable, mais qui peine à satisfaire pleinement l’auditeur sur la durée.

Discographie Complète de IN FLAMES :
Lunar Strain (Album - 1994), Subterranean (EP - 1995), The Jester Race (Album - 1996), Whoracle (Album - 1997), Colony (Album - 1999), Clayman (Album - 2000), The Tokyo Showdown - Live In Japan 2000 (Live - 2001), Reroute To Remain (Album - 2002), Soundtrack To Your Escape (Album - 2004), Used And Abused... In Live We Trust (DVD - 2005), Come Clarity (Album - 2006), A Sense Of Purpose (Album - 2008), Sounds Of A Playground Fading (Album - 2011)

MI Bonus :
IN FLAMES (se) - Anders Fridén (ITW - Nov-2011/VF-EV)