Une intro digne d’une musique de film, qui n’aurait pas fait tâche sur une B.O. de Hans Zimmer ou Klaus Badelt (Pirate des Caraïbes ? Pearl Harbor ? à vous de juger …), annonce que ça y est, enfin, deux ans après The Scarecrow, Tobias Sammet et son joujou AVANTASIA sont de retour. Quand le volume monte d’un cran, que les guitares et la batterie font leur apparition, le ton est donné. Russell Allen (SYMPHONY X), nouveau venu dans l’aventure, apporte toute sa classe au même titre que ce Jorn Lande décidément inépuisable. Et quand survient le refrain, magique, à plusieurs voix, voilà, tout est dit, AVANTASIA tape dans le mille. Ce premier titre, « The Wicked Symphony », rassure sur un point : non, Tobias Sammet n’a pas oublié le Metal symphonique et épique dont il était si friand (et nous aussi) avant le Rocket Ride d’EDGUY.
The Wicked Symphony, sonne, sans aucune contestation possible, beaucoup plus Heavy Metal que son prédécesseur. A croire que ce Metal commençait à lui manquer, à notre Tobi. Le titre le plus surprenant, dénommé « Scales Of Justice », introduisant un Tim « Ripper » Owens remarquable de puissance, ramène tout droit aux meilleures heures du Heavy Metal de JUDAS PRIEST (forcément …), je ne crois pas qu’EDGUY ou AVANTASIA aient proposé autrefois un titre aussi agressif. « Scales Of Justice » contraste un peu avec le reste, mais quel morceau ! Comme quoi, ce petit bonhomme de Sammet est encore capable de nous surprendre.
L’inverse est également très vrai … Aux côtés de pépites pareilles, d’autres morceaux font figure de remplissage. Quand Tobi dit « si Sascha (Paeth, producteur et guitariste) ne m’avait pas arrêté, j’aurais continué à composer encore et encore … », très vite on comprend que le leader d’EDGUY retombe dans ses travers : la quantité oui, la qualité, pas toujours. Oui, car simultanément sortent les deux suites de The Scarecrow, à savoir The Wicked Symphony et Angel Of Babylon, et si on peut leur trouver un point commun, c’est de comporter tous deux des chansons de qualité très inégale. C’est encore plus prononcé sur Angel Of Babylon, mais nous y reviendrons …
Alors, pour revenir à The Wicked Symphony, comment trouver une quelconque utilité à « Wastelands », digne d’un EDGUY relativement moyen, si ce n’est grâce à la présence de Michael Kiske, avec sa voix reconnaissable entre mille ? Heureusement, Sascha Paeth et Oliver Hartmann se livrent à quelques duels de guitares savoureux. Voilà un rôle dans lequel on n’attendait pas du tout l’ancien chanteur d’AT VANCE. Si ses qualités vocales ne sont plus à démontrer, Hartmann fait preuve d’une sensibilité insoupçonnée à la six-cordes. Son jeu très bluesy fait des merveilles sur « Forever Is A Long Time ». A titre personnel j’aurais aimé entendre un Steve Vaï sur ce morceau, pour accompagner Hartmann, et lui donner encore plus d’intérêt …
Au moins Sammet peut-il compter sur ses invités pour donner de la fraîcheur à tout ce qui semble trop prévisible. Russell Allen déchire tout, encore une fois sur « States Of Matter », également très proche du registre d’EDGUY. Citons au même titre un « Blizzard On A Broken Mirror » qui vaut le détour grâce à la voix d’Andre Matos, d’ailleurs le refrain évoque clairement ANGRA période 1994-1998, si vous voyez ce que je veux dire … Le pire, c’est que l’intervention de chacun des invités suffit largement à décrocher une once de satisfaction. A ce jeu là, Sammet se révèle très fort. Il peut compter sur ce diable de Jorn Lande, parfait de A à Z, et tenant le micro sur pas moins de 4 titres. Mais cela ne suffit pas toujours. Un « Crestfallen » (Mylène Farmer, es-tu là ?!!!) ou un « The Edge » sont là pour le démontrer.
Maintenant, je vous parlais de pépites, ne l’oublions pas. Car oui, The Wicked Symphony sait taper là où ça fait mal. En plus des « Scales Of Justice » et « The Wicked Symphony », je voudrais vous parler de « Dying For An Angel ». Les premières notes font peur, bon sang que ça peut paraître mielleux … Mais très vite, on entend cette voix si familière, si unique, à la fois cassée et douce. Klaus Meine (SCORPIONS), car c’est de lui dont il s’agit, participe pour la première fois à un projet tel qu’AVANTASIA. Grand bien lui en a pris. « Dying For An Angel », un poil commercial, formaté pour les ondes, évoquant évidemment SCORPIONS, envoie AVANTASIA au paradis. J’affirme sans contestation possible que Meine, l’une des plus belles voix du Hard Rock, incarne à lui seul LA curiosité de The Wicked Symphony. Quel chanteur ! Et alors quel refrain ! En voilà un qui ne vous sort plus de la tête. J’aimerais aussi vous parler de « Runaway Train ». Fans de MEAT LOAF, du EDGUY façon « Land Of The Miracle » ou « Theater Of Salvation », cette pièce progressive a été composée spécialement pour vous. Véritable titre à tiroirs, avec changements de rythme, plusieurs tonalités vocales et un piano turbulent, « Runaway Train » fait désormais partie des classiques d’AVANTASIA, brillamment interprété par un Bob Catley (MAGNUM) très à l’aise dans ce registre.
Moins connu dans le genre, Ralf Zdiarstek (l’un des seuls chanteurs déjà présents sur les premiers AVANTASIA, avec Matos) se distingue de sa voix tantôt suave, tantôt puissante, tel un caméléon sur le lourd et mélancolique « Black Wings ». Là encore, on ne croyait plus Sammet capable de sortir une si belle ballade de son chapeau. Peut-être la plus belle de ses pièces émouvantes depuis « Scarlet Rose » (sur Vain Glory Opera, en 1995 …).
Vous l’aurez compris, un album où l’on trouve successivement du SCORPIONS, du JUDAS PRIEST, du MEAT LOAF, des ballades et du Metal épique, manque clairement d’unité. C’est pourquoi on ne peut parler d’album parfait. A dire vrai, The Wicked Symphony fait un peu fourre-tout, même si le talent et le métier sont là. Car on y prend un pied terrible. Mais Tobi a-t-il concentré tous ses efforts sur The Wicked Symphony ? C’est ce que Angel Of Babylon semble démontrer … A suivre …

Tracklisting :
1 – The Wicked Symphony
2 – Wastelands
3 – Scales Of Justice
4 – Dying For An Angel
5 – Blizzard On A Broken Mirror
6 – Runaway Train
7 – Crestfallen
8 – Forever Is A Long Time
9 – Black Wings
10 – States Of Matter
11 – The Edge

Distribution (chanteurs) :
Tobias Sammet (EDGUY)
Jorn Lande (MASTERPLAN) sur titres 1, 6, 7 & 8
Klaus Meine (SCORPIONS) sur titre 4
Michael Kiske (ex-HELLOWEEN) sur titres 2 & 6
Russell Allen (SYMPHONY X) sur titres 1 & 10
Ralf Zdiarstek sur titre 9
Andre Matos (ex-ANGRA, ex-SHAAMAN) sur titre 5
Bob Catley (MAGNUM) sur titre 6
Tim « Ripper » Owens (Y.MALMSTEEN) sur titre 3

Musiciens :
Tobias Sammet, basse
Michael « Miro » Rodenberg, claviers
Alex Holzwarth, batterie sur titres 3, 7, 8 & 10
Sascha Paeth, guitares
Eric Singer, batterie sur titres 2, 4 & 6
Bruce Kulick, guitares sur titres 6 & 11
Oliver Hartmann, guitares sur titres 2 & 8
Felix Bohnke, batterie sur titres 1, 5, 9 & 11
Simon Oberender, orgue sur titre 11

Discographie complète de AVANTASIA :
The Metal Opera (Album - 2001), The Metal Ppera part II (Album - 2002), The Scarecrow (Album - 2008), The Wicked Symphony (Album - 2010), Angel Of Babylon (Album - 2010), Angel Of Babylon (Album - 2013), Angel Of Babylon (Album - 2016)