De nombreuses bières ont moussé et chauffé, sans parler de la pulpe décollée du fond de nombreuses bouteilles, dans les bars picards et franciliens, depuis 15 ans, par l’énergie déployée de WILLPOWER, puis WILLER, groupe qui prit ensuite le nom de baptême d’ARES en novembre 2006.
Il ne faut pas que les membres du groupe soient superstitieux, Arès, ce dieu de la guerre, n’était pas porté dans le cœur des grecs, il véhiculait la peur, la terreur. Arès, lui-même, connaissait déboire sur déboire. A la vôtre, camarade. Et l’album se termine par le titre « Echec », il faut oser quand même ! Et la clepsydre, illustrant la pochette, est une façon de nous dire que le temps nous est compté…
Avec About Metal, on va laisser la parole à Franck Ferrer à la batterie, Daniel Meunier à la basse, Stéphane Petit à la guitare rejoint par Frederick Allanic en avril 2008 suite à l’envol de Christophe Lacolombe. Damien Gaudois va officier en qualité de frontman. Que des beaux gosses comme le faisait remarquer J.C.JESS dans un des mails sur le site du groupe.
S’agissant du premier opus du combo, il s’agit d’un aboutissement et en même temps d’un nouveau défi, celui d’une reconnaissance, et, tel un bélier, cet album devrait défoncer plus d’une porte… sus à l’ennemi, sortons les épées des fourreaux.
A la lecture de quelques articles promotionnels, je m’attendais à découvrir un groupe au style bien rentre dedans… à l’écoute, le combo fait preuve d’un peu plus de subtilité. Les compositions ne sont pas linéaires, une recherche structurante dans l’écriture des morceaux est évidente chez Stéphane Petit et Damien Gaudois.
J’avoue que j’ai tiqué sur la voix de Damien dans « Spartan », chant dans un registre trop aigu à mon goût, et à trop s’éloigner de son centre de gravité, le risque de gamelle devient réel. Mais l’impression s’avère passagère car dès le morceau suivant « Moonless Night », la voix est mieux placée, plus harmonieuse avec un éventail de tonalités agréable à écouter. Les chœurs apportent de la puissance et de la profondeur aux parties vocales sans être toutefois omniprésents, ce n’est pas du THERION non plus…
« Virtue Of The Weak » est mon morceau préféré, il porte la signature de Christophe Lacolombe pour la musique. A l’écoute, ce titre de plus de six minutes se présente sous deux facettes, au début, l’espace est bien occupé par le chant de Damien qui s’approprie, il faut le reconnaître, la langue de Shakespeare avec pas mal de réussite. Sur la deuxième partie, plus instrumentale, la guitare de Frédéric Allanic s’impose, croisant son jeu avec celui de Stéphane, chassé croisé guitaristique réussi, le tout renforcé par une rythmique imparable basse/batterie. Le morceau, à l’image de l’album, démontre le plaisir du combo à jouer ensemble. Les musiciens font preuve de technicité et dextérité.
Je passe en boucle l’intro guitare de « About Metal », allant crescendo avant d’être rejoint par l’ensemble de l’équipe, pour un tir groupé. Le titre sonne bien Metal teuton, clin d’œil à « To The Metal » de GAMMA RAY, à n’en pas douter.
Avec « The Art Of Hypocrisy » nous retrouvons à nouveau une ligne mélodique qui s’accorde parfaitement avec les poncifs du genre Heavy.
Quel plaisir de retrouver un texte en français avec le titre « Echec », et dans un style qui me fait penser à la sortie récente de l’album Briser Le Silence de BLASPHEME. Pour ceux qui comme ARES sortent leur premier album, le BLASPHEME Band dédie cette citation : « A tous ceux dont l’espoir nourrit la raison d’y croire ». Il convient d’en faire notre devise au quotidien.
Je me réjouis d’être baigné dans cette musique, toujours aussi pêchue, même si elle paraît old school, n’en déplaise à certains, mais je la trouve intacte dans son énergie et sa créativité, quarante ans après l’achat d’un de mes premiers 33T, Nador de VARIATION avec Jo Lebb et Marc Tobaly.
Avec « Echec » le texte de Stéphane et Damien hume bon les fleurs du mal, le spleen baudelairien plane sur les rimes. Le titre fait aussi la part belle aux soli de guitare qui s’invitent entre les couplets.
Si vous deviez nous prêter une oreille une dizaine de minutes – n’ayez crainte : on vous la rendra, on a bien rendu son dentier à Bobby Liebling de PENTAGRAM (cf. Hellfest 2009) – on vous invite à écouter « Virtue Of The Weak », qui témoigne du potentiel du groupe dans l’écriture et les arrangements, et « About Metal », qui traduit bien la hargne et l’énergie du combo, à l’image des Conti de l’Oise.
L’album About Metal est une belle carte de visite, on est séduit par les arguments des musiciens VRP d’ARES, on attend maintenant la livraison du prochain colis, et il faudra assurer le SAV.
Petit rappel du label : Cet album n’est pas réservé aux seuls V.I.P. (Very Important Picards).