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UNIVERSUM (au) - Leto Destinatus (2008)






Label : Riot Entertainment
Sortie du Scud : 15 juillet 2008
Pays : Australie
Genre : Death Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 50 Mins





Deux ans et une démo après leur formation en 2006, les Australiens, menés par les trois frères Soininen, choisissent désormais de se lancer dans l’aventure découlant d’un premier album, prenant soin, au préalable, d’augmenter leur effectif jusqu’à former un sextette. Gagnant quelques prix à un festival du pays, en chemin, ils terminent leur périple au Fascination Street Studios, s’encanaillant, par la même occasion, avec le célèbre Jens Bogren. Ensemble, ils concoctent donc une mixtion mystérieuse, portant le nom de Leto Destinatus, et qui leur permet ainsi de conclure un pacte avec Riot Entertainment, pour une distribution étendue.
En dépit de ses grands airs, avec ses dénominations latines insolentes, les sujets abordés par le groupe dans ses textes sont des plus courants, s’attardant sur les problèmes de société, ainsi que la vie et la mort. Par ailleurs, le style graphique emprunté par la pochette est inhérent aux thèmes de cet acabit, mais n’en reste pas moins réussi. Au centre, un individu déchiré intérieurement, et mentalement, sépare l’artwork en deux réalités distinctes qui s’accordent à la musique exposée sur ce disque. Ainsi, le premier univers, orangé, et présentant une ville lumineuse et chaleureuse, se rapporte principalement aux mélodies des guitares qui se veulent séduisantes tout au long de l’album, tandis que le second, teinté d’un vert désolé, où des corbeaux se font reflets des papillons, ce sont les lignes du clavier qui y correspondent, apportant souvent une tonalité élégiaque aux compositions.
Ces instruments sont effectivement responsables de l’attrait principal de l’album, apportant, du fait de l’harmonisation de leurs partitions, un ornement non négligeable pour les morceaux puisque l’intérêt de Leto Destinatus réside essentiellement dans ses titres percutants aux mélodies justement dosées. « Black Logic », une des pistes les plus efficaces de l’album, assied cette constatation en dévoilant un fort dynamisme instrumental, perpétué sur de longues tirades, qui donne lieu à de puissants refrains appuyés de riffs et samples accrocheurs, et, au centre, un sublime break atmosphérique. Un condensé d’énergie, donc, sur une rythmique impétueuse et un déferlement mélodique qui ne peut que séduire. La majorité des titres usent ainsi des mêmes artifices, se partageant entre des durées moyennes, laissant place à des enchaînements plus directs, et d’autres un peu plus longues, mais conservant la même optique de composition, plaçant seulement un refrain, ou un break supplémentaires. Malheureusement, le groupe n’a pas su réfréner ses pulsions créatrices et, parmi les treize pistes, certaines ont bien du mal à se démarquer, à l’instar de « Zero », souffrant de sa monotonie, malgré son agréable break au clavier, ou bien « Iginite The Subconscious » qui n’a pas la prestance nécessaire pour clore l’album de façon épique, même si Tomy Laisto (MORS PRINCIPIUM EST) la garnit d’un solo de qualité. En outre, l’instrumentale « Solitude » est placée bien trop tôt dans l’album, alors qu’elle aurait pu permettre une pause bienvenue en milieu de parcours, proposant une ambiance sombre d’abord ponctuée d’acoustique légère, puis rejointe par une rythmique lente qui permet de créer une superbe épopée mélodieuse, portée par les guitares. "Bienvenue", car les compositions s’avèrent plutôt chargées entre les différentes lignes de cordes et synthés, créant par conséquent un arrière-plan sonore brouillon persistant au sein des titres. Pourtant, l’autoproduction réalisée par les Australiens eux-mêmes aboutit en un résultat satisfaisant mais, en pinaillant, cette distinction pas toujours claire entre les différents instruments amène une certaine monotonie lors des couplets.
Il faut dire que, côté rythmique, Jaron Soininen a beau conserver un jeu puissant et dynamique, il manque tout de même d’agressivité, se complaisant généralement dans le mid tempo. Seul « Damage » peut faire office de composition impétueuse, sa courte durée étant due à un enchaînement rapide de ses différentes sections, mais toujours sans réelle hargne. On peut également relever une mise en retrait dommageable de la grosse caisse, subissant des heurts étouffés amenuisant le relief musical, et une répétitivité des schémas percussifs qui joue dans l’uniformité de certains passages. Heureusement que plusieurs breaks foisonnent parmi les morceaux, laissant davantage la place aux instruments mélodiques. Liam Brophy ne profite pas, non plus, des textures chargées pour pouvoir faire ressortir sa basse qui reste fondue dans l’instrumentation. Lorsqu’elle est plus audible, on la retrouve à sa place habituelle, offrant aux riffs acérés des guitares un support solide. « Misery Cell » lui permet de se démarquer, débutant en pizzicato et continuant à se faire ressentir par la suite. Ce morceau, au refrain réellement prenant, se pare d’ailleurs d’une utilisation des claviers bien différente, en intro, puisqu’elle est exécutée par un piano accablé.
Quoi qu’il en soit, l’intérêt des compositions est, sans conteste, accru par les prouesses de Rachael Madden derrière ses rangées de touches. Ses partitions s’immiscent tout au long de l’album et habillent les morceaux, du simple accompagnement discret (« False Paradigme »), qui se remarque plutôt lors des breaks, aux déferlantes de nappes et samples synthétisés (« Zero », « Black Logic »), mais toujours conservant un emploi maitrisé, sans aller jusqu’à l’indigestion. L’atmosphère est, de ce fait, correctement maintenue et la jeune femme apporte une touche supplémentaire à la personnalité du combo Australien, notamment par de subtiles orchestrations envoûtantes, comme sur « Faded » et « Solitude », où son soutien tout au long du titre installe une ambiance affligée. Néanmoins, les refrains restent les principaux destinataires des samples de l’instrument, permettant d’accroître leur efficacité, à l’image de « Disconnected » qui s’orne également d’une outro atmosphérique qui aurait conclu l’album à merveille.
Pour continuer dans la série des éléments pourvoyant à apporter un aspect plus personnel à la musique d’UNIVERSUM, il faut se tourner vers les deux guitaristes, Stephen Murphy et Adam Soininen, exposant un jeu d’une qualité indéniable. Bien que leurs prestations restent généralement convenues, dans une optique clairement suédoise, elles se montrent correctement exécutées et variées (« Disconnected »), insufflant aux titres des mélodies sûres arpentant les refrains avec brio, et donnant lieu à de superbes leads, ainsi que des riffs grondants en support du growl intense d’Adam. « War Of Ages » fait étalage d’un des jeux les plus intéressants de l’album, profitant de passages moins denses instrumentalement, pour que les lignes de guitares puissent s’émanciper à leur convenance, dépeignant ainsi une mélancolie palpable de par des successions d’harmonies habiles et diverses, engendrées par la cohabitation de leads mélodiques prenant et riffs détonant lors de schémas immersifs. Les solos ne sont pas en reste, puisque présents sur plus de la moitié des pistes, et se veulent corrects. Là encore, on regrette que quelques-uns arborent une construction similaire, alors que d’autres sont des plus réussis, telles les quatre courtes démonstrations se répondant lors du pont de « Invisible Scars ». En somme, malgré les structures familières qui se dégagent de leurs techniques ; grâce à une tonalité mélodique expressive et colorée servant pleinement les compositions, les guitaristes insufflent à leur musique une certaine identité sonore.
Michael n’est pas seulement un guitariste efficient, il s’occupe également de placer quelques lignes de chant clair aux côtés de son frère, Adam Soininen, qui, en tant que porte-parole, se veut un choix de qualité. Il parcourt les compositions de growls plutôt beuglés alternés avec des vocaux davantage hurlés, forçant la main à la férocité, et gagnant en intensité lors du mélange de ses deux variations de chant. En s’appuyant sur les mélodies adéquates, Adam réussit à partager convenablement les émotions, à l’exemple des râles se perdant sur des riffs à la tonalité désespérée, sur « Day Of Redemption ». UNIVERSUM se focalisant sur l’accroche de ses compositions, les refrains sont évidemment soignés et plaisants, soit totalement ponctués d’un growl profond (« False Paradigme », « Damage »), ou bien accompagnés par la voix claire de Michael pour un rendu pas moins dévastateur. Lors de ses interventions, les deux frères en profitent pour mêler leurs lignes en une harmonie irrésistible (« Leto Destinatus »). A cause de l’homogénéité, précédemment abordée, de l’instrumentation, les couplets ont plus de difficulté à briller et, à nouveau, sont enclins aux répétitions. Adam a également un peu trop tendance à pousser des cris n’importe quand, ce qui n’est pas forcément bénéfique aux titres.
UNIVERSUM livre donc un premier album simple, similaire à ceux d’autres formations de Death Metal Mélodique moderne (comme FAITHFUL DARKNESS), mais exécuté avec efficacité et conviction. Les compositions sont agencées de sorte à ce que les instruments porteurs de mélodie s’harmonisent parfaitement avec les vocaux pour créer des titres énergiques et accrocheurs. Bien évidemment, les Australiens prennent peu de risques et leur nombre conséquent de pistes amènent à certaines répétitions et longueurs ; du coup, en reléguer quelques-unes en bonus aurait été plus judicieux que de laisser des schémas se faire inexorablement écho. Toutefois, l’on remarque clairement la volonté du groupe d’essayer de définir sa touche personnelle, notamment au travers des guitares qui parviennent à se faire mémorables, de par leur jeu entrainant et presque sans faille qui permet de passer un moment des plus agréables.



Ajouté :  Jeudi 31 Mars 2011
Chroniqueur :  CyberIF.
Score :
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Hits: 9644
  
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