TREPAN'DEAD (FRA) - Chris (Jan-2012)
Alors qu’on sort tout doucement de l’hiver, que les fleurs et les petits oiseaux vont sortir de leur sommeil, les Nordistes de TREPAN’DEAD ont d’autres préoccupations. Qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il grêle, qu’il fasse chaud ou froid, « faut que ça chie sévère ». Voilà. Chris n’est sans doute pas le plus grand poète qui soit, mais c’est avec une sincérité presque enfantine qu’il nous révèle les dessous du dernier opus de TREPAN’DEAD, le bien-nommé Instinct. Avec un seul mot d’ordre (ou plutôt trois) : gardez la rage ! Entretien.
Line-up : Chris (chant), Boub (chant), Ugo (guitare et chant), Frank (basse), Aleks (batterie)
Discographie : Trepan Is Not Dead (demo - 1998), Trepan’Dead Vs. Heresy (split - 2002), Just A Foretaste (demo - 2004), Obsessional Dysfunctions (album - 2006), Anonymous Grindoholics (Album - 2008), Instinct (album - 2012)
Metal-Impact. Salut Chris, je suis Stef pour le webzine Metal-Impact. Votre second album, Instinct, est fraichement sorti. Comment se sent le groupe vis-à-vis de ça ? Etes-vous pleinement satisfaits du travail accompli ?
Chris. Hello Stef et salut à toute l'équipe de Metal-Impact ! Eh bien on a commencé l'année avec un album fraichement sorti, de la promo à faire, des concerts qui se goupillent, bref,, tout ce qu'un groupe aime faire, donc tu te doutes bien qu'on vit tout cela à fond et qu'on se sent du tonnerre ! Cet Instinct vient de nos tripes. Il correspond pleinement à ce qu'on voulait faire et les retours du public et de la presse spécialisée sont bien bons, donc on est confiant et doublement motivés !
MI. Peux-tu nous présenter brièvement le groupe et nous dire dans quel état d’esprit il évolue ?
Chris. TREPAN'DEAD, Grindcore, France. On joue depuis plus de dix ans maintenant. La particularité de TREPAN'DEAD, c'est qu'on est avant tout des potes depuis un milliard d'années. C'est la condition première pour faire ce qu'on fait. Notre ancien guitariste, Manu, a quitté le groupe en mars dernier. Cela faisait un an qu'on venait de prendre comme deuxième guitare Ugo (GORYPTIC) qui est à l'origine de la plupart de nos enregistrements depuis une décennie. C'est avec lui que nous avons pu finaliser et enregistrer cet album. C'est l'élément nécessaire qu'il fallait pour booster le job et notre passion commune. Manu ne s'y retrouvait plus. Quand il est parti, on a pu se recentrer sur l'essence même de TREPAN'DEAD et maintenant, ensemble, on est au taquet et on a une vilaine envie de Grind !
MI. Vous vous définissez comme une formation pratiquant du Grindcore « instinctif », ça réfère d’ailleurs au nom de ce votre disque. Que représente pour toi « l’instinct » et pourquoi avoir choisi d’appuyer votre réflexion sur ce mot précis ?
Chris. Tout simplement par ce que c'est comme cela qu'on perçoit, qu’on ressent la musique que nous faisons, et le Grind en général. Comme quelque chose de viscéral, d'intuitif, qui passe autant par le filtre de la composition donc du travail réfléchi, que par le ressenti primaire, instinctif, l'énergie brute... On a voulu se débarrasser de tout ce qui était contraignant, des scories de certaines sonorités, éviter surtout d'en approcher certaines, trop tendances... Oui, Instinct s'est imposé naturellement pour nous. C'est le titre d'un des derniers morceaux composés et ce terme résonne en écho, à la fois à notre attitude, à notre ressenti et à notre musique, tout en nous permettant de mettre en scène deux / trois idées fortes qui sont au centre de nos questionnements depuis le début du groupe. Notamment cette part sombre, glauque, sordide de l'humanité, cette facilité instinctive à aller vers le conflit, à priser le profit et la cupidité, cet instinct à la fois de destruction mais aussi de survie qui fait que l'espèce humaine est une drôle d'affaire, puisque capable de créer et d'évoluer tout en étant capable de détruire et de saccager.
MI. Quelles sont les principales différences entre cet enregistrement et vos précédents ?
Chris. On a enregistré dans notre local de répétition en aout dernier. On répète dans les sous-sols d'un centre social, celui de notre quartier d'origine en fait. Quand on s'est retrouvés à 5, on a tout de suite décidé de passer la vitesse supérieure et de projeter le recording pour l'été. On a finalisé la composition de l'album avec comme volonté d'être le plus instinctif possible. On s'est donné un timing ultra-court (deux soirs par zicos) pour poser dans l'urgence les 20 titres d’Instinct. On voulait que ça grince un peu, que ça couine, gronde et gueule. On a quasi tout rentré en une prise ou deux. Ugo à géré les prises son avec du matos qu'il a pris de son taf (il est ingé-son) et il nous a mené à la baguette ! On a bossé avec pas mal de monde passant pendant les prises. Certains on posé du chants sur des titres (« Atomic » avec Damien de GORYPTIC, « One Day Dogs Will Eat People » avec Sboek du label Douchebag Records qui produit les LP). On a eu des incidents techniques de matos qui nous lâche, des accidents de voix (pour ma part, une vilaine extinction à deux titres de la fin !), on a même composé un titre en studio, « Infection », où Ugo fait la basse et la guitare et c'est une copine d'un pote qui trainait là qui a enregistré la voix sur ce titre ! Et pour finir, Franck a pris la basse et la guitare sur le titre « H-Bomb ». Tout ça pour dire que ce passage studio a été une putain d'expérience ! Cette fois-ci, on savait exactement ce qu'on voulait faire et comment faire pour rester dans l'instinct !
MI. J’avais eu la chance de chroniquer votre mini-CD Anonymous Grindoholics il y a plus de trois ans et la chose qui m’a vraiment frappé avec Instinct, c’est qu’entre la pochette, le titre du disque et votre son, on vous découvre sous des traits un peu plus graves, plus sérieux. Peut-on dire que TREPAN’DEAD est arrivé à maturité ?
Chris. Peut-être... Ce qui est sûr, c'est que cet album, on l'a bien muri et on l'a voulu également sombre et déterminé. On n’est pas si loin d'Obsessional Dysfunctions dans l'univers d'idées. Puis faire un deuxième album, c'est important et pas simple. C'est peut-être pour cela qu'il résonne comme quelque chose démontrant une certaine maturité…
MI. L’autre grosse particularité de votre groupe est d’avoir deux chanteurs. Comment parviens-tu à créer cette complémentarité avec Boub ? N’avez-vous jamais pensé à remettre en question la pertinence artistique de ce choix ?
Chris. Boub et moi sommes frères, avec pas mal de différences mais avec un gros point commun, la musique ! La complémentarité de nos deux voix s'est faite avec le temps. Tous les deux, on fout un max de rage dans nos cris et du coup, ça créait une belle hystérie qui est clairement un point fort chez TREPAN'DEAD. Pour ma part, je ne conçois pas mon chant en solo dans TREPAN’DEAD. Je te garantis que sur le bois, c'est un atout majeur d'avoir un gaillard comme François à ses côtés. Bon, deux chants, c'est parfois plus difficile à mettre être en place car dans la frénésie, on peut se décaler, se rendre barges parce que ça gueule non stop, encore plus maintenant avec Ugo qui pose des backings sur la plupart des titres, mais c'est exactement comme cela qu'on ressent le truc. Puis ensuite visuellement, c'est pas mal deux dingues qui gesticulent avec un chauve et un chevelu (rires) !
MI. Comment se déroule le processus de composition au sein de TREPAN’DEAD ? Y a-t-il parmi vous un « cerveau » ?
Chris. Pour cet opus, c'est particulier tout compte fait. Le début de la composition s'est faite avec notre ancien guitariste, Manu, qui était là depuis l'origine du groupe. Puis ensuite à 2 guitares avec l'arrivée d'Ugo et enfin, à nouveau à 5. L'expérience à deux grattes était vraiment bonne et peut-être qu'on tentera l'expérience de nouveau. Ugo a pris effectivement un rôle capital dans le combo puisqu'il est guitariste et amène donc les riffs, mais en plus, il est celui qui nous enregistre, qui nous mixe, etc... La composition est un gros job de feeling avant tout. Avec notre batteur, c'est à l'instinct, point barre. Après, Franck compose aussi (sur l'album il a composé deux morceaux) mais il faut généralement que la structure se pose en duo guitare / batterie. Ensuite, on pose très rapidement des premières lignes de chant pour voir comment la structure pourrait bouger, pour plus de cohérence dans le positionnement des voix. En fait, on fonctionne comme pas mal de groupe je pense (rires).
MI. On remarquera facilement que sur cet album, aucune chanson ne dépasse les deux minutes. C’est une sorte de challenge pour vous, quelque chose d’intentionnel ou au contraire, c’est une coïncidence qui découle justement de votre « instinct » musical ?
Chris. Bah on fait du Grind en même temps, et deux minutes c'est long pour nous ! On fait des morceaux volontairement simples, courts, qu'on veut efficaces à crever. Dans TREPAN'DEAD il n'y pas vraiment de place pour les choses alambiquées, chiadées à excès. La seule chose qu'on veut balancer, c'est de la rage ! Alors oui, les titres sont courts, on les a enchainés outrageusement sur l'album, comme pour empêcher de pouvoir les dissocier les uns des autres. C'est peut-être contraignant pour l'écouteur (rires)… Mais on voulait ça, que ça pique et que ça te prenne à la gueule pendant 27 minutes...
MI. Au niveau du feeling, de la production, on retrouve également une certaine forme d’authenticité, d’hommage aux racines du Grindcore. Avez-vous choisi de faire une sorte de « back to the roots » sur ce disque ?
Chris. Clairement. Puis on voulait déjà se rapprocher du son « live ». Ne pas commencer à poser nos culs en studio et se retrouver avec un album qui sonne différemment de ce qui sort en répétition ou en concert. On ne voulait pas sonner « Metal ». Bien au contraire, on a voulu épurer un max pour ne garder que l'agressivité naturelle du son, de notre jeu et du coup, oui, être plus proche du « Roots Grindcore ».
MI. Y a-t-il un concept derrière ce disque ? Et pourquoi avoir choisi de le décomposer en deux parties, un peu à l’image d’un vinyle ?
Chris. Non, ce n’est pas un concept-album. L'illustration de la cover, je l'explique plus bas et oui, on a effectivement voulu faire un clin d'œil au LP en indiquant la face A et la face B.
MI. Quels sont les premiers retours de la presse spécialisée, de vos fans sur cette sortie ?
Chris. On n'est encore qu'au début de la promo mais les retours sont vraiment bons et les premières reviews également ! En tout cas, les choses qu'on a voulu faire sont comprises et appréciées. Beaucoup nous disent que c'est assurément notre meilleure production, tant par le contenu que pour le son. Par contre, je ne sais pas encore ce que toi tu en as pensé, je découvrirai cela quand la chronique sera en ligne sur Metal-Impact !
MI. Un mot sur la pochette. Un bureaucrate qui porte un masque à gaz, ça représente quoi ? Une illustration de l’instinct de survie ?
Chris. Tout le travail pour la pochette a été fait par Boub. On avait dès le départ envie d'utiliser une image qui pouvait illustrer simplement l'instinct de destruction de l'Homme mais également son instinct de survie. Le masque à gaz est tellement cliché dans l'imaginaire collectif qu'il s'est imposé à nous. C'est aussi une imagerie forte dans le vocabulaire visuel de notre scène Grind. On a bossé avec mon frangin chacun de notre côté sur des pistes différentes axées autour de la même thématique, puis on en a choisi une qui a été retravaillée pour donner celle d'Instinct. Ensuite, l'image est assez simple et explicite pour que chacun comprenne son sens !
MI. Vous avez sorti un très bon split en 2008 avec MESRINE et ROGER MOORE. N’avez-vous pas envie de réitérer l’expérience ?
Chris. Si, bien sûr ! On en avait aussi sorti un avec HERESY (maintenant GORYPTIC) en 2004 puis y’avait un 7 pouces avec YATTAI qui aurait du sortir il y a un an et qu'on attend toujours ! Sboek de Douchebag Records s'est fait entubé par les ricains de Jerk Off Records sur plusieurs productions. Le type a pris la maille et n'a jamais rien sorti. On a effectivement en projet de sortir un split courant 2012, avec un groupe belge, un groupe français et un groupe russe ! Mais on donnera plus de news quand tout sera au point. Pour l'instant, on compose pour celui-ci afin d'enregistrer cinq nouveaux titres.
MI. Question un peu plus personnelle, quels sont tes références musicales et les derniers groupes qui t’ont mis sur le cul ? Si tu veux en profiter pour faire un « big-up » à certains groupes dont vous êtes proches, c’est maintenant.
Chris. Le Grind en général. Un groupe comme WORMROT m'a bien collé la gueule les deux fois où on a joué avec eux. Les belges de MUCUS aussi poutrent sévère ! Je salue les gus de L.A.R.D.O.N., UNSU, INFEST, UNTAMED, MASSIVE CHARGE, NOLENTIA, GOAT VERMIN, WHORESNATION... Je suis pour ma part un inconditionnel d 'INHUMATE et je considère Human Parade de BLOCKHEADS comme le meilleur album Grindcore qui soit !
MI. Quelle est la suite du programme pour TREPAN’DEAD ? On imagine que vous allez défendre fièrement Instinct sur scène ? Que représente pour vous ce moment ?
Chris. Essayer de jouer un maximum car c'est quand même sur le bois que tu vibres le plus ! On joue depuis des années maintenant et cela nous procure toujours autant de plaisir, avec toujours la même volonté : que ça chie sévère ! Puis c'est à chaque fois une aventure de dingues (rires). Grindcore is life !
MI. Que peut-on souhaiter au groupe pour 2012 et que ferez-vous la veille du 21 décembre (rires) ?
Chris. De continuer à faire ce qu'on sait faire de mieux, avec toujours autant d'envie et de plaisir. Le 21 décembre ? C'est la fin du monde c'est ça ? (Rires)
MI. Au nom de toute l’équipe, merci Chris d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions ! On souhaite bon courage à TREPAN’DEAD pour nous en mettre plein les oreilles sur scène mais je ne me fais pas trop de soucis pour ça ! Les derniers mots sont pour toi !
Chris. Merci à toi et à l'espace d'expression que Metal-Impact nous donne ! Gardez la rage et l'instinct !
Ajouté : Jeudi 22 Mars 2012 Intervieweur : Stef. Lien en relation: Trepan'dead Website Hits: 13243
|