WAY TO END : un chemin vers une fin. Le combo ne s'avance pas sur cette fin : il y en a bien une, mais l'heure n'est pas à la métaphysique mais à l'introspection. Il faut parfois savoir se perdre pour se retrouver. Le premier titre, l’instrumental « Facing The Abyss » confirme cette première lecture : Nietzsche ne prophétisait-il pas : « Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme, l'abîme te regarde aussi » ? Pour agrémenter ce chemin vers cette fin, les Normands optent pour un Post Black, où les ruptures de rythmes et les constructions dissonantes sont légions. Tout commence sur des accords de piano de cabaret improbable, sorti tout droit de Silent Hill… Desecrated Internal Journey est hanté : qu’on se le dise !
Difficile avec Desecrated Internal Journey de se concentrer sur l'aspect technique de l'œuvre, tant la musique, même si elle est complexe, ne s'adresse pas à l'intellect ou à l'ouïe mais au cœur et aux tripes... Elle déstabilise, sans perdre de vue la nécessaire musicalité de l'ensemble et nous entraîne dès lors dans son tourbillon, sans repère mais curieux de découvrir une autre réalité, et pourquoi pas donc de se découvrir soi-même. Si le groupe est lui-même assez critique sur la production de l’album qu’il juge trop opaque, je la trouve au contraire particulièrement fine pour mettre en valeur chaque instrument, ainsi que les nombreux changements d’ambiances qui se suivent mais ne se ressemblent pas (« A Step Into The Void »), tantôt plaintives, tantôt torturées et schizophrènes – avec ces lignes de chants qui se superposent parfois –, tantôt apaisées (« Unconscious Evocation Of A Neverending Search », « No Dreams »). Le combo se laisse d’ailleurs le temps de construire ses atmosphères avec des titres qui approchent une moyenne de six minutes.
Pour un premier album, les Français ont fait le choix d’une musique exigeante pour un résultat à la hauteur des ambitions.