Pas besoin d’être un intime du milieu du Hard français pour connaître le nom de Norbert Krief. Comment ? Connais pas ? Hum… Et Nono de TRUST, ça va mieux ? Ok.
Le bonhomme à le CV aussi étoffé que le talent, et à l’écoute de cet album, on peut aisément se dire que ses débuts aux Club Med sont bien loin… Outre la saga TRUST qui fut bien sur celle qui marqua le plus les esprits (et au passage, saviez vous que NTM avait repris « Antisocial » ? Hum ?), Norbert fut le compagnon live de notre Johnny national, mais surtout, un musicien de cœur, qui n’a cure de la flatterie de bas étage.
Alors au moment d’écouter son premier album solo, les questions fusent. A quoi s’attendre ? Une énième démonstration de six cordes aussi rébarbative que futile ? Du Jazz Rock roboratif ? Du Blues 12 temps pénible et propice à des digressions interminables ?
Rien de tout ça, car Nono à choisi très finement l’option « Groupe » pour son retour au premier plan, et grand bien lui en prit ! Et attention, pas de piège avec des musiciens « fantômes » juste là pour alimenter un casting improbable, non, une réelle cohésion, un travail d’ensemble pour un résultat… détonant !
Foncièrement Rock, pas franchement Metal, un peu roublard, parfois très abordable mais toujours surprenant, Nono est un LP pensé, composé et interprété avec conviction, dans lequel la guitare de Norbert prend toute son ampleur, et sait rester au premier plan tout en servant les compos, et non l’inverse.
Après l’ouverture classique et discrète de « Blink Of An Eye », on tombe direct sur « A Dieu », et son groove peinard qui colle aux oreilles, la voix nonchalante à la CharlElie Couture pour un Rock limite ricain, et première grosse surprise de l’album. Un refrain percutant qui donne envie de bouger, et surtout un son parfait !
« Do It Right », bien compact, reste sur le même moule et continue l’opération séduction. Un up-tempo simple et parfaitement exécuté, qui fait oublier que l’on a affaire à des musiciens bien français !
Le phrasé très Mark Knopfler de « Borderline », souligné par un harmonica pertinent nous dépayse encore un peu plus, tandis que le quasi Pop « Here And Now » constitue la seconde grosse surprise de l’album, qui en déroutera sans doute plus d’un !
La douce Adeline vient poser son tissu vocal sur un « She’s Burning Up My Bed » torride, qui doit autant à John Cougar Mellencamp qu’à un Faster Pussycat suintant, avec son saxo s’époumonant, et au milieu de l’album vient alors l’heure d’un premier bilan.
Norbert, petit cachottier, tu devais vraiment attendre aussi longtemps pour nous proposer une telle musique ? Tu n’aurais pas pu faire l’effort de te manifester avant au lieu de participer à des réunions toujours plus foireuses de ton groupe phare ? Car en seulement six titres, tu développes plus d’idées que sur bon nombre d’albums de TRUST, et ce, même si l’inspiration n’est pas la même !
Et ça n’est pas le reste de ton album, partagé entre l’intimisme subtil (« Wavedream », « Channel 68 »), le boogie sulfureux (« Vagabondage »), le Rock up in your face (« How Does It Feel »), ou le plaisir rétro (« Come On Rock n’Roll ») qui viendra contredire ce constat !
Même ta reprise du déjà bien entamé « On The Road Again » est pleine de fraîcheur et de joie de jouer !

Que dire alors d’un album qui semble avoir été enregistré dans l’unique but de se faire plaisir, et qui, à l’arrivée, nous offre tant de plaisir musical ? Comment remercier un musicien qui nous a déjà tant donné, et qui continue à le faire en toute humilité, avec cet incroyable talent qu’on lui a toujours connu ?
C’est simple. Il suffit d’écouter Nono avec son cœur, en mettant de côté toutes nos attentes, et de l’apprécier pour sa musique honnête, mais jamais simpliste, pour sa bonne humeur contagieuse, et pour sa diversité incroyable. Il est certain que bon nombre d’entre vous ne comprendront pas mon enthousiasme, mais c’est aussi cela la musique.
Un bonheur simple.