MASAKARI (usa) - The Profit Feeds (2010)
Label : Southern Lord
Sortie du Scud : 28 juin 2010
Pays : Etats-Unis
Genre : Crust
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 28 Mins
Voici un album qui a fait le buzz, pas seulement parce qu’il relève de l’excellence, mais aussi parce que sa sortie a été émaillée d’une erreur de frappe digne de celle qui a popularisée la présence abondante et erronée de fer dans les épinards. J’imagine bien la tête du groupe, circulant dans les rayons des bons disquaires US et réaliser avec consternation que son album, qui devait se retrouver à la base classé sous le nom The Prophet Feeds (ce qui expliquerait bien cet artwork au goût douteux) figurer finalement sous l’appellation The Profit Feeds. Une invraisemblable faute de frappe qui, visiblement, n’a pas empêché ni même repoussé la sortie de cet opus, premier full-lenght pour la bande de Cleveland qui se revendique ouvertement proche du mouvement Punk à la japonaise mais également du Grindcore local et, on le comprend mieux après s’être enfilé la galette, du Crust.
Car véritablement, c’est de ce mouvement dérivant du Punk et du D-Beat que se rapproche le plus MASAKARI. Visuellement, ça ne paie pas de mine. Je dirais même que c’est assez laid et c’est un Benoit XVI aux traits momifiés qui fait les frais de cette farandole de mauvais goût. Mais une fois le compact-disc ingéré par le lecteur, il faut bien reconnaître que les américains mettent tout le monde d’accord. On atteint très rapidement un degré d’intensité extrêmement élevé. En se basant sur un Crust écorché, vivace et rehaussé d’une subtile pointe de Grind, MASAKARI nous scotche les tympans en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. L’album se scinde en deux parties bien distinctes. Sur la première, composée des cinq premiers titres, la rage et la haine sont palpables et se matérialisent au travers de créations rapides, corrosives. Il y a cette volonté de taper fort et si en plus ça peut faire mal, pourquoi se gêner ? Cette entrée en piste est un violent cataclysme qui ne laisse pas l’ombre d’une chance. Et c’est forcément impressionné par cette masse de notes sournoises et homogènes qu’on aborde « XIV The Voiceless », qui marque un tournant discret dans l’écoute du disque. Les tempos s’alourdissent subitement, on retrouve une certaine forme de mélodie, une forme de cohésion qui n’était pas aussi présente auparavant. MASAKARI lève le pied et s’oriente vers quelque chose de plus complexe, plus travaillé. Tout en restant le MASAKARI brut de décoffrage qu’on a connu au début, comme l’en atteste « XIII Rise Or Fall » avec son intro brutale aux limites de la décence et son final sous forme de breaks pachydermiques, le tout en moins de deux minutes, montre en main. Comment enfin, ne pas parler succinctement d’« Outro », une conclusion absolument épique aux guitares effrénées qui n’est pas sans rappeler HELLMOUTH couplé avec KYLESA. C’est un univers très noir que nous décrivent ces petits mectons venus de l’Ohio. Derrière une pochette qui se voudrait presque ironique et une sortie mouvementée par ce gag de transcription se cache un discours sérieux et grave, mis en scène par une musique violente qui l’est tout autant.
Mieux vaut éviter de prendre The Profit Feeds à la légère, car sans qu’on s’en rende compte, il vous broiera le crâne et vous fera regretter l’époque bénie où votre mère vous donnait le sein. J’ai peut-être fait l’erreur de sous-estimer ce disque, comme je sous estime parfois le mouvement Punk et ses dérivés. Mais aujourd’hui je constate que je suis perpétuellement dans l’erreur et l’expérience vécue et partagée avec MASAKARI ne s’apparente pas qu’à un signe du destin. Mais ça, il vous faudra l’entendre pour le croire.
Ajouté : Mercredi 27 Juillet 2011 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Masakari Website Hits: 7966
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