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WOODS OF DESOLATION (au) - Toward The Depths (2008)






Label : Dark Adversary Productions
Sortie du Scud : décembre 2008
Pays : Australie
Genre : Black Metal
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 47 Mins





Dernièrement, l’Australie a été témoin de la naissance d’une scène Black Metal de qualité en ses terres. Pour preuve, début 2007, AUSTERE, sortait un très bon premier effort. Dans l’ombre, un autre groupe guette depuis 2005 l’instant propice pour dévoiler son potentiel. Ainsi, après quelques splits et démos, WOODS OF DESOLATION décide enfin de réaliser son premier album : Toward The Depths.
Si ces formations sont plus considérées comme appartenant au Black Dépressif, ce n’est clairement pas la prétention de notre combo, en dépit du son très brut qui l’en rapproche sans conteste. D., tête à penser du groupe ne disposait, en fait, pas des moyens d’enregistrement et de production nécessaires pour mettre sa musique plus en valeur. Qui plus est, les pistes ont toutes été improvisées, sans travail d’écriture ; ce qui lui permet de s’exprimer spontanément et honnêtement, sans contraintes, mais n’épargne pas quelques accrocs. Peu de paroles se placent au sein des titres, le ressenti étant focalisé sur l’instrumentation.
D’entrée, les guitares prennent de court. Saturés à l’extrême, les riffs entrent dans des boucles infinies, créant un son très dense, ainsi que d’immenses fresques désolées. Ils ne se montrent pas, pour autant, insupportables et glissent des mélodies dans leur brouillard métallique, menant à un aspect plus épique. Le jeu des cordes, tout au long des morceaux, évolue en célérité, devenant presqu’hypnotique lorsque seule l’instrumentation se fait entendre. Petit à petit les guitares se montrent plus intenses, enveloppant davantage l’auditeur au sein de leur morne épopée. Tout en gardant ce côté oppressant, les mélodies se révèlent prenantes, de par leur profonde mélancolie lentement instaurée. Le mélange est donc mystérieusement envoûtant et, parfois, quelques arpèges déprimés s’incrustent dans les morceaux. Un titre plus court, tel que « A Time Of Eternal Darkness », voit ses riffs s’accélérer, et se répéter sur diverses tonalités sans installer de grande ambiance, mais demeurent poignants. Dans les compositions de l’Australien, les pauses sont rares, l’auditeur étant entraîné dans des vestiges sonores extrêmes, et n’ayant pas de répit. « Solitude (Part II) » est donc un repos de fortune, poursuivant l’instrumentale acoustique initiée sur la seconde démo du groupe. Ses accords légers contrastent au cœur des saturations, tout en conservant un sentiment de solitude attristée, accentuée par la basse. L’ « Outro » de l’album, par contre, réemploie une guitare sèche avec pas mal de delay, mais n’est pas indispensable puisqu’elle discorde avec les compositions précédentes.
Le chant arraché que délivre P. Knight, quant à lui, s’implante dans le fond sonore, comme une voix hantant les morceaux. Une impression renforcée par les lignes chuchotées très peu distinctives que l’on peut trouver sur « Toward The Depths ». Bien qu’il ne ressorte pas du mieux possible, et reste tout de même brut et plutôt classique, le chanteur réussit à s’accorder à la teneur de l’instrumentation. Les hurlements sont déchirants et laissent ressentir une certaine souffrance, s’immisçant entre les riffs accablants telle une ombre sinistre. Toutefois, ces vocaux tourmentés ne sont pas malsains, plutôt pesants. Sur la dizaine de minutes à laquelle culminent deux des pistes, les cadences sont nuancées, tandis que P. Knight se lamente avec tout le désespoir dont il peut faire preuve. Plus crachant sur les plages finales - sûrement à cause de la faible production - le chant emplit efficacement « Woods Of Desolation » de lignes fantomatiques.
Les deux musiciens se partagent la basse, laissant frémir quelques accords pour opacifier l’atmosphère davantage. Lourde, elle arrive à percer les titres saturés manquant de discernement entre les différents instruments (« They Will Never Leave Their Tormentor »). Ce côté amateur du rendu permet d’avoir une noirceur palpable. La batterie en pâtit tout de même puisque seuls les toms sont audibles, frappant régulièrement la procession de cette étrange féérie. Lors des allures plus agitées, les percussions s’ébranlent, suivies des accords groovy de la basse. Cependant, les cadences ne font pas dans l’ultra-violence haineuse mais symbolisent une épopée mouvementée. De ses heurts solennels, D. impose le métronome auquel l’auditeur se raccroche pour ne pas sombrer dans la déferlante des guitares. Au final, la batterie se devine plus qu’elle ne s’entend, toujours ponctuée d’une basse vibrante. Quelques rares breaks se manifestent pour faire ralentir et languir des tempos déjà medium, avant que les fresques de cordes ne déferlent à nouveau. Par exemple, sur « When The Frost Comes Falling Down... », les percussions s’éclipsent totalement lors de la coupure, laissant la main pleine à la domination des guitares.
WOODS OF DESOLATION frappe un grand coup dans le paysage du Black Metal, délivrant un premier album époustouflant. Dominé par des guitares aux saturations aussi dantesques que fascinantes, Toward The Depths se teinte de désolation et entraîne l’auditeur dans un cheminement émotionnel et atmosphérique au nom de la solitude, auquel seule la production brouillonne fait défaut. Entre riffs mordants et chant irréel, le disque est une franche réussite et développe davantage cette nouvelle scène australienne, riche en surprises.



Ajouté :  Mercredi 14 Septembre 2011
Chroniqueur :  CyberIF.
Score :
Lien en relation:  Woods Of Desolation Website
Hits: 8322
  
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