EDGUY (de) - Age Of The Joker (2011)
Label : Nuclear Blast
Sortie du Scud : 26 août 2011
Pays : Allemagne
Genre : Metal Rock
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 65 Mins
Tobias Sammet n’arrête jamais. A peine perturbé par l’échec artistique du Tinnitus Sanctus d’EDGUY (2008), le garçon nous a fait passer par toutes les émotions possibles en 2010, sautant du prodigieusement réussi (The Wicked Symphony d’AVANTASIA) au passablement bâclé (Angel Of Babylon). A peine le temps de se remettre en question, au moins 5 minutes, Tobi s’est attelé à la réalisation du neuvième album (et oui, déjà …) de son groupe initial.
Vu le niveau de suffisance et de prétention atteint sur Tinnitus Sanctus, il n’est pas bien difficile d’apprécier son successeur nommé Age Of The Joker. Et si l’on se contente d’un constat prématuré, d’une analyse à peine poussée, les raisons qui peuvent donner lieu à une descente en flèche sont assez nombreuses. La première, et elle pourrait jouer des tours aux Edguys dans les années (mois ?) à venir, c’est que Tobias Sammet se la pète … Oh bien sûr, voilà une attitude qui n’a que peu d’incidence sur la musique, encore que, on ne sait pas trop finalement, mais le petit teuton a endossé le parfait costume de la Rock Star orgueilleuse, savant mélange de Steven Tyler et David Lee Roth. Forcément, voilà qui explique pourquoi on entend désormais parler de « Stadium Rock » à la simple évocation du nom EDGUY …
La deuxième, c’est que ce petit gars reste persuadé qu’il peut tout faire tout seul, composant dans son coin la majeure partie … euh, non, l’intégralité de Age Of The Joker, laissant très peu de place à ses camarades pour s’exprimer. Un égoïsme d’autant plus regrettable que ses guitaristes Jens Ludwig et Dirk Sauer ont déjà prouvé par le passé qu’ils avaient des choses à dire (« Out Of Control », « Jerusalem », « Mysteria », etc …). Sans parler de l’audace affichée par le père Ludwig lorsqu’il s’enflamme à jouer du Rock sudiste comme peu savent le faire (« Pandora’s Box »).
La troisième, c’est qu’EDGUY (et surtout Sammet) fait aveuglément confiance au producteur Sascha Paeth. Si la renommée de ce dernier se veut largement justifiée de par son métier et la qualité de ses productions précédentes, on n’osera pas, cette fois-ci, qualifier le résultat de probant. Age Of The Joker manque de puissance et souffre de la comparaison avec n’importe quelle galette actuellement disponible dans le genre. Quant aux guitares d’EDGUY, elles ont perdu de leur tranchant. Elles sonnent, bizarrement (ironie), plus « Rock » que « Metal ». On ne peut pas tourner le dos au Heavy Metal sans sacrifier les six-cordes …
La quatrième, c’est que Tobi ne sait vraiment plus écrire une ballade. Il faut croire qu’aussi longtemps durera la carrière du quintet germanique, le fan ultime écoutera à jamais « Scarlet Rose » (Vain Glory Opera) avec une certaine nostalgie. Parce que le dernier titre, « Every Night Without You », ressemble à s’y méprendre à du remplissage plein de guimauve …
La cinquième … Non, on va arrêter là.
Dresser une liste de défauts à Age Of The Joker ne servirait à rien.
Oui, Age Of The Joker présente 100 000 raisons de s’endeuiller des monstrueux Mandrake ou Hellfire Club. Oui, EDGUY a changé, EDGUY vise plus large, il faudra s’y faire. Car, en dépit de ces reproches dignes d’un fan de 15 ans, il faut reconnaître qu’en 2011, EDGUY se sent mieux comme ça et fait comme il l’entend. Même avec un leader ouvertement pris de melonite aigue, les mecs d’EDGUY ne se prennent toujours pas au sérieux, et c’est tant mieux, d’où un clip décalé, drôle et lourdaud, pour « Robin Hood » avec en guest le comédien allemand Bernhard Hoecker, un Mister Bean en puissance et hilarant.
« Robin Hood » ou le retour des titres épiques d’EDGUY. L’ode à Robin des Bois ouvre le bal et EDGUY marque des points : l’orgue rappelle « Tears Of A Mandrake », le refrain et ses chœurs font mouche, ça démarre fort. Il en est de même avec « Nobody’s Hero », sur un rythme plus rapide et des riffs béton, sorte de bâtard improbable de « Mysteria » et « Lavatory Love Machine », qui donne un effet original même si le thème abordé n’a rien de nouveau (souvenez-vous, « We Don’t Need A Hero » sur Hellfire Club).
Au bout de deux chansons, il n’en faut pas plus pour comprendre que Sammet a retrouvé la formule pour pondre des refrains marquants, comme un antidote à la malédiction touchant Tinnitus Sanctus. Soutenu par ses copains Oliver Hartmann, Cloudy Yang ou Thomas Rettke, Toni s’en donne à cœur joie et voilà qui apporte un plus aux « Breathe », « Two Out Of Seven » et autres « Pandora’s Box ». Certaines sonorités nouvelles, comme ce clavier (trop ?) mis en avant sur « Two Out Of Seven » ou « Breathe », peuvent surprendre et passer pour du mauvais goût. Mais, on l’a déjà dit, EDGUY vise plus large et étend son répertoire. De façon outrancière, certes …
On aime ou on n’aime pas. Cela aurait pu sonner comme du Power Metal mélodique à l’ancienne, il n’en est rien. EDGUY joue du EDGUY. Il n’y qu’EDGUY qui ose mixer le groove d’AEROSMITH, le Rock sudiste et une mélodie à l’ancienne pour pondre « Pandora’s Box ». Il n’y qu’EDGUY pour nous faire danser sur des notes celtiques pendant un « Rock Of Cashel », nous ramener aux heures de gloire de Mandrake tout en flirtant avec DEEP PURPLE (« The Arcane Guild »), rendre hommage à MAGNUM et autres groupes des années 80 (« Fire On The Downline », d’ailleurs, on pense même à Malmsteen et son Odyssey …), avant d’oser un deuxième titre épique de plus de 8 minutes (« Behind The Gates To Midnight World »).
Et puis, Tobias Sammet peut s’estimer heureux d’être secondé par un talentueux et mésestimé guitariste soliste, en la personne de Jens Ludwig. Si le brun six-cordiste peine parfois à dissimuler ses influences (on distingue aisément l’aura satrianesque pendant le solo de « Behind The Gates To Midnight World »), il s’affirme, album après album, comme l’un des éléments indispensables du quintet, embellissant ici la majorité des titres de ses interventions inspirées.
Avec Age Of The Joker, EDGUY ne fera pas que des heureux, mais prouve néanmoins que le combo germanique et son leader assument à 100 % leur nouvelle orientation musicale, piochant par ci, empruntant par là. Et dans la mesure où tout est accompli avec plus de conviction et de talent que sur Tinnitus Sanctus, voilà qui se montre plutôt rassurant sur l’état de santé d’EDGUY. Et puis il chante quand même bien, ce Tobi …
Ajouté : Mercredi 21 Septembre 2011 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: Edguy Website Hits: 10162
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