CHARLES MANSON : Magie Noire, Manipulations Mentales & Mythologie (2011)
Auteur : Adam Gorightly
Traduction : DWF
Langue : Français
Parution : 16 septembre 2011
Maison d'édition Française : Camion Noir
Nombre de pages : 348
Genre :
Dimension : 15 x 21 cms
ISBN-10 : 2357791403
ISBN-13 : 9782357791404
Encore un livre sur Charles Manson ? Une énième étude sur les meurtres de Cielo Drive et la communauté de Spahn Ranch ? Encore un pamphlet anti-libertaire basé sur les écrits faisandés de Bugliosi ? Ou au contraire une compilation de thèses de la conspiration occulte du binôme CIA/Mafia ?
Un peu de tout ça à vrai dire. Mais surtout, rien de neuf, mis à part quelques digressions finales qui recoupent des éléments obscurs et passés sous silence.
CHARLES MANSON: Magie Noire, Manipulations Mentales & Mythologie, est en quelque sorte à mi chemin entre le Helter Skelter de Bugliosi et The Manson Files de Nikolas Schreck. Adam Gorightly, spécialiste de la contre-culture des 60’s, a déjà à son actif des ouvrages sur James Shelby Downard, pourfendeur notoire de la Franc-Maçonnerie, Kerry Thornley, proche de Lee Harvey Oswald, ainsi qu’une étude fouillée sur les divers courants occultes des sixties.
Autrement dit, l’homme connaît son sujet, et traque, fouille, analyse depuis des années la part sombre des cultures ayant jonché cette décade décidemment bien mystérieuse.
Et ses deux ouvrages basés sur l’histoire de la Family en font un commentateur précieux, dont il convient de lire les livres avec la plus grande attention.
Ce nouvel essai sur la mythologie de la Family, ses liens avec la magie noire et la manipulation mentale renvoie bien sur à des études antérieures basées sur l’implication du gouvernement, de la CIA, dans l’étouffement de la contre culture, et la manipulation chimique basée sur la découverte du LSD et son utilisation dans les techniques de l’hypnose. Mais ceci ne concerne que les derniers chapitres de ce livre.
Nous avons droit en premier lieu bien sur, à un historique du développement de la « Manson Family », de la libération de prison à la fin des années 60 de Charlie, aux tueries qui l’ont malheureusement rendu célèbre d’une façon qu’il n’avait pas envisagée.
A travers cet énième portrait brossé comme bon nombre de ses prédécesseurs, Gorightly ne manque bien sur pas de souligner toutes les connexions entre la famille – via Manson – et tous les groupuscules occultes ayant acquis une certaine importance dans les années 60, de l’OTO à l’Eglise de Satan. On sait que Manson s’était constitué une philosophie imprégnée des théories vaseuses de Ron Hubbard et la dianétique, de la Bible, mais aussi des bribes de magie noire. La mixture prit des allures de raout imbuvable dont il se servit pour fédérer la jeunesse américaine des 60’s, et ainsi s’assurer un contrôle lui permettant plus facilement de se livrer à ses activités favorites, le deal, le vol de voiture, et autres tendances criminelles diverses.
Le bouquin d’Adam Gorightly est redoutablement bien construit, et se plait à s’amuser avec le lecteur. Pour peu que vous soyez un tantinet familier avec l’histoire de Charles Manson et la Family, ainsi qu’avec l’Amérique des 60’s, vous vous sentirez rassurés par la première partie, factuelle et restant dans la ligne du « parti ». On se croit même par moment en plein milieu d’une plaidoirie de Bugliosi ou d’un discours de Nixon. Mais le jeu de piste dans lequel l’auteur se plait à nous perdre est beaucoup plus complexe qu’il n’en a l’air. Un peu à l’image de la personnalité qu’il essaie de dévoiler le long de ces 348 pages.
En effet, la structure de l’ouvrage de Gorightly est en fait basée sur une progression qui nous enfonce petit à petit dans le doute, si tant est que nous en ayons encore. Il lève le voile sur bon nombre d’interactions étranges entre Manson et des institutions militaires et gouvernementales US, spécialisées dans le contrôle des esprits et la manipulation mentale.
En piochant dans les nombreuses théories échafaudées par la conspirationniste Mae Brussel, il associe Manson à d’autres figures du « crime » qui ont traversé l’histoire des Etats-Unis, tels Chapman, Berkowitz (dont le surnom « Son Of Sam » viendrait en fait du contrôle exercé sur sa volonté par l’armée US), Sirhan Sirhan (le meurtrier de Bob Kennedy), et les présente tous comme d’éventuelles victimes de puissances (CIA, cartels, Mafia) désireuses d’abattre tout ce qui risquait de bloquer leur route.
Alors, si bien des théories finales semblent parfois tirées par les cheveux, et tout droit sorties de l’imagination des scénaristes d’X-Files, on ne peut s’empêcher de réfléchir, sauf si, bien sur, on a depuis longtemps admis que Manson n’a été qu’un bouc émissaire, celui a qui le gouvernement US a fait porter le chapeau de la fin des mouvements libertaires, « l’homme qui a tué les 60’s ».
Si cette histoire vous fascine, et que vous êtes désireux d’en savoir plus d’une manière condensée mais habile, ce livre est fait pour vous. Il vous offrira un résumé de toute cette sinistre histoire, en vous gratifiant de pistes à suivre si vous désirez approfondir le sujet.
Et si vous êtes comme moi et Nikolas Schreck, convaincus depuis longtemps de l’innocence du bonhomme, vous passerez quand même un bon moment tant le style de l’auteur est fluide et agréable.
Ajouté : Jeudi 22 Mars 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Camion Noir Website Hits: 75209
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