NINE ELEVEN (FRA) - Richard (Mai-2012)
Quelques mois après la sortie de leur très bon dernier opus Le Rêve De Cassandre, les tourangeaux de NINE ELEVEN paraissent plus en forme que jamais et arrivent pour vous distiller leur Hardcore énergique et rageur exécuté de main de maitre par ce combo d'excités. Malgré moult choses à faire, Richard, guitariste au sein de la formation, a pris le temps de répondre à nos questions et je l'en remercie grandement. C’est parti !
Line-up : Simon (chant), Jeff (guitare), Richard (guitare), Vince (basse), Julien (batterie)
Discographie : King For A Day, Ghost For A Lifetime (EP – 2006), Use Your Disillusions (album – 2007), City Of Quartz (album – 2009), Le Rêve De Cassandre (album – 2012)
Metal-Impact. Peux-tu nous présenter un peu l'histoire de NINE ELEVEN, formation, discographie, line-up ?
Richard. En quelques mots et pour te résumer brièvement notre parcours, ça fait 6 ans que l’on existe. On a joué entre 400 et 500 concerts dans plus d’une trentaine de pays, sur trois continents, sorti 1 EP (King For A Day, Ghost For A Lifetime) en 2006, 3 albums (Use Your Disillusions en 2007, City Of Quartz en 2009 et Le Rêve De Cassandre en 2012), avec plein de potes qui ont quitté / rejoint l’aventure durant ce laps de temps, en fonction des envies et des choix de vie qui ont déterminé le changement de couleur du line-up.
MI. Quelles sont vos principales influences niveau musical ?
Richard. Le new-school Hardcore 90’, le Crust du début des années 2000 (CATHARSIS et REMAINS OF THE DAY), le old-school HxC des 80’, des trucs de Punk / Rock actuels (SOCIAL CIRCKLE, NIGHT BIRDS) et plein d’autres choses (Hip-Hop, Post-Rock, Trip-Hop) qui ne rentrent pas forcément dans le catalogue des "musiques extrêmes".
MI. Explique nous pourquoi avoir choisi le nom de NINE ELEVEN ?
Richard. Car comme l’expliquait si bien un ricain avec qui on a eu l’occasion de s’entretenir en 2010, le « 11 Septembre » détermine à l’heure actuelle 9 décisions sur 10 sur le plan de la politique internationale ; et à peine moins dans le cadre des politiques sécuritaires nationales, justifiant l’ingérence de plus en plus affirmée du pouvoir dans la vie privée de l’individu, et dont il redéfinit de manière permanentes les frontières de ses libertés personnelles.
A côté de ça, et en prenant du recul sur la réalité historique de nos sociétés, tu remarques que des « 11 septembre » sont disséminés ici et là depuis un siècle, recouvrant la définition que l’on donne à l’heure actuelle du terrorisme, sans qu’ils en soient devenus le symbole. Le 11 Septembre 1973 chilien en est l’exemple parlant.
Cela pose ainsi la question le rôle des médias dans l’interprétation, ou la définition même de la réalité du « terrorisme » que l’on voit draguer symétriquement celle du « sécuritaire ».
MI. Vous en êtes donc à votre troisième album. Peux-tu nous en dire plus sur l’évolution du groupe et la manière dont les compos voient le jour entre chaque album ?
Richard. On fait tout au feeling. On ne se colle pas de limites ou de frontières à un genre déterminé, à des pseudos standards ou diktats stylistiques. Servir la même soupe que les autres ne nous intéresse pas. Retaper la même recette à chaque album ne nous intéresse pas non plus. On évolue naturellement avec chaque album vers ce qui nous cause musicalement le plus. La dynamique d’écriture tient à celle du line-up certes, mais aussi et surtout aux progrès musicaux que l’on fait peut être entre chaque album. Après cela reste aussi subjectif.
MI. Vous revenez du Canada où vous êtes partis en tournée, un exercice que vous maîtrisez assez bien, car vous êtes souvent partis. Quels pays vous a le plus marqué par leur façon de vivre la musique, leur accueil, les contacts ?
Richard. Franchement, on ne peut pas te dresser une liste des « bons » et des « mauvais » pays où jouer. On ne va pas te balancer la litanie consensuelle du « ah mais c’est trop bien partout, kikoo le monde rose bonbon de la scène indé / extrême, trop cool ». On va donc te répondre entre les deux [Rires]. En gros, chaque pays, chaque région du monde a développé son propre rapport à ce type de musique, ses codes, ses valeurs et ses contradictions dans le rapport qu’il entretient avec elle. Et cela va aussi pour leur hospitalité, la manière dont les gens échangent entre eux, nouent des contacts avec toi. Donc à chaque fois tu te retrouves dans un contexte différent (lié à la culture, au climat politique du moment aussi) que tu appréhendes aussi de manière différente, selon tes habitudes, ta culture et tes aspirations individuelles. A titre personnel, j’ai vraiment kiffé la tournée malaisienne – indonésienne – thaïlandaise de 2010. Après, en Europe y’a de super coins où jouer aussi !
MI. On va parler de votre dernier né, Le Rêve De Cassandre. Raconte-nous de quoi parle cet album, la signification de l'artwork et des lyrics...
Richard. Comme on le disait dans une interview antérieure à celle-ci, l’histoire questionne le « Nine Eleven » comme symbole et, plus encore, comme mythe fondateur du monde moderne post-Guerre froide. Et elle s’articule autour de la sainte trinité qui vaut pour tout insoumis qui se respecte à l’heure actuelle : piratage, mutinerie et sédition. Après, les versions française – anglaise sont disponibles ici : http://lerevedecassandrelyrics.blogspot.com. Car rien ne vaut le fait que de se faire son propre avis.
MI. Depuis City Of Quartz, votre musique a encore évolué, elle a mûri avec encore un son différent. Peux-tu nous expliquer pourquoi et comment votre musique évolue aussi rapidement ?
Richard. A force de jouer, de tourner, de ne pas vouloir sombrer dans la monotonie de l’exécution d’un style bien défini, de resservir toujours la même soupe. Au fur et à mesure que t’avances, ce à quoi tu aspires musicalement se précise de plus en plus. Cela concerne à la fois le son, l’esthétique musicale, la manière dont tu veux faire sonner ton bordel et comment il sera de plus en plus fidèle à ce qu’il véhicule. C’est à la fois humain et musical. L’un ne va pas sans l’autre, à notre avis.
MI. J'ai parlé plus haut d'influences musicales, mais qu’en est-il de vos autres influences ou convictions ? Celles qui vous donnent envie d’écrire et vous donnent des choses à dire. Ce sont lesquelles ?
Richard. On te répondra en citant l’épilogue du « Rêve De Cassandre » :
“Between us, who can believe this world is worthy of love ?
What is the use in loving a thing which condemned itself to hatred ?
God acts so that this world always comes down to this.
And till the end, he’ll enjoy letting hell thrives on each side.”
MI. C'est quoi la suite pour NINE ELEVEN ? Tournée? Re-album ? Participation à des festivals? Reconversion dans le Death Metal ?
Richard. Au moment où l’on te répond, on est sur la route de l’Espagne (9 dates là bas et 2 en France, à l’aller et au retour), on enchaîne avec quelques dates françaises avant l’été, et on repart avec AUSSITOT MORT pour une quinzaine de concerts en centre Europe. D’ici la fin de l’année on repart pour un mois en Europe de l’Est essentiellement (Russie, Ukraine, Belarus, Pologne, Grèce, etc…), et peut être en Asie du Sud-Est. Pour la suite, on verra… Peut être l’enregistrement d’un EP à la mi-2013. Quoiqu’il arrive si reconversion dans le Metal il y a, ça ne sera pour marcher sur les pas de DARKTHRONE, sinon ça ne sert à rien !
MI. Quel rapport entretiens-tu avec la scène Metal ? Vous êtes passés à l'affiche du Motocultor il y a quelque temps. Bonne expérience ?
Richard. Speed mais cool ! Sinon le rapport avec la scène Metal... pas pire, pas mieux qu’avec la scène Hardcore ou Punk.
MI. Je te laisse le mot de la fin si tu as quelque chose à ajouter comme par exemple tes disques et livres du moment…
Richard. CATHARSIS : « Passion » et « Samsara »
MINOR THREAT : Toute la discographie
LUNATIC : « Mauvais œil »
BAVAR – EKOUE : « Nord – Sud – Est – Ouest Vol.2 »
FUGAZI : « Instrument »
PROPAGANDHI : « Today’s Empires, Tomorrow’s Ashes »
MEDINE : « Arabian Panthers »
REMAINS OF THE DAY : « Hanging On Rebellion »
I AM A CURSE
NOUS DANSERONS SUR VOS RUINES
Quant au bouquin que tout black métalleux qui se respecte comme misanthrope, nihiliste et destructeur du monde moderne doit lire : « Le Manifeste de l’Unabomber » de Théodore Kaczynsky.
Ajouté : Mardi 03 Juillet 2012 Intervieweur : Nekkro Lien en relation: Nine Eleven Website Hits: 12352
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