2003, 2006, 2011.
On ne peut pas dire qu’ EVANESCENCE soit le quintette le plus productif du monde. Trois albums en huit ans, c’est limite DEF LEPPARD, mais pas encore GUNS N’ROSES. Il faut vraiment qu’un groupe soit à ce point sur de l’amour de ses fans pour se faire aussi rare. Mais après tout, ne dit on pas que ce sont les choses qui se font attendre que l’on désire le plus ?
Bon alors, mettons tout de suite les choses au point. Les rageux, les méchants, les vilains qui vilipendent la bande à Amy Lee sous prétexte qu’une horde d’ados les suivent aveuglément, passez votre chemin. Après tout, c’est le genre d’attitude qui condamnait d’avance des gangs comme NIRVANA, SLIPKNOT, RAMMSTEIN, ou MY CHEMICAL ROMANCE, j’en passe et des beaucoup moins notables. Ce qui ne les a pas empêchés de nous livrer des albums somptueux. Et que celui qui n’a jamais dégusté Nevermind me jette le premier badge !

Car depuis le mondialement acclamé Fallen, et son single porteur « Bring Me To Life », EVANESCENCE jouit d’une côte de popularité immense, qui n’a point fléchi après la livraison de The Open Door il y a cinq ans. Des disques vendus par palettes entières, ça n’incite pas à changer de style, surtout quand on maîtrise celui-ci à la perfection. Alors inutile d’attendre de cette nouvelle offrande de l’expérimentation à outrance. Là n’est pas le propos. Et même si on pourrait croire d’ailleurs à la vue de ce nouveau LP qu’EVANESCENCE se la joue profil bas, il n’en est rien. Exit la grandiloquence du graphisme de The Open Door, ici, la sobriété est de mise, de la pochette épurée au titre éponyme. Bizarre au premier abord, mais pas tant que ça après quelques écoutes. Les cinq musiciens ont décidé de faire parler la musique, et rien d’autre.
Alors bien sur, un son énorme, ample, généreux et brillant. C’est la moindre des choses. Une Amy Lee en voix, très en voix, mais pas de celles qui gueulent à tort et à travers, non, puissante juste ce qu’il faut, et veloutée quand ralentit le tempo.
Et surtout, des tubes potentiels, de ceux qui affolent les charts ou font le bonheur des soundtracks de tout poil. Une pleine marmite. Concoctés avec amour et précision. Certes, rien ne dépasse et cela semble parfois un peu trop calibré pour les médias, « aseptisé » diront certains, mais je crois qu’à un certain degré de pratique, on peut se permettre d’appeler ça du professionnalisme. Il suffit d’ailleurs pour s’en convaincre d’écouter le triptyque d’ouverture, « What You Want » ses syncopes addictives et ses gimmick vocaux, le plutôt dur « Made Of Stone » et son riff décalqué sur un titre de MADINA LAKE, et « The Change », traditionaliste mais parfaitement exécuté.
Peu de grandes surprises c’est un fait, juste de bons morceaux qui vont sans aucun doute faire le bonheur des fans, même si certains d’entre eux regretteront la fraîcheur de Fallen à n’en point douter. Mais les nappes de clavier superposées aux gros licks de guitare sont désormais quasiment une marque de fabrique inaliénable du groupe, et lorsque cette machine tourne à plein régime, nous avons droit à de franches réussites tels « Erase This », ou encore « My Heart Is Broken ».
Et quand le moteur fait monter l’aiguille dans les tours, la six cordes se fait lourde et écrase tout sur son passage (« Sick », « Oceans », et bien sur « Made Of Stone »). Ca tourne parfois un peu à vide il faut l’admettre, comme à l’occasion du très réchauffé « Say You Will » qui se contente d’appliquer à la lettre le cahier des charges, mais la ballade de rigueur (qui clôt d’ailleurs l’édition simple), est très jolie et complète à merveille le tableau.

Bon.

Certains vont me dire : « Attends, tu files 8/10 au dernier PRIMUS, et tu mets la même note à EVANESCENCE ???? »

Oui et c’est logique. Car je ne compare pas EVANESCENCE avec qui que ce soit d’autre, mais je ne les juge que par rapport à eux même. Ce qu’ils sont capables d’offrir à leurs fans. Ce que je fais d’ailleurs avec n’importe quel groupe, en me moquant de savoir de quoi est constitué leur public. Et Evanescence, même s’il n’est pas le meilleur LP du groupe, est un bon cru. Et puis franchement, si vous voulez de l’aléatoire amateur enregistré sur deux pistes, vous n’écouterez pas cet album, n’est ce pas ?