TASTE OF TEARS (ch) - Once Human (2011)
Label : SAOL (Service for Artist Owned Labels) / H'Art
Sortie du Scud : 7 octobre 2011
Pays : Suisse
Genre : Death Metal progressif
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 55 Mins
Il était plus que nécessaire pour la scène suisse de prouver enfin son bien-fondé. Plus que d’aucun autre, ce pays a cette troublante particularité de souffler le chaud et le froid, proposant tantôt de grosses claques, tantôt de grosses désillusions. C’est comme partout vous me direz. Oui mais ! Il est de loin un des pays qui laisse le moins indifférent. Convaincus de la justesse de cette thèse, vous tombez ensuite sur un groupe comme TASTE OF TEARS qui se fait une joie de briser vos théories. Ceux-là, avec leur premier album Once Human, vont mettre tout le monde d’accord, j’en suis sûr. Il était temps pour eux, après deux démos sorties en 2004 et 2007, d’entrer dans la cour des grands. Et de quelle façon ! Oubliez les clichés sur le Death Metal traditionnel, car les suisses revisitent totalement le genre en lui injectant une vilaine dose de progressisme comme on n’en avait jamais entendu.
Le pire, c’est que ces garçons ne nous laissent pas vraiment le temps de mariner, de supputer, d’élaborer des scénarios complexes. « Ames Room » entre dans la danse et je peux dire que le mot « danse » est foutrement adapté à la situation. D’un groove et d’une finesse remarquable dans sa composition, cette ouverture est une fine partouze entre un Death membré à la suédoise et divers éléments pour le moins inattendus, tels qu’une voix claire. Oui, une voix claire ! Pas putassière ni auto-tunée, juste entêtante et lancinante, comme une douleur récurrente qui se réveille de temps à autre. Mieux encore, cette voix devient un chant sur « Phlegraean Fields » et je peux vous assurer qu’elle nous soustrait quelques frissons. On ne pouvait soupçonner pareil déferlement de maestria sur un disque qui était bien parti pour chavirer dans l’anonymat général. Alors quand je vous disais qu’avec les suisses, c’est tout ou rien, en voilà une belle preuve, puisque jamais Once Human ne montre le moindre petit signe de fébrilité ou de fatigue. TASTE OF TEARS possède l’étrange particularité de frôler l’exemplarité musicale, entre des riffs scolaires et des parties beaucoup plus travaillées, avec des sonorités techniques qui ne sont pas sans rappeler le travail de Monsieur Paul Masvidal. Et alors qu’on ne pensait plus être encore pris à contre-pied, voilà que les helvètes nous pondent des petites flatulences de saxophones qui font un peu vieux film newyorkais à la fin de « Profound Rain ». Sans vouloir dire qu’on n’a jamais entendu ça, il faut reconnaître la singularité et la qualité de l’exécution qui renvoie THE OCEAN à ses études. Autre particularité, la durée des compositions qui tutoient quasi-systématiquement les six ou sept minutes. D’où le côté progressif, qui oblige TASTE OF TEARS à assumer son statut, à toujours chercher le bon accord au bon moment et surtout, à mettre sous les feux de la rampe un diable de bon bassiste en la personne de Gion Alig, qui fait parfois cavalier seul derrière les autres et qui fait ronronner son instrument d’une façon unique. Brillant !
Brillant, comme cet album en fait. Sorti de nulle part… ou plutôt si, sorti de Suisse, soulignons-le encore et encore, il vous compresse le cervelet pour le réduire à l’état de bouillie informe. Riche d’idées, bouillonnant d’envie, de technicité et réalisé de main de maître, Once Human est, à une semaine de Noël, un beau cadeau. Il est de ces albums qui tombent en fin d’année comme un cheveu sur la soupe, qu’on n’attendait plus et qui sont là, bel et bien là. D’orfèvre !
Ajouté : Vendredi 03 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Taste Of Tears Website Hits: 12822
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