CALIBAN (de) - I Am Nemesis (2012)
Label : Century Media Records
Sortie du Scud : 6 février 2012
Pays : Allemagne
Genre : Metalcore
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 45 Mins
Les corps caverneux se gorgent de sang, le scrotum se rétracte, le membre triomphant double de volume, il semblerait que CALIBAN ait sorti un nouvel album. Auréolé d’une pochette absolument splendide et désiré par les attentes les plus érotiques, I Am Nemesis n’aura pas signé son entrée en jeu dans la discrétion. Et pour cause, le huitième album de nos allemands s’est déjà imposé comme un modèle de perfectionnisme et de longévité. Au-delà de toute l’expérience emmagasinée au cours d’une carrière riche en cholestérol, il ne faut pas oublier que CALIBAN, qui s’apprête à fêter son quinzième anniversaire, suscite presque autant d’émotion en cette année 2012 que lors de leurs prometteurs débuts. Les atermoiements The Undying Darkness et The Awakening sont définitivement derrière eux et avec I Am Nemesis, la troupe à Andy se tourne plus que jamais vers l’avenir, avec une sincérité sans égale, trahie par un regard embué.
Cet album est une bombe, non pas parce que les teutons ont atteint un degré d’intensité encore inégalé ou le nirvana artistique, mais parce qu’il est un cri de rage qui sort des entrailles de toute la scène allemande. Elle s’est jointe à CALIBAN, elle a réuni les forces en présence, les idées les plus judicieuses pour enrichir cet opus comme jamais ! Ça démarre avec « We Are The Many » et déjà, le prestige de la collaboration surprend. Andy, épaulé par Mitch de SUICIDE SILENCE et Marcus d’HEAVEN SHALL BURN qui se tirent la bourre sur une même piste et c’est tout le gratin des meilleurs screamers du monde qui pâlit de jalousie. Un partenariat judicieux, car il introduit cette galette avec une puissance totalement démentielle, sans compter l’excellente tenue de route de cette création au sens strictement musical du terme. « The Bogeyman », bien qu’œuvrant davantage dans la subtilité, possède aussi son détail croustillant avec des claviers additionnels signés Marcel Neumann, plus connu sous le nom de Marci, membre fondateur de WE BUTTER THE BREAD WITH BUTTER. Enfin, et j’arrêterais de vous bourrer le crâne avec ces quelques noms, on retrouve aussi « Kotsche » Koterzina, guitariste pour CALLEJON qui vient pousser la chansonnette sur « Open Letter » et « Modern Warfare ». La guest-list étant maintenant énoncée, on peut désormais se concentrer sur les aspects les moins bling-bling de cette rondelle. Constatons pour commencer que CALIBAN s’est refusé de suivre le chemin tracé par Say Hello To Tragedy, qui nouait encore quelques affinités avec leurs précédents et détestables efforts. I Am Nemesis dégage beaucoup de noirceur, dans l’intonation pessimiste d’un riffing flirtant avec le malsain, dans les vocaux clairs de Denis dont les refrains ne transmettent plus vraiment l’euphorie, dans la conception vicieuse de créations qui réfutent toute relation avec leur passé. Ce n’est pas un CALIBAN nouveau qu’on a devant soit, c’est un CALIBAN fier comme Artaban, sûr de son acte et arrogant de maitrise technique et collective. Ce Metalcore ne court pas les rues. Insaisissable comme Xavier Dupont de Ligonnès, aux limites du politiquement incorrect quand il s’agit d’intituler une chanson « Dein R3.ich » ou plein de témérité pour reprendre RAMMSTEIN, SIX FEET UNDER ou PINK FLOYD sur l’édition limitée, il s’épanouit à une vitesse échevelée. Marteau-piqueur sur la forme, critique cinglante et pertinente sur le fond, I Am Nemesis possède cette forme d’équilibre intérieur qui transmet une incroyable sérénité à l’auditeur. « The Oath », petite balade écorchée vive est un exemple particulièrement vibrant de cette quiétude qui agit comme un vasodilatateur. Déroutant.
Ce disque est un exploit, sonnant et trébuchant, car on attend rarement plus que du professionnalisme de la part de CALIBAN. Eux qui s’étaient brillamment relevés avec Say Hello To Tragedy devaient en toute logique soigner leurs dernières plaies avant de repartir au combat. Avec I Am Nemesis, les allemands signent une guérison plus radicale encore que Lazare de Béthanie. Cette œuvre aux contours presque parfaits ne peut pas être autre chose qu’un témoignage personnel de leur near-death experience. A tous les autres, continuez de douter.
Ajouté : Mercredi 22 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Caliban Website Hits: 12156
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