Avec leurs pochettes aussi belles qu’explicites, les italiens d’HOUR OF PENANCE ont développé au fil du temps une inimitié très graphique à l’encontre de la religion chrétienne. L’occasion pour moi de commencer ce papier en mettant en avant un visuel dont la constance et la qualité mérite bien qu’on s’y attarde un peu. Sur le fond, on se contentera de ça, puisqu’il faut bien un cheval de bataille pour tous. Plongeons maintenant au cœur de l’essentiel. Veine copie de BEHEMOTH pour certains, fine fleur du Brutal Death aventurier et intrépide pour d’autres, au final, on ne sait pas grand-chose de ces transalpins, sinon que leur musique d’une régularité exemplaire fait quelques vagues à intervalles réguliers. Avec leur cinquième album, Sedition, préparez-vous d’ores et déjà à une avalanche de Death distingué, aux effluves raffinées d’Amaretto.

Parce que oui, ça peut paraître incongru ou exagéré, mais ce Brutal Death a du sang bleu qui coule dans ses veines. Il dégage quelque chose d’auguste, d’intimidant et d’emphatique. Une certaine classe et une précieuse distinction dans cette façon de composer rendront cette œuvre respectable avant même qu’elle ne soit achevée. HOUR OF PENANCE use de bons mots et de pirouettes pour se sortir des situations parfois compliquées que réserve le Metal technique. A mi-chemin entre un SPAWN OF POSSESSION et un HATE ETERNAL, rehaussé parfois des timides tonalités baroques de leurs compatriotes de FLESHGOD APOCALYPSE, cet opus est effectivement représentatif d’une sédition. Il y a un côté vindicatif, rebelle et révolutionnaire qui s’échappe de la galette et qui assurément, est le principal carburant de leur énergie. Dans les riffs coupants, dans les quelques solis pleins de malice, dans les patterns de batterie très véloces, on distingue clairement le sentiment de hargne et de rage qui habite les italiens et qu’on leur connaît depuis bien longtemps. Seulement, il semblerait qu’ils viennent d’entrer dans une nouvelle dimension. Peut-être est-ce le résultat d’une grosse décennie d’activité, peut-être est-ce le challenge de surpasser l’excellent Paradogma de 2010, quoiqu’il en soit, Sedition atteint assurément un point de non-retour avec ses compositions carrées et explosives. La performance au micro et à la guitare lead de Paolo Pieri, forcément au centre de toutes les attentions après le départ de Francesco Paoli, est d’une générosité incroyable. Il ne fera pas oublier son prédécesseur, mais avec de telles qualités, HOUR OF PENANCE n’a pas perdu au change. Parmi les quelques tubes contenus dans cette fiole, impossible évidement de ne pas parler d’« Ascension », légèrement plus mid-tempo avec ses chœurs scandés et son introduction à cordes stridentes angoissantes façon Penderecki dans son « Threnody To The Victims Of Hiroshima ». Cette piste qui se démarque vraiment des autres valait bien son « big-up » personnalisé. Seul bémol, la durée de la rondelle qui peine à dépasser la demi-heure et qui rend l’ensemble malheureusement assez expéditif avec ce côté « emballé, c’est pesé » !

Ce sont finalement différents sentiments qui font la force d’HOUR OF PENANCE. Celui du devoir accompli prédomine et accompagne celui de la fierté d’avoir probablement écrit son disque le plus mûr et abouti. Un équilibre serein et une force tranquille règnent en archiducs sur un Sedition qui, plus que jamais, fera grincer quelques quenottes et satisfera pleinement les nombreux amateurs de violence sonore qui trainent leurs misérables guêtres dans nos pages.