ABYSSE, vous connaissez ? ABYSSE au Hellfest 2010, ça vous dit ? Quand l'impresario de KISS a fait sa crise craignant qu'ABYSSE se produise à la même heure, faisant de l'ombre à la bande de Gene Simmons. En 2012, pour laisser leur chance aux formations présentes le dimanche 17 juin, le combo de Cholet, bon joueur, se produira à la première heure au chapiteau The Valley, quand les métalleux n'auront pas encore émergé des limbes des vignes de muscadet cernant le camping.
Mais avant ce rendez-vous, replongeons-nous dans la genèse du groupe. L'énergie conjuguée du quatuor pendant 3 ans a été nécessaire à la venue du premier album En(d)grave la preuve de l'exigence d'ABYSSE dans la composition, les arrangements de leur univers musical. Leur première carte de visite, en 2008, se déclinait en un 2 titres Le Vide Est Forme qui a permis au groupe de rôder les premières compositions sur scène aux côté de KRUGER avec le hurleur Reno, (dans le bon sens du terme, je ne veux pas me fâcher avec Jérémy) et les voisins de Poitiers, HACRIDE avec son Death Metal, entre autres. On retrouve également ABYSSE sur plusieurs samplers, dont celui de Rock Hard d'avril 2012. Donc, pas d'excuse aujourd'hui.
Affichant le genre Metal Instrumental, le plus dur pour ABYSSE est de ne pas détourner les récalcitrants et de provoquer la curiosité et l'adhésion autour de leurs prestations. Le Hellfest est d'évidence une tribune de choix, cela a permis à certains de découvrir des groupes comme KARMA TO BURN, ainsi que MONKEY3, trio de Lausanne, qui sera également présent sur la même scène. MY SLEEPING KARMA, avec son Stoner Psychédélique instrumental a également ouvert les appétits l'an dernier. Un album de PELICAN circule pas mal non plus. Encourageons ABYSSE à surfer sur cette vague.
Intéressons nous à l'album maintenant. L'artwork maison est crédité à Sébastien, le batteur. L'utilisation des tâches de Rorschach, est une invitation, non pas à délirer, mais à voyager, donner libre cours à ses pensées, laissant à chacun la liberté de prendre la voie céleste au gré de son subconscient éveillé. La thématique de l'album est une allégorie à l'évolution des espèces chère à Darwin. Le visuel que l'on découvre également, celui d'un corps humain surmonté d'une tête de cerf, n'est pas sans rappeler le mythe d'Actéon, métamorphose du chasseur en cerf, source d'une inspiration inépuisable, entre mythologie, douleur et transcendance oscillant entre nature humaine et animale, scission entre le corps et l'esprit.
« Eagle Of Haast » nous invite dans ce voyage aux sonorités de Metal progressif mélodique, nous plongeant dans une introversion guidée par les plans déclinés par le combo avec une rythmique efficace, ligne sur laquelle se posent les arpèges de guitare.
Les formatages de ce titre, plus de 8 minutes, ainsi que celui de « Light For Wheke » conviennent parfaitement à ce genre musical. Libre à chacun de décliner les facettes qui s'imposent à l'esprit, le tout renforcé par les riffs et les soli qui témoignent d'une bonne maitrise technique.
Par contraste, « Mastodon » vous envoie au tapis, en un round de 3mn12, dans la catégorie poids lourd.
Dans l'écriture, et les arrangements, ABYSSE sait ne pas être excessif, les séquences se déroulent avec fluidité. Sur l'aspect progressif de leur interprétation, le parti pris est celui de l'humilité avant tout, pas de démonstration ultra-technique dans les soli, style donneur de leçons. Des qualités qui témoignent de la maturité du groupe et du plaisir à jouer ensemble, sans avoir la grosse tête.
La production et le mixage sont au rendez-vous pour valoriser la prestation de chacun, valeur ajoutée au travail acharné des membres d'ABYSSE.
Bref, en trois quart d'heure ABYSSE, avec son premier album transcende le genre, avec ses réminiscences prog/stoner. L'aficionado sait déjà que la scène hexagonale détient son groupe qui fait aujourd'hui référence. Non seulement, il faut suivre ABYSSE mais il ne faut plus leur lâcher les baskets. Dimanche 17 juin 2012, tout le monde à la messe, à Clisson. Qu'on se le dise !