NOCTURN DEAMBULATION (FRA) - The Grand Opening (2011)
Label : Wildness Records
Sortie du Scud : 24 mai 2011
Pays : France
Genre : Metal extrême burlesque
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 50 Mins
Trois mots pour résumer The Grand Opening : horrifique, théâtral et anticonformiste. Il ne vous en faudra pas plus pour dresser le décor. Et de décor, ici, il est bien question. Regardez bien cette pochette et vous aurez déjà une petite idée de ce que NOCTURN DEAMBULATION ambitionne. On y voit cette petite fille si mignonne avec ses grands yeux d’enfant, cette danseuse aux pas de ballerine, ce chapiteau haut en couleurs sur fond de noir et blanc, cet éléphant artificiel et surtout, ce nez rouge aussi amusant qu’inquiétant. Oui, car ne nous le cachons pas, un ticket pour le cirque réveille en nous cette excitation d’enfant impatient, mais aussi cette profonde angoisse de se retrouver dans le noir face à ce spectacle tout à fait étonnant et semblant sorti de l’imaginaire. En fait, ce qui se trame sous le chapiteau relève autant de la magie que de la sorcellerie … Et rire des pitreries d’un clown ne dissimule en aucun cas l’effrayante question : qui se cache vraiment derrière cette face grimée ? …
Afin d’en découvrir un peu plus, votre serviteur vous encourage à vous rendre sur le site officiel de NOCTURN DEAMBULATION, pour saisir le concept global développé par le groupe, avec notamment comme point central cet horloger, autrefois abandonné par ses parents, qui finit par contrôler le monde avec son armée d’automates. Une histoire qui rappelle à la fois certains contes pour enfants mais aussi le personnage de J.F. Sebastian (joué par William Sanderson) dans le Blade Runner de Ridley Scott. En bref, le groupe mené par Frédéric Modine (ex AND SUMMER DIES, chants, claviers, guitares, auteur et compositeur) possède son propre univers, et déjà une identité très forte malgré une discographie encore naissante (première démo en 2008 avec Specular Writing : Preliminary Before The Redemption). C’est pourquoi il s’agit pour votre serviteur de sa chronique la plus difficile à écrire depuis des lustres.
Musicalement, si NOCTURN DEAMBULATION se revendique de SLEEP TERROR, NECROPHAGIST, DEATH, ABIGAIL WILLIAMS, THE DILLINGER ESCAPE PLAN, ou même Pachelbel et Haendel, voilà qui vous donnera encore peu d’indice sur la diversité hors-norme de The Grand Opening. Aidé en cela par Romain Dupont (guitares) et Clément Bourmaud (basse), Modine plonge l’auditeur dans un monde torturé et burlesque, générant un climat aussi magique que dérangeant.
Un peu à l’image de cet instrumental baptisé « The Schizophrenia Coroner », typique d’un Philip Glass : les uns y décèleront une once de légèreté et de mélancolie, les autres se focaliseront sur un piano dramatique voire sinistre. C’est là que réside toute la force de The Grand Opening : chacun peut s’approprier les morceaux comme il les ressent, avec ses propres sentiments.
Bien sûr, le contenu fait la part belle au Metal extrême, empruntant au Black et au Death. Difficile de ne pas détecter l’influence du Death Metal le plus technique sur « Dream Of A Sick Imagination », titre saccadé à tiroirs, truffé de cassures et de contretemps. Et malgré de nombreux rebondissements (on ne compte plus les changements de rythme), chaque titre obéit à la même règle : il n’y a pas de règle ! Le fil conducteur, celui qui consiste habituellement à détecter un couplet ou un refrain, n’appartient pas au vocabulaire de NOCTURN DEAMBULATION. Ceux qui préfèrent le Metal bien huilé, carré et sans fioriture peuvent passer leur chemin. Il faudra plusieurs écoutes – c’est le moins qu’on puisse dire – pour s’approprier le message musical de The Grand Opening.
Conscient de proposer un album complexe et à la mécanique diabolique, NOCTURN DEAMBULATION agrémente son opus de quelques instrumentaux bienvenus pour détendre l’atmosphère (« The Schizophrenia Coroner » donc, ou encore « Tears Of Old Tree »). Même le morceau final, cette ballade désespérée, menée par une guitare acoustique pleine de reverb et le chant plaintif de Modine, finit par laisser place à un solo sophistiqué … avant de s’achever par une étrange berceuse. Certains apprécieront la tournure pompeuse que prennent certains passages du torturé « Watchmaker’s Cogs » (évoquant le côté orchestral d’un DIMMU BORGIR), ou ce Black Metal ensorceleur voire grand-guignolesque digne de CRADLE OF FILTH sur « Second Breath » (avec ces rires malsains qui ajoutent au malaise …). D’autres trouveront leur bonheur sur un « Thud » un peu plus linéaire, un peu moins fourni en breaks soudains, rempli de claviers majestueux et sur lequel Modine se plaît à moduler sa voix de multiples façons. Le garçon présentait déjà plusieurs facettes au sein d’AND SUMMER DIES, il n’a rien perdu de sa marque de fabrique, avec un bémol cependant sur la voix claire qui ne convainc pas toujours. Quant aux musiciens qui l’accompagnent, on peut noter un certain niveau technique loin d’être négligeable pour accoucher d’un Metal hors-norme, souvent mélancolique (« Slaver Of Toad ») mais surtout complètement barré (ah ! ces riffs à la Schuldiner …).
Il serait dommageable pour la suite que NOCTURN DEAMBULATION perde cette facilité à pratiquer sa musique tourmentée et rendre le climat si oppressant. Les mauvaises langues diront que The Grand Opening est inaccessible et déjà bien prétentieux pour un premier album. Il faut plutôt voir cet opus comme la genèse d’un combo à la maturité étonnante et aux idées bien affirmées. Mais tout le monde n’adhèrera pas à ce style indéfinissable. Bien éloigné d’une simple fanfare de foire, The Grand Opening ranimera vos peurs les plus enfouies et laissera à coup sûr une désagréable sensation … Alors on attend la suite. Elle s’appellera Specular Writing.
Ajouté : Mardi 22 Mai 2012 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: Nocturn Deambulation Website Hits: 9262
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