FOR THE IMPERIUM (fi) - For The Imperium (2012)
Label : Lifeforce Records
Sortie du Scud : 9 avril 2012
Pays : France
Genre : Rock / Metal Progressif et Expérimental
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 39 Mins
Oubliez tout ce que vous connaissez sur le mélange des genres musicaux. FOR THE IMPERIUM réinvente les règles, à sa façon. Composé de quatre potes finlandais, le combo se bat pour l’Empire en musique et, pour ce, brasse aussi large que possible pour proposer une expérience des plus marquantes. Aussitôt signés chez Warner Finland, et Lifeforce Records, la formation ne tarde pas longtemps avant de dévoiler son potentiel au travers d’un premier album homonyme.
Et sur For The Imperium, il y en a pour presque tous les goûts. Presque, car la base demeure majoritairement à l’orée des courants Rock et Metal, bien que l’on trouve quelques perles venues d’ailleurs, à l’instar de « Hero », coupure atmosphérique sombre au cœur de l’album. Construite entre nappes oppressives, piano aérien, et chant introspectif quasi-religieux, cette piste planante - toute en contraste avec les autres déambulatoires - est un des nombreux exemples qui assoient l’éclectisme et la diversité notoires de ce disque. Pour décrire au mieux ce premier opus, il faudrait certainement écrire un paragraphe pour chacune des onze plages de l’album. Le combo finlandais ne se fixe guère de limites ; il mélange tout, et le fait bien. La grande majorité des titres sont courts (aux alentours de trois minutes), et ce n’est peut-être pas plus mal tant le chaos y est concentré. Seule exception, « Elisa » et ses 5:30, sorte de morceau Néo Indus croisé à une ballade Heavy qui, paradoxalement, s’avère être la piste la moins farfelue, prenant tout son temps pour se développer jusqu’à un final lourd en Mathcore.
La pochette représente, en fait, parfaitement le contenu musical qu’elle illustre. Dans une veine surréaliste qui la rapproche d’un Dalí, l’auditeur examine chaque détail pour essayer de donner un sens à ce gros n’importe quoi, collage d’éléments sans cohérence au départ. Pour appuyer les titres, la production se montre correcte, bien que l’ensemble sonore soit tellement entremêlé que les riffs plus mélodiques de Ville Suorsa ont davantage de mal à s’avancer dans le mix (« Ignition »). La basse, au contraire, rugit de plaisir devant ce dévergondage rythmique, et l’on peut assimiler ce côté barré aux Italiens de DESTRAGE. Les cordes sont malmenées par des déballages de riffs bien gras, et l’allure imprévisible reste dans l’optique moderne et remuante du côté fun du Hard Rock. Tuomas Rauhala, derrière ses fûts, assène des cadences effrénées, pour revenir à des tempos mediums en l’espace d’une seconde. Le groupe ne respecte aucune structure classique et emmène sa musique où bon il juge qu’elle doit aller. Ainsi, au sein d’une même piste comme « Until The End », les univers stylistiques s’entrecroisent, du chant opératique grandiloquent aux déferlantes Post-Hardcore. Ou, dans une autre veine, la très funky « California Girl (Born N' Raised) », avec sa célérité syncopée labyrinthique, aux limites du Djent, et son fond Electro binaire qui donne des sonorités Indus à la MANSON. « DieDead » se contente d’enfoncer le clou dans la folie qui habite les compositeurs avec ses passages Black Sympho se jetant sur des refrains Pop que n’aurait pas reniés une célèbre chanteuse canadienne. Ville transforme même quelques arpèges acoustiques fugaces en démonstrations pleine de dextérité s’emportant à l’improviste, parce qu’il peut se le permettre.
C’est Rock’n’Roll, ça tape du pied, et les refrains éclatent de vive voix tout en mélodies, sur des percussions claquées avec groove (« Pike River » et son Punk Rock aux senteurs Techno tribale). Hakim Hietikko est un des chanteurs les plus déconcertants qui puisse exister. Passant d’un registre à l’autre à la volée, alternant diatribes Néo, phrasé Rap et couplets Punk, il fait preuve d’une versatilité impressionnante (« Creator »), jouant également entre Hard Rock, Hardcore, Pop Rock, et autres genres plus extrêmes selon les morceaux. « Österbotten » poursuit le délire musical en usant de piano virtuose et d’une voix Rock écorchée à la Phil Collins. Les refrains sont volontairement Pop et accrocheurs, et l’instrumentation dynamique. Tellement dynamique qu’il faut rester concentré pour ne pas se perdre dans ce méandre des genres. Pas mal d’arrangements ont été effectués pour tenter d’harmoniser le tout : des boucles de synthé colorées aux backings et chœurs qui emplissent les pistes de bonnes harmonies vocales (« Seek For Help »). Néanmoins, le chant clair peut devenir agaçant à la longue, surtout sur les passages les plus couinés. La performance époustouflante d’Hakim permet de minimiser ce point, surtout quand l’on est témoin d’un juteux mélange de paroles innocemment chantonnées au-dessus de lignes éructées. Ses vocaux sont parfois complètement déjantés, à l’image du très mémorable « Working Class Hero », et lorgnent alors plus vers le Hardcore chaotique à la COMITY.
Néanmoins, ce n’est pas parce qu’un album est original - et ce For The Imperium a clairement besoin d’une catégorie pour lui seul - que l’on a automatiquement un chef-d’œuvre sous les yeux. On trouve tout de même des points à reprocher, comme le chant déjà abordé plus tôt, ou encore, pour rentrer directement dans la caractéristique phare du disque, cette constante hétérogénéité dans laquelle l’on aimerait avoir une ligne directrice plus marquée. En effet, l’œuvre s’éparpille tellement dans toutes les directions qu’il est possible de ne pas adhérer à chaque tournure entreprise. Et quand il s’agit de sections au sein d’un même titre qui apparaissent disparates, c’est plutôt dommage.
Pour autant, cette première production de FOR THE IMPERIUM est destinée à se poser comme référence du "melting pot" Metal, un album fourre-tout où chaque élément a étonnement sa place et contribue à la cohésion relative de l’ensemble. Quand on lance ce disque, l’on sait qu’on part pour quarante minutes de délire dans l’univers déluré des Finlandais. Et l’écoute se révèle des plus agréables, presque libératrice du fait de son émancipation de la majorité des standards. À ne surtout pas prendre trop au sérieux pour un maximum de plaisir auditif.
Ajouté : Mardi 05 Juin 2012 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: For The Imperium Website Hits: 8060
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