I'LL EAT YOUR FACE (ie) - Hot Brains Terror (2012)
Label : Grindscene Records
Sortie du Scud : mai 2012
Pays : Irlande
Genre : Grindcore progressif
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 22 Mins
Il y a bien longtemps qu’un groupe ne m’avait pas autant facilité la tâche au moment d’entamer l’introduction d’une chronique. Grâce à la récente attaque du cannibale de Miami, Rudy Eugene, qui s’est délecté du visage de Ronald Poppo sur la voie publique, la tâche s’est soudainement avérée plus aisée. Ce fait divers sordide n’a absolument aucun rapport direct avec I’LL EAT YOUR FACE, groupe de Grind irlandais formé en 2006 dans la ville de Cork. D’autant plus que Rudy Eugene avait l’air beaucoup plus friand de sels de bains et de joues dodues que de Grindcore dégueulasse. Oui, c’était un garçon raffiné qui avait les pieds sur terre. Personnellement, je préfère le Grind, le vrai. Peut-être que sur le moment, tu pètes un plomb, mais au moins y a peu de chance que t’ailles bouffer les clodos dans la rue. Pour ce qui est des Irlandais, peu de choses circulent à leur sujet. Comme de coutume, une pléiade d’essais a été sortie avant qu’ils ne se rangent du côté de la raison et qu’ils ne proposent un support crédible pour une analyse approfondie, le full-lenght. Hot Brains Terror est leur deuxième après le très acclamé Irritant et propose à son tour, son lot de folies et de surprises.
Et des surprises, il y en a ! Parce que tout, absolument tout, laissait présager un album de Grind qui soit crade et dans l’idéal, inaudible. De la pochette pétante à la structure du groupe qui évolue sous la forme d’un duo, il n’y avait pas l’ombre d’un doute qu’une nouvelle boucherie allait voir le jour, tant tout ça semblait underground. A la surprise générale, Hot Brains Terror est beaucoup plus travaillé et mature qu’il n’y parait. Les deux compères mettent un point d’orgue à brouiller les pistes dès « Weasel Tank Slime » qui bénéficie de rythmes complètement décalés et d’une étrange ouverture sur des mouvements jazzys en bout de course. Cette ouverture ne tarde pas à devenir un trou béant. I’LL EAT YOUR FACE s’y engouffre avec « Drowning Dogs In A Swamp » qui met en lumière un Grind réfléchi, tirant sur le Death progressif et dont la folie furieuse et les petites pauses Lounge rappellent évidemment les IWRESTLEDABEARONCE et autres WAR FROM A HARLOTS MOUTH. Beaucoup plus raffiné et binoclard qu’il n’y parait, cet album mise beaucoup sur l’efficacité brute du Grind, qui évoque par moments les premiers méfaits de NASUM, le tout conjugué à une forme de progressisme totalement inattendu. Ma foi, le résultat est tout bonnement excellent ! On navigue à vue dans un océan d’incertitudes. Les structures complexes, déjantées, psychotropes, sont un frein total à la prévisibilité. Alors de temps en temps, on retombe sur des compositions plus convenues et raisonnables, comme « The Eels Of Love Lake ». On se dit qu’enfin on a trouvé un peu de stabilité. C’était sans compter sur « Castle Of Vomiting Owls » qui lorgne sur le Mathcore et sur les efforts passés de CEPHALIC CARNAGE. Il y a du groove, de la réflexion, du rentre-dedans et on aboutit tout naturellement sur ce qui reste peut-être la pierre angulaire de cet opus. Les créations sont courtes, quasiment toutes instrumentales. Aucuns vocaux ne viennent rompre cette alchimie qui opère entre The Boy à la guitare et Barrytron à la batterie. A peine quelques murmures sur « Forever Sealed In The Electric Brain’s Melting Slug-Ray » qui viennent adoucir la sentence de breakdowns écrasants. Pour le reste, n’en jetez plus, l’effet de surprise est majestueux !
J’ai eu peur, très peur. Peur de tomber sur une bande de petits rigolos qu’il aurait fallu remettre en place. Peur de perdre mon temps avec un album qui frise le ridicule. Peur de mes préjugés. Une claque dans la gueule, c’est tout ce que j’ai mérité. Avec Hot Brains Terror, I’LL EAT YOUR FACE a peut-être signé l’album de Grind le plus imprévisible que j’ai entendu depuis bien longtemps. Il est une preuve matérielle que de combiner Grindcore et éléments progressifs n’est pas une hérésie. Il est l’avenir de ce courant musical. Et le Grind old-school dans tout ça ? Qu’il aille au diable !
Ajouté : Mercredi 18 Juillet 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: I'll Eat Your Face Website Hits: 7656
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