Jeune groupe formé il y a maintenant quatre ans, FLOWN nous propose ici après son effort initial Child In A Box, un second album plutôt sympathique mais inégal, Gravity.
Se réclamant d’une certaine tradition purement 90’s, le quatuor se pose en héritier de ténors tels que les DEFTONES, ALTER BRIDGE, SOUNDGARDEN, ALICE IN CHAINS, et surtout, CREED. C’est d’ailleurs cette dernière filiation qui parait la plus pertinente, tant le mélange de Rock Alternatif et de mélodies tendues présent sur cet album rappelle en bien des occasions la bande à Scott Alan Stapp.
Avec une production très propre ou prédomine une basse très ronflante et qui caresse dans le sens du poil, FLOWN a mis tous les atouts de côté pour nous séduire, et l’opération marche à plusieurs reprises, si ce n’est systématiquement.
Car je ferai le même genre de reproche à nos locaux que j’ai pu faire à CREED et consorts à l’époque, à savoir de se reposer sur des riffs plutôt communs pour les titres les plus énergiques. En effet, même si ces morceaux ne sont pas exempts d’une certaine efficacité, la routine pointe souvent le bout de son nez.
Souvent mid tempo, ces titres semblent après plusieurs écoutes assez uniformes, même si certains riffs syncopés restent accrocheurs (« Phone Game », « My Own TV », « Rescue Me », le plus DEFTONES du lot), la faute à un chant trop monocorde, et à une rythmique trop linéaire et répétitive (le déjà cité « Rescue Me » se permet même un emprunt direct au « Spoonman » de SOUNDGARDEN).

Et comme souvent avec les groupes de cette engeance, c’est dans les titres les plus calmes qu’il faut aller chercher sa dose de plaisir, et FLOWN ne déroge pas à cette règle.
En effet, dès le quatrième morceau, « Circle », on s’aperçoit que le quatuor est bien plus à l’aise dans les ambiances plus feutrées.
Mélodies couleur sépia, atmosphère confinée et cotonneuse, c’est dans ces moments là que la voix un peu râpeuse et hésitante de Flo prend toute son ampleur. La guitare se fait plus douce et mélancolique, et FLOWN arrive enfin à nous embarquer à bord de son voyage. Même constat pour l’alternance Heavy/Acoustique de « Flash Forward », aussitôt suivi du court intermède instrumental « Antigravity », durant lequel de sobres arpèges s’entremêlent avec des samples savamment utilisés pour créer un univers particulier et assez éthéré. Et lorsque le clavier prend le relais sur « As We Are », l’émotion est toujours palpable, et l’on adhère alors à ce concept d’auto cloisonnement auquel le groupe tient. Gravity est en effet basé sur l’incapacité des êtres à s’échapper de la gravitation qui les maintient plombés à une vie qu’ils ne désirent plus.

Et saluons comme il se doit le dernier morceau de l’album, le très beau « Breathe », qui s’écoule le long de notes dispensées avec tendresse, instaurant une fois de plus un climat très contrasté, qu’on se plaît à imaginer planté d’arbres aux feuilles jaunies, et peuplé d’hommes attendant désespérément le soleil après la pluie. Son final plus costaud est pour une fois le bienvenu, et prouve que le combo sait, quand il le souhaite, faire preuve d’une peu plus d’inventivité que sur les autres passages corsés.

Tout n’est donc pas parfait sur ce second album. Il faudra à FLOWN être un peu moins timoré et « classique » oserais je dire sur leurs tentatives les plus énergiques, et sortir des sentiers déjà abondamment arpentés par les influences sont ils se revendiquent pour pouvoir espérer se démarquer. Par contre, il conviendra de garder cette touche spéciale sur les titres les plus intimistes qui sont à mon humble avis leur force. Patience et longueur de temps faisant plus que force et rage, je suis sur que le message passera, et que le troisième album nous laissera entrevoir des lendemains plus emprunts d’inédit.