Vous en avez déjà marre de la mouvance Revival Thrash Metal ? Il y a trop de MUNICIPAL WASTE, VIOLATOR, GAMA BOMB et SKELETONWITCH qui se promènent en ville ? Alors stoppez votre lecture ici. Parce que cet album est un suiveur et que les suiveurs n’ont généralement pas bonne réputation. Pourtant, parmi la grosse vingtaine de groupes dénommés HATRED qu’on peut retrouver dans la sphère Metal, il y en a un qui mérite plus d’attention que les autres. Ceux-là sont allemands. Et même s’ils ont scellé leur union en 1998, ils n’ont que trois petits full-lenghts au compteur. Le dernier d’entre eux, Destruction Manual, s’inscrit tout naturellement dans le patrimoine du Thrash Metal teuton. Rien d’étonnant en ce qui concerne une formation ayant ouvert au moins une fois la scène pour chaque membre du « big three of teutonic Thrash Metal ». KREATOR. SODOM. DESTRUCTION. D’ailleurs, tout le monde relèvera dans le nom de cet opus un clin d’œil flagrant aux derniers cités. Une grande famille vous dis-je.

Mais au fond, qu’est ce que ça vaut vraiment de faire revivre le Thrash Metal quand on est en plein dans le nouveau millénaire et que ses groupes historiques sont plus vivants que jamais ? Les tribute-bands des PINK FLOYD ou des BEATLES ont une bonne raison d’exister. Mais le Thrash Metal, lui, est toujours en activité. Avant même d’avoir écouté ce disque, j’ai eu envie de dire « laissez faire les pros ». Mais en le réécoutant, encore et encore, j’ai préféré la fermer. Pour la simple et bonne raison que Destruction Manual possède une étonnante légitimité et une tenue de route quasi-parfaite. Oui, bien sûr, on peut faire le rapprochement entre cet opus et tous les groupes de Thrash Metal de cette foutue planète. Mais ce serait une perte de temps, tant la liste est longue. Alors j’ai préféré aborder cette œuvre en ôtant de mon esprit toutes les références qui auraient pu influencer mon jugement. Et elle commence de la meilleure des manières avec « United », son intro monumentale, ses cavalcades rythmiques épiques et ses chœurs scandés. Je suis désolé de le dire, mais MUNICIPAL WASTE se prend juste une branlée à côté de ce type de compo incisive et sans compromis. Le son rugueux et abrasif qu’on peut apprécier sur « Ratter Of Hell » (avec en guest Chris du groupe de Death THE UNCROWNED qui offre ses vocaux gutturaux à l’affaire) ou le Rock N’ Roll incomparable qui se dégage de « Smash ‘Em » sont autant de divertissements qui apportent un relief tout particulier à cette œuvre. Vivace, insaisissable, explosive et foutrement bien jouée, la musique d’HATRED ne se démarque pas des standards, mais elle surprend de par son efficacité insoupçonnée. Une batterie très Punk à chien sur « Porker’s Revenge » ou des guitares en total freestyle sur « Moshpit Ritual », il n’en fallait pas davantage pour nous convaincre que ces allemands ont un feeling unique et qu’il résonne sacrément bien sur cette galette. Impossible pour moi de vous dire si c’est un coup de chance ou si la carrière d’HATRED a toujours été rythmée par des coups d’éclat de ce type, mais Destruction Manual est un Thrash-matraquage dans les règles de l’art et c’est tout ce qui importe.

N’en jetez plus. Ou plutôt si ! Jetez-en ! Au diable les Lazare de Béthanie du Thrash Metal, qu’ils aillent bruler en enfer. Ne gardez que le meilleur et je peux vous le garantir, dans le haut du panier, il y a en ce moment HATRED. Cet album a beau être sorti en 2010, deux ans se sont écoulés et une multitude de nouveaux albums de Thrash ont défilé dans mes oreilles. Pourtant, celui-ci reste l’un des mieux conçu que j’ai eu la chance d’écouter dernièrement. Vite, la suite !