CRYPTOPSY (ca) - Cryptopsy (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 11 septembre 2012
Pays : Canada
Genre : Brutal Death Metal technique
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 35 Mins
C’en était fini de CRYPTOPSY. Mort et enterré, on avait plus qu’une envie, uriner une dernière fois sur sa tombe et ne plus jamais en entendre parler. Mais comme dans un film gore de série Z, on a bien senti qu’il allait se passer quelque chose d’improbable et de grotesque. La terre fraichement arrosée par un orage remue d’elle-même, le ciel se fend d’un éclair et une main surgit des profondeurs. Non, CRYPTOPSY n’est pas mort. Et faites moi une faveur, oubliez l’espace d’une chronique The Unspoken King. Vous n’avez peut-être pas bien pigé la signification de cette sortie. Soit. Mais c’était en 2008 et les Canadiens en ont pris pour leur grade. Les plus tolérants avaient alors parlé de « mauvais Deathcore à chant clair », les plus sévères de « sombre merde ». Comment les géniteurs de Blasphemy Made Flesh (1994) et de None So Evil (1996) ont-ils osé sortir un pareil disque, reniant sans vergogne le Death technique qui avait fait jusqu’alors toute leur réputation discographique ? Ça vous a plu de jouer aux vierges effarouchées ? Bien. Maintenant, vous pouvez descendre de vos grands chevaux, parce que CRYPTOPSY a deux mots à vous dire.
Vous ne rêvez pas. Ce septième album est bien un éponyme. Vous savez ce que ça veut dire ? Ça veut dire que les Canadiens utilisent le langage d’un groupe qui débute pour vous dire qu’ils font leur mea culpa. The Unspoken King était ni plus ni moins qu’un album expérimental. Place maintenant au retour de flamme. Un carnage, ni plus ni moins. Une boucherie sanglante longue de huit compositions qui vous tranche la carotide avec autant de précision qu’un Luca Rocco Magnotta. Démembrer. Broyer. Lapider. Ecraser. Fracturer. Tels sont les objectifs de ce full-lenght. Et la baston prend forme dès « Two-Pound Torch », renouant avec un Death supersonique qui laisse une liberté d’expression très importante à la technicité. On ne réalise pas très bien ce qui est en train de se passer, tant CRYPTOPSY joue vite. Dans un fracas assourdissant, les Canadiens relèvent la tête de leurs échecs passés. Cet opus sera retour triomphal du roi sur ses terres de prédilections. On remarquera bien une mélodie dans le soubassement de « Red-Skinned Scapegoat » ainsi qu’une incartade aux Grands Dieux de la Lounge Music à 4’37, mais rien de comparable au pacte avec le Deathcore signé quatre ans plus tôt. Dans le genre expérimentations, le groupe a décidé de rester soft, pour ne pas choquer vos petites oreilles inexercées. Du coup, on se prend une soufflante générale. Et si nous reconnaitrons tous, y compris moi, avoir gagné au change, il ne faisait pas bon échauder la bête. Entre la technicité exubérante du riffing, les structures entortillées des compos, le chant éclatant et abyssal du pourtant controversé Matt McGachy, la basse vrombissante du petit nouveau (Olivier Pinard de NEURAXIS), les dégringolades de batterie de Flo Mounier et le vacarme ahurissant que fait ce disque, on n’a même plus de place pour penser. CRYPTOSY détruit, CRYPTOPSY ravage, CRYPTOPSY provoque et CRYPTOPSY fissure les lois de la logique. On les pensait définitivement perdus pour le Death technique. On croyait que leurs cœurs allaient lâcher s’ils recommençaient à jouer trop fort et trop vite. C’était sans compter sur un facteur déterminant. La volonté. Volonté de ne pas se laisser mourir. Ou plutôt, volonté de ne pas laisser les autres faire croire que vous êtes mort. Ce septième album est la plus pure et la plus belle des réponses que les Canadiens pouvaient apporter à la sphère Metal. C’est d’autant plus paradoxal que l’opus qui réintroduit CRYPTOPSY sous son meilleur jour est le seul de sa discographie qui soit autoproduit. Jamais le Death Metal brutal et technique ne se sera écrasé aussi paisiblement dans vos tympans démolis. Du côté de l’équipe de Metal-Impact, c’est un sourire qui nous illumine. Car quand Oncle Machin parlait en 2008 de The Unspoken King comme d’un « chef d’œuvre », nous nous sommes tous accordés pour dire qu’il avait encore sous-estimé les capacités du groupe.
Le voilà, le réel chef d’œuvre ! Il y a du génie en CRYPTOPSY et nous pensons en avoir compris la matérialisation. Je pourrais débattre avec vous à propos de Blasphemy Made Flesh, de None So Evil, de The Unspoken King ou de Cryptopsy. Le faire avec passion. Vous parler de l’Institution que représente ce groupe et ses albums. Vous dire qu’il convient parfois de mesurer ses propos et qu’au final, ça reste « juste » de la musique. Mais je refuse de perdre mon temps. Il ne convenait pas leur faire un tel procès d’intention avant l’heure et pour le coup, « ce Tribunal de Grands Inquisiteurs qu’est la Toile » devrait se mordre les doigts. Jusqu’au sang !
Ajouté : Mercredi 19 Septembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Cryptopsy Website Hits: 10748
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