DARKNESS BY OATH (sp) - Near Death Experience (2006)
Label : Cyclone Empire
Sortie du Scud : 23 mars 2012
Pays : Espagne
Genre : Death Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 43 Mins
Surprenant ! C’est le moins que l’on puisse dire pour décrire le statut de DARKNESS BY OATH. Après un premier album désastreux, il était difficile de les voir perdurer bien longtemps avant de s’éteindre, comme bon nombre avant eux. Et puis il y a eu cette signature avec Cyclone Empire, et un second album, en 2009, plus qu’honorable. Gros son, riffs catchy, et un growl largement amélioré. Une bonne surprise, preuve qu’avec de la persévérance rien n’est impossible. Et c’est donc toujours entre les mains gracieuses de Cyclone Empire qu’on accueille leur troisième opus, Near Death Experience. Si les trois années qui l’ont séparé de la sortie de son prédécesseur révèlent le même potentiel d’amélioration que celles entre les deux premiers disques, le chef d’œuvre ne sera assurément qu’à une poignée de main.
Avec « In The Gloom… », le combo mondragonais nous refait le coup de l’intro acoustique harmonique, ambiance de synthés lugubre en prime. Sans être une redite du premier, cet album laisse l’étrange sensation de le remettre quand même au goût du jour. Par rapport à Fear Yourself, le son est redevenu plus brut, façonné essentiellement par la rythmique, tout en perdant le relief et la granularité des guitares, qui apportaient réellement de la consistance au prédécesseur. Pour preuve, « Holloworld » semble être leur version moderne d’«Absence Of Light », mais uniquement instrumentale. Un titre mené sur les chapeaux de roues qui allie leads typiques entêtants sur un tempo accrocheur. Le dosage mélodique y est soigné, et la met elle-aussi à l’écart des autres pistes de l’album. Car les lignes mélodiques des guitares sont ici en retrait, mais restent heureusement audibles, la production est d’actualité a contrario de sur Confidential World Of Lies. Si les solos se déroulent souvent à l’abri des oreilles, étouffés (« In An Obscure Eternity »), les riffs sont tout de même de bon aloi et ne manquent pas de se faire remarquer, à l’instar de « N.D.E. » en partie réussi par son développement (plus long morceau du disque). Le schéma de riffing est toutefois encore bien trop calqué sur celui des piliers (« Fallen Angel Of Death », particulièrement) ; ces mêmes riffs tronçonneurs ressassés en boucle. Et il faut attendre « Terror In Thousand Faces », plage de clôture, pour se voir offrir le meilleur jeu de guitare de toute la carrière de la formation… c’est Marios Iliopoulos qui s’en charge. Une récompense pour l’auditeur qui a su résister tout du long ? Quoi qu’il en soit, ce solo est d’une technique à saluer. En outre, le morceau présente même un finale d’acoustique et voix claire - une première de l’album. Dommage que ce soir le dernier, car c’est assurément le plus intéressant et original de cet opus.
Car, cette minute finale mise à part, tout l’album est parcouru du chant hurlé hargneux d’Aritz. Si son growl semble avoir perdu de sa puissance, il est néanmoins mieux délivré. Sa prestation perd également en vigueur par rapport au disque de 2009, du fait de la touche Metalcore pratiquement effacée. Le frontman a repris un registre guttural, râpeux, en phase avec le retour à un son davantage Death Mélodique oldschool en fait. Du coup, à l’image de leur sortie d’il y a huit ans, il récupère ce côté maladroit entre vraie voix rauque bien fougueuse et borborygmes qui font penser à des relents d’acides gastriques. Qui plus est, bien que les morceaux dépotent avec ses hurlements plus extrêmes (« Violent Intentions »), il manque au groupe de véritables passages fédérateurs pour accroître l’accroche de leurs compositions. « Unequivocal Evil Excitement » fait davantage d’efforts sur ce point, avec un passage limite occulte, et bien appuyé des riffs mélodiques (signés Anders Björler cette fois) mais, dans l’ensemble, ils se contentent de sections très vindicatives, surtout grâce aux rythmiques acerbes.
Ainsi, les morceaux sont dynamiques, par le biais de percussions bien marquées, mais aussi d’une basse toujours bien propulsée sur le devant du mix. Sans apporter monts et merveilles aux pistes, elle résonne avec panache et Gorka réalise un excellent travail sur « Last Emotions » qui va plus piocher dans le Death pour le coup. Les cadences gardent l’auditeur en émoi, ne faiblissant guère et enchaînant phases effrénées à la sauce blast beat et passage plus neutres au groove certain. Merci à cette basse qui déhanche ses courbes bien en chair. Toutefois, vu le caractère racé et détonant de la section rythmique, les titres, tous bâtis sur des schémas saccadés forts, laissent voir un groupe trop à fond. La batterie est triggée au possible et tambourine sans âme, parfois même sans être adéquate au tempo vocal (« Steams Of Blood »). Le quintet oublie qu’il compose un album, et non une collection des meilleurs titres qui sont ressortis des répétitions. Du coup, les coups pleuvent et les riffs bien métalliques se déversent avec une basse lourde, sans grand sens de nuance mélodique. Plutôt éprouvant. Bien sûr, il y a des séquences rythmiques explosives qui sont un régal (« A Cry Of Terror (Voices From Nowhere) »), tant que l’on ne se dit pas qu’elles étaient déjà utilisées il y a quinze ans. On ne pourra pas leur reprocher de jouer leur art à fond. C’est un peu le même problème qu’avec DISEASE ILLUSION, ce groupe Italien qui repompe tout le Death Mélo/Metalcore moderne, sauf que DARKNESS BY OATH sont espagnols et le font avec les pères fondateurs.
Near Death Experience n’est pas un chef d’œuvre, mais sa lecture demeure efficace et bien menée, pour quiconque n’est pas pointilleux du genre évidemment. L’évolution espérée n’est finalement pas de la partie et affiche alors un groupe qui stagne sans parvenir à vraiment proposer ses propres idées pour se bâtir une identité. Le groupe se cherche, avance dans une direction, puis recule. Dès leurs premiers pas en studio, les Espagnols reprenaient AT THE GATES. Huit ans plus tard, les covers sont déguisées sous forme de compositions originales, mais rien n’a vraiment changé.
Ajouté : Mercredi 10 Octobre 2012 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Darkness By Oath Website Hits: 7568
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