SOKROVENNO (it) - De Rerum Natura (2009)
Label : Bleak Art Records
Sortie du Scud : 31 aout 2009
Pays : Italie
Genre : Black Metal atmosphérique
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 52 Mins
Comme c’est agréable, parfois, de traiter avec un groupe qui vous inspire immédiatement la sérénité. Les surprenants Italiens de SOKROVENNO sont de ceux-là. Et rien ne laissait augurer un moment aussi plaisant et confortable que ce De Rerum Natura, qui se range pourtant de lui-même dans la petite boîte cadenassée étiquetée Black Metal. Certains se servent de la violence caractéristique de ce style pour véhiculer des messages de destruction, de haine de l’autre. Et il y a ceux qui profitent des vertus cathartiques du Black Metal pour réfléchir un peu sur différents sujets. L’épicurisme, la nature, la philosophie. Un Black Metal intellectualisé mais assurément à la portée de tous. La musique est un langage universel et celui qui ne saurait comprendre et apprécier la pureté de ce premier album est, au mieux, un esprit obtus.
Je parlais de sérénité plus haut. Le terme employé est tout ce qu’il y a de plus exact. J’ai éprouvé à peu près la même sensation de bien-être en écoutant SOKROVENNO qu’il y a quelques années, quand j’avais découvert le travail formidable du duo australien AUSTERE. Ici, on est à peu près plongé dans le même type de schémas. La base structurelle est un Black Metal de derrière les fagots, dans les voix grognées, dans les guitares déshumanisées, dans le riffing mélodique et ambiant. A l’instar de groupes comme EMPYRIUM, OCTOBER FALLS, NEGURA BUNGET, les Transalpins ont accordé une place toute particulière au songwriting, quitte à pondre l’un ou l’autre riff basique. Travaillé par chapitres, comme un passionnant ouvrage, De Rerum Natura se décompose en cinq créations principales, toutes ouvertes par de courtes instrumentales de moins d’une minute. Ajoutez à cela une intro, une outro et le compte est bon. SOKROVENNO s’approche parfois très près des idées d’un ENSLAVED, en incorporant à son Black Metal des nuances progressives et expérimentales (« Fragore »). Et malgré certaines accélérations lumineuses, on a plutôt le sentiment global que cet album défile sur un faux-rythme, majoritairement mid-tempo et très aérien. Les morceaux proposés sont longs (de six à onze minutes) mais ils ont tous une histoire et un impact bien particulier. Autunno, le vocaliste (et accessoirement bassiste) de la bande sait parfaitement jongler entre les moments où il doit intervenir et ceux où il doit laisser la place aux envolées du duo de guitaristes Wartride et Maleficus. Ces derniers pondent d’ailleurs fréquemment des riffs éthérés, brumeux, épiques qui s’approchent, à mon avis, de ce que doit être l’authentique esprit du Black Metal. SOKROVENNO fait de cette musique un art de vivre et un intense moment de réflexion. Pas un défouloir antichrétien primaire. Les bons choix sont omniprésents dans cette œuvre et même si elle ne se démarque pas par son agressivité (quoique « Vestigia Pressa Bisulcis » a des atouts à faire valoir, et pas seulement à cause de son final psychédélique et groovy), elle pourra être raisonnablement considérée comme un compagnon de fortune pour toute introspection. C’est justement quand le Black Metal se découvre une légèreté et une sensibilité qu’il est le plus intéressant. Tout le reste n’est que discours futiles et folklores.
On a souvent l’habitude de dire de certains disques de Black Metal qu’ils sont écrits et joués avec le cœur. Mais ça n’aura jamais été aussi vrai qu’avec les ENSLAVED, OCTOBER FALLS, AGALLOCH, AUSTERE, NACHTMYSTIUM et maintenant, SOKROVENNO. Ce premier album sera d’une richesse intellectuelle infinie pour quiconque n’est pas trop regardant sur la technicité. Quoi qu’il en soit, la musique reste une affaire de goûts mais il y a fort à parier que ce groupe mettra tout le monde d’accord. Qui, aujourd’hui, peut encore se vanter de savoir le faire ?
Ajouté : Jeudi 18 Octobre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Sokrovenno Website Hits: 8144
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