PESTIFER (be) - Age Of Disgrace (2011)
Label : Ultimhate Records
Sortie du Scud : 6 mai 2011
Pays : Belgique
Genre : Death Metal technique
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 43 Mins
A l’instar des frères Bogdanov et Kaulitz ou des sœurs Olsen, les jumeaux Gustin se sont, eux-aussi, pris au jeu de la prospérité. Pour cela, ni mentons proéminents, ni séries TV pour teenagers en fleurs, ni même Emorock commercial à deux balles. Leur truc à eux, c’est le Death Metal. PESTIFER a vu le jour en Belgique, sous l’impulsion des frangins Adrien et Phil. Et pour redevenir un peu sérieux, leur objectif n’a jamais été d’être traqué par les paparazzis, mais plutôt de nous refaire revivre les meilleurs moments de la carrière de groupes cultes comme DEATH, BOLT THROWER ou PESTILENCE. Old-school, leur musique l’est assurément. Et c’est peut-être ce qui fait son charme, à l’heure où les tendances cèdent aux sirènes de la modernité ou de l’ultra-technicité basique. Avec son premier disque, Age Of Disgrace, PESTIFER a bel et bien de quoi justifier sa présence aux côtés de KATAKLYSM ou DEVOURMENT sur différentes tournées. Parce que, franchement, comment résister ?
Cet effort est un retour magistral au Death des années 80, une époque bénie durant laquelle les groupes ne se tiraient pas dans les pattes au moment d’affirmer qu’untel est plus technique qu’untel. Dès « Contagious », il y a un élément qui me frappe. Au-delà de la relative précision de cette compo, c’est la place accordée à la basse d’Adrien qui me scotche. Ses notes vibrantes et insidieuses, son ronronnement perpétuel donnent à ce Death une dimension vraiment rétro, qui suffit à masquer l’étrange faiblesse de la batterie quand Philippe frappe ses toms. L’arrivée de « Sleepless Century » et en particulier son intro qui a de faux-airs de Death nuancé de Lounge Music et de Jazz Fusion marque le premier tournant technique de cet album. Il apparaît qu’à intervalles réguliers, PESTIFER se plait à conférer à sa musique des intonations athéistes, si vous voyez ce que je veux dire. Ce melting pot d’influences, combiné à des odeurs de mamie morte donne beaucoup de volume à Age Of Disgrace. D’apparence relativement classique et traditionnelle, ce groupe est en fait bien plus complexe et pervers. Très souvent, les guitares tenues par la paire Emerson-Antoine tombe dans des improvisations gourmandes et lubriques, qui démontrent bien que derrière sa rigidité de façade, PESTIFER ne se prend pas très au sérieux. A la fois groovy, comme sur le final rondouillard de « Betrayal Of The Light » et épicurien comme le prouve le bon Death véhiculé par « The Worm », cet album est une vraie bonne surprise. La voix de Jérôme Bernard est une autre balle dans le chargeur de ces Belges. D’un classicisme inébranlable, on savoure néanmoins des intonations théâtrales qui en font une caricature des vieilles voix Death d’il y a vingt ans. Bien conscient de proposer une musique hors du temps, PESTIFER joue sur cette dualité entre les sonorités étouffées d’un Death kitsch et la maestria d’un Death technique pour emporter ses auditeurs dans un monde parallèle et lui adresser des brimades qu’il ne pourra remarquer.
On passe donc avec Age Of Disgrace un vrai bon moment, bourré de cynisme et d’œillades drolatiques sur fond de Death intransigeant et concentré. PESTIFER a parfaitement réussi son entrée dans la cour des grands et pourrait déjà prétendre à plus que l’anonymat de la banlieue liégeoise. Parce qu’il faut dire les choses franchement, ce Death Metal n’a rien de novateur. Mais son exécution en freestyle le rend d’une intensité juste exceptionnelle. Et c’est exactement ce feeling qui devrait habiter tout disque de Death qui se respecte.
Ajouté : Mardi 23 Octobre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Pestifer Website Hits: 12088
|