BETRAYED HEAVEN (FRA) - Inner Bleeding (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : février 2012
Pays : France
Genre : Deathcore / Metalcore
Type : EP
Playtime : 6 Titres - 17 Mins
Se lancer dans le Deathcore quand on connaît l’aversion de la plupart du public pour ce style considéré comme générique relève du combat. A ce titre, on peut déjà plus ou moins parler de témérité pour décrire BETRAYED HEAVEN. Ce tout jeune groupe nantais formé sur les ruines de DROWS, leur précédent projet, semble désormais prêt à exploser. Composé de cinq membres, une structure classique pour une formation du genre, le groupe a mis à peine quelques mois avant de sortir son premier EP, Inner Bleeding qui va s’inscrire avec fracas dans la logique d’un Metalcore / Deathcore très actuel et ma foi, assez savoureux. Si je peux me permettre un conseil, vous devriez abandonner vos aprioris l’espace d’un petit quart d’heure et laisser une chance à cette sortie, parce qu’il se pourrait bien qu’elle vous plaise. Et avec toute la classe qui caractérise ses créateurs, soyez sereins, cette tromperie restera confidentielle.
BETRAYED HEAVEN, c’est la génération fin des années 80. Moyenne d’âge, entre vingt et vingt-trois ans à vue de nez. Et toutes les influences modernes qui vont avec. De SUICIDE SILENCE à HEAVEN SHALL BURN, d’ALL SHALL PERISH à BORN OF OSIRIS, de CALIBAN à WHITECHAPEL, les plus grands représentants de la scène se côtoient sur ce disque haut en couleurs. Après une introduction à motifs électroniques, on entre dans le vif du sujet avec « Betrayed Heaven », une composition très cadencée qui développe un Deathcore absolument supersonique au début mais qui rentre progressivement dans le rang. La faute a des structures plus classiques mais surtout, à des chœurs aérés qui ne rendent pas très bien parce qu’ils sont trop hésitants. Et de manière générale, la voix me pose parfois problème. Elle est capable de phrasés très puissants comme sur l’ouverture d’« Upside Down », mais également d’hésitations coupables. Cette inconstance est dure à encaisser, car certains placements sont malheureux et brisent un peu la fluidité des compositions. Nicolas a beau arborer un bandana à la Jamey Jasta (HATEBREED), ça ne lui confère pas la toute-puissance vocale. Mais que ce bellâtre chevelu se rassure, sa prestation est loin d’envenimer la situation. Il faut beaucoup plus que des approximations pour faire chuter Inner Bleeding. Le songwriting est solide comme la pierre et les breakdowns chaotiques qui viennent clairsemer cet opus (« Inner Bleeding ») sont proprement exécutés et surtout, sont loin de verser dans la caricature. BETRAYED HEAVEN est appliqué dans tous les compartiments du jeu et son étonnante maturité technique injecte dans la moelle épinière de cet EP un professionnalisme inattendu. Quelques nappes électros (« Upside Down »), quelques arrangements harmoniques et quelques solos de bon aloi arrivent à point nommé pour oxygéner un socle musical plutôt bestial. Inner Bleeding semble doucement se terminer dans un charmant confort quand déboule l’étonnante « Bo(b)nus Track ». Des cris de mouettes, quelques rouleaux qui s’écrasent sur la côte et soudain… « Prêts les enfants ? Oui capitaine ! J’ai pas entenduuuuuu. Oui CAPITAAAAINE ! ». BETRAYED HEAVEN nous fait l’honneur de reprendre le générique de Bob l’éponge façon Deathcore, dans un contexte aussi drôle que gourmand. En grand fan de la série, j’approuve à 200% cette initiative cocasse et surprenante, même s’il faut reconnaître que musicalement, c’est plutôt plat.
C’est donc dans un sourire que s’achève Inner Bleeding. Ces Nantais peuvent avoir le sentiment du devoir accompli. A l’instar d’IRREPRESSIBLE WRATH récemment, ils sont venus me prouver que la scène Deathcore française avait un potentiel énorme qui, pour le moment, choisit d’affiner son jeu dans la discrétion la plus totale et dans l’ombre des BETRAYING THE MARTYRS et consorts. Loin d’une image bling-bling, loin de la prétention à l’américaine, loin de toute forme de conformisme, BETRAYED HEAVEN, par le biais de cet EP très réussi, vient de faire sa première preuve. Et tout le monde sait que le sang appelle le sang.
Ajouté : Mardi 23 Octobre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Betrayed Heaven Website Hits: 13936
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