FORGOTTEN TOMB (it) - … And Don’t Deliver Us From Evil (2012)
Label : Agonia Records
Sortie du Scud : 30 octobre 2012
Pays : Italie
Genre : Black Metal dépressif
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 53 Mins
A l’instant I où j’écris ces quelques mots, je n’ai jamais été aussi proche de la mort. C’est un fait, rendu forcément beaucoup plus symbolique par l’album que je m’apprête à écouter. FORGOTTEN TOMB, ces vieux évêques ténébreux reconvertis au Black N’ Roll sarcastique. Il faut dire que leur carrière est singulière. Trois premiers albums, Songs To Leave en 2002, Springtime Depression en 2003 et Love’s Burial Ground en 2004. Trois plaques verglaçantes sur lesquelles les âmes les plus réjouies étaient susceptibles de déraper. Et les deux derniers, Negative Megalomania en 2007 et Under Saturn Retrograde en 2011, plus ouverts, plus catchys, moins intransigeants. Un virage à 90 degrés qui aura eu le mérite de faire chouiner les puristes, mais surtout d’établir une logique implacable. Ces Italiens ont fait le choix du changement alors que tous les éléments les incitaient à poursuivre dans la voie du Depress Black. Rien que pour ça, chapeau bas.
Un an à peine après la sortie de leur cinquième full-lenght, ils remettent le couvert. Ainsi, après un semblant d’accalmie, on peut se demander s’ils n’auraient pas un peu repris le rythme tonitruant de leur jeunesse, avec une sortie annuelle. La réponse est oui, cent fois oui. Pour la simple et bonne raison qu’…And Don’t Deliver Us From Evil est un retour aux sources affirmé. De la période Negative Megalomania, il ne reste que des cendres, des traces, des vapeurs, des gouttes de sang mais rien de flagrant. FORGOTTEN TOMB renoue avec passion et conviction avec le Black dépressif et très abrupte de leurs débuts. Si la production reste globalement assez moderne, le grain qui s’échappe de ces lignes de guitares plaintives est tout, sauf actuel. Les mélodies n’ont plus rien de groovy ni de Rock N’ Roll, même si l’introduction de « Deprived » suggère le contraire. C’est un voile ténébreux qui se pose sur cet opus. Comme si après des années de luminosité, on éteignait soudainement la lumière. Beaucoup plus brutal, beaucoup plus fidèle au Black Metal de la grande époque, …And Don’t Deliver Us From Evil s’est construit dans l’authenticité. Herr Morbid, qui s’est essayé avec pourtant pas mal de succès à d’étranges intonations vocales revient aux hurlements de damné qui ont fait sa réputation. A peine quelques mots seront prononcés d’une voix claire vibrante sur « Adrift ». Son génie créatif est en ébullition, comme si après plusieurs années d’expérimentations, cette parenthèse artistique se refermait soudainement. Il n’y a pas de mots assez précis pour décrire la surprise qui nous attend. A ceux qui ont misé toutes leurs économies sur un potentiel redressement après le plutôt quelconque Under Saturn Retrograde, ils ne seront pas déçu par leurs gains. Ces Italiens effectuent peut-être une ultime volte-face, qui s’apparente à un tour de passe-passe selon les points de vue, mais dont la rigueur ne saurait trahir la malveillance. Ce retour aux affaires qui donne plus d’importance à la bestialité des instruments et moins aux arrangements tragi-comiques sonne comme une résurrection. Les fans de FORGOTTEN TOMB deuxième période auront très peu de choses à se mettre sous la dent, mais force est de constater que peu importe l’ère, ces mecs excellent ! Et véritablement, le nom de cet opus est révélateur de ce mal dont ils pensaient être guéris, mais qui resurgit, comme un étrange cancer qu’on désire secrètement.
Ce grandiose album de Black Metal dépressif fera surement sensation, parce qu’écrit par un groupe qu’on n’attendait plus à ce niveau de jeu. Aussi intense que sombre, un comble pour une formation qui avait pris goût à la lumière, …And Don’t Deliver Us From Evil marque un nouveau tournant dans leur discographie. Il est de ces groupes dont le potentiel artistique semble inusable. FORGOTTEN TOMB en est, et c’est peu dire qu’à chaque fois, le choc est rude à encaisser. Avec eux, tout est perpétuellement remis en cause par ce « mal » dont on ne veut définitivement pas être libéré. Sachez qu’à l’instant I où vous lirez ces quelques mots, vous n’aurez jamais été aussi proche de la mort.
Ajouté : Mercredi 24 Octobre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Forgotten Tomb Website Hits: 9174
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