RAGNAROK (no) - Malediction (2012)
Label : Agonia Records
Sortie du Scud : 30 octobre 2012
Pays : Norvège
Genre : Black Metal Brutal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 45 Mins
C’est donc celle-là, la 666ème chronique ? L’objet de tous les frissons, la source des fantasmes les plus pervertis, le papier censé faire rugir la Bête ? Laissez-moi rire. Je comprendrais si j’étais superstitieux ou hexakosio-machinchose. Mais hélas pour vous, je suis juste provoc’. Et pour faire les choses en grand, j’ai choisi d’invoquer directement le Démon, de le provoquer, de lui botter le cul en lui prouvant que son influence sur moi n’est pas assez grande pour que je suce avec dépravation la queue d’un de ses plus fidèles disciples. RAGNAROK, bientôt vingt ans de carrière, d’antichristianisme primaire. Six albums au compteur avant cette nouvelle malédiction. Et une longévité qui force malgré tout le respect. Qu’on soit clair, ce septième full-lenght, ce ne sera rien d’autre que du Black. Et si je l’ai choisi, c’est parce que cet apôtre m’apparaît comme un cas dont la possession est non seulement avérée, mais également extrêmement violente.
Faut-il vraiment attendre les premières atmosphères, presque religieuses, de « Blood Of The Saints » pour en avoir le cœur net ? Un bref coup d’œil à cette pochette, empreinte d’un blasphème très imagé, suffira à nous prouver que Malediction est tout, sauf une déclaration d’amour. RAGNAROK est, à mon goût, un des derniers représentants en activité (en compagnie de TSJUDER, BEHEXEN ou SETHERIAL) d’un Black à la mentalité old-school qui ne s’est pas renfermé sur lui-même quand l’heure de faire sa propre révolution musicale est arrivée. Très différent d’un Arising Realm ou même d’un Collectors Of The King (pourtant très contemporain), cet album véhicule sans discontinuer la puissance d’un Black Metal ascendant brutal, associée à l’authenticité de la première vague. Il y a à la fois un grand souci d’honnêteté musicale dans leur jeu, mais également une certaine forme d’ouverture, très discrète, qu’on retrouve dans le motif mélodique un peu sarcastique de « Necromantic Summoning Ritual » ou dans l’introduction incroyablement Heavy de « Dystocratic ». Fidèles à l’image qu’ils reflètent, ces Norvégiens sont sectaires et traditionnalistes, et les 90% de Malediction nous renvoient cette image en pleine face. Pourquoi ? Parce que les tempos n’ont aucune retenue, parce que ça blaste à 200 à l’heure pendant 45 minutes, parce que les riffs très saturés de Bolverk sont vecteurs d’une frénésie qui colle bien au jeu de batterie bruitiste de Jontho. Tout ça est très carré, très bestial, très « ivole Black ». Ça donne même envie d’aller décimer un troupeau d’agnelles en chaleur et de se taper un water-polo dans le bain de leurs tripailles, mais franchement, à quoi bon ? Ce que je veux dire, c’est qu’on connaît le Black Metal et qu’on a l’impression de le connaître encore plus quand il est si violent et si bestial. Quelle pierre apportera ce disque à l’édifice ? Et pourquoi cette inflexibilité, cette rigidité presque cadavérique, nuancée de variations rythmiques à peine perceptibles ? Les transitions sont inexistantes et ne parlons pas de la musicalité. RAGNAROK en met si peu dans son Black… Ce n’est certainement pas pour qu’on l’évoque. Au-delà de l’envie de se désintégrer les tympans ou, pour les puristes du genre, de passer un excellent moment, l’intérêt de Malediction est limité. Inaccessible mais pas que. Cet album, qui succède à un Collectors Of The King, il faut le dire, beaucoup plus inspiré, est d’une confondante médiocrité pour une formation qui nous avait habitué à la présence d’une forme de transcendance dans sa musique. Ici, l’âme est simplement broyée, les sentiments annihilés, la compassion exterminée par la puissance de ce feu-éclair qui s’éteint aussi vite qu’il s’est allumé. Et de la part de RAGNAROK, ce vil suppôt de Satan, c’est quand même une petite surprise.
C’était donc ça, la malédiction tant attendue ? La 666ème chronique n’est ni plus ni moins qu’un pétard mouillé ? Moi qui m’attendais à un feu d’artifice de mauvaises intentions, à une volée de bois vert, à une soufflante luciférienne, j’ai eu à la place ce bourdonnement sourd qui porte bien mal son nom. RAGNAROK, ce groupe radicalement antichrétien, enraciné dans un trip Black satanique aussi profond que le minou de Carla Bruni ne pouvait pas me concocter, à l’occasion d’un papier si symbolique quand on écrit pour Metal-Impact, un gâteau plus fade. Et ils en sont fiers, les bougres.
Ajouté : Jeudi 25 Octobre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Ragnarok Website Hits: 9460
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