Il se passe toujours quelque chose au Canada. Quand ce n’est pas Luka Rocco Magnotta qui tue, c’est CRYPTOPSY qui change de line-up ou qui fait un album de Deathcore. On ne s’ennuie jamais là-bas. Et pourtant, et pourtant, les choses semblent évoluer. Une forme de stabilité inattendue semble frapper durement CRYPTOPSY. Avec son nouvel (et septième) album éponyme qui tente de recoller les morceaux et un line-up qui n’a plus subi de changement majeur depuis le départ du bassiste Eric Langlois en 2011, les Québécois s’essayent à une notion nouvelle pour eux : l’équilibre. Pas encore tout à fait surs de ça, nous avons décidé d’aller embêter Olivier Pinard (également bassiste chez NEURAXIS), le dernier arrivé au sein du groupe, avec nos questions. Et le bougre semble croire dur comme fer en la nouvelle bonne étoile de CRYPTOPSY. Entretien.

Line-up : Matt McGachy (chant), Christian Donaldson (guitare), Olivier Pinard (basse), Flo Mounier (batterie)

Discographie : Ungentle Exhumation (demo – 1993), Blasphemy Made Flesh (album – 1994), None So Vile (album – 1996), Whisper Supremacy (album – 1998), And Then You’ll Beg (album – 2000), None So Live (album live – 2003), Once Was Not (album – 2005), The Unspoken King (album – 2008), Cryptopsy (album – 2012), The Best Of Us Bleed (best of – 2012)


Metal-Impact. Salut Olivier ! Je suis Stef pour le webzine français Metal-Impact ! Tout d’abord, merci de nous accorder un peu de votre temps. Le septième album du groupe vient juste de sortir. Comment vous sentez-vous vis-à-vis de cette sortie ?
Olivier Pinard. Salut Stef ! Nous sommes très fiers de l’album que nous venons de sortir. Nous avions tous hâte d’offrir du nouveau matériel aux fans après tout ce temps et je pense qu’ils ne seront pas déçus !

MI. J’imagine que le but d’un musicien est de toujours franchir une étape à chaque nouveau disque. Quelle serait la nouvelle marche franchie par CRYPTOPSY avec cet album ?
Olivier. Sur cet album, le groupe a vraiment travaillé la sonorité des instruments. Nous voulions obtenir le meilleur son possible pour chaque instrument afin que la prestation de chaque membre ressorte au maximum ! Sinon, le processus d’écriture s’est fait naturellement. Jon avait déjà quelques structures dans sa tête et il a travaillé son matériel avec Flo. Même chose pour Chris. Il est arrivé en local avec des idées de riffs, ensuite Flo et Jon les ont arrangées à la sauce CRYPTOPSY !

MI. Après le très controversé The Unspoken King, on sent comme un retour à des choses plus directes, plus brutales. Je pense que votre dernier album a été mal compris du public. Du coup, peut-on considérer ce nouvel opus comme une forme de « mea culpa » ?
Olivier. Non, pas vraiment. The Unspoken King a été composé avec un line-up différent et à l’époque, le groupe a voulu essayer de nouvelles choses. Avec le retour de Jon à la guitare, il était évident que l’album reviendrait à un son plus old-school. Le tout s’est fait naturellement, sans jamais avoir comme objectif de faire oublier The Unspoken King.

MI. Considères-tu qu’il est le meilleur album jamais écrit par CRYPTOPSY ? Si je te demandais de me lister ses points forts et ses points faibles, que me répondrais-tu ?
Olivier. Avec tous les changements que le groupe a connu au cours de ces dernières années, c’est difficile de dire quel album est le meilleur. Ils ont tous leur propre son et leurs propres particularités. Mais Cryptopsy est clairement un bon disque. La qualité des compositions, la prestation de chaque musicien et la production sont des points forts sur cet album.

MI. Vous célébrez en 2012 vos 20 ans de carrière. Peut-on dire que cet album est un album anniversaire et qu’il récapitule deux décennies de Death Metal à la CRYPTOPSY ?
Olivier. Oui et non. L’album n’a pas été écrit dans l’optique de célébrer les 20 ans du groupe mais simplement pour jouer la musique que nous voulions jouer ! Et d’un autre côté, l’album contient des éléments de toutes les périodes de CRYPTOPSY donc oui, ça célèbre les 20 ans en quelques sortes…

MI. Votre groupe a connu beaucoup de hauts et beaucoup de bas. Tout d’abord, comment expliques-tu une telle instabilité au niveau du line-up ? Crois-tu que c’est la raison pour laquelle certains auditeurs trouvent vos albums inégaux ?
Olivier. Je crois que n’importe quel musicien d’un groupe de Metal underground pourrais te dire que c’est un milieu très difficile. Pour garder un groupe en bonne santé et le faire avancer, il y a plusieurs sacrifices à faire. L’argent, le temps, etc… Tout le monde n’est pas capable de garder la motivation pour faire ça sur le long terme et je crois que ça explique les nombreux changements de membres et la direction musicale. Pas seulement pour nous mais aussi pour beaucoup de groupes…

MI. A la sortie de The Unspoken King, on a entendu beaucoup de monde gueuler. Sur le choix d’avoir embauché Matt au micro par exemple. Ou encore sur votre nouveau style qui incorporait quelques chants clairs et qu’on a même étiqueté « Deathcore ». N’en as-tu pas marre d’entendre les gens râler sur tout et n’importe quoi ? Qu’aimerais-tu dire à ceux qui vont encore trouver à quelque chose à critiquer sur le nouvel album ?
Olivier. Il est évident que le groupe en a marre de se faire critiquer à cause de cet album. Mais ce qui est fait est fait et on ne peut pas changer passé. Si vous n’aimez pas l’album, ne l’écoutez pas ! Je vais être honnête avec toi, je ne suis pas d’accord avec ce qui a été fait sur The Unspoken King a 100% mais il faut tout de même respecter les gars d’avoir eu le courage de sortir un album aussi différent !

MI. J’aimerais revenir sur la chanson « Red-Skinned Scapegoat » qui possède un passage Lounge jazzy très sympa. Ça m’a fait penser à du WAR FROM A HARLOTS MOUTH sur le coup. Le Mathcore et toutes ces musiques d’ambiance qu’on retrouve parfois dans le Metal, c’est quelque chose qui vous parle, que vous pourriez développer au point d’en faire sur tout un disque ?
Olivier. Nous sommes tous des musiciens assez versatiles. Nous ne pourrions peut-être pas faire un album complet dans cette veine, mais je suis convaincu que nous pourrions claquer un bon jam Jazz Fusion (rires).

MI. Peux-tu nous parler de ton arrivée au sein de CRYPTOPSY et de ton passé chez NEURAXIS ? Comment fait-on, quand on intègre un groupe relativement technique comme le votre, pour s’adapter et apprendre tous les morceaux ? Es-tu satisfait de ton intégration ?
Olivier. C’est Chris, le guitariste, qui m’a recommandé aux autres. Nous avions déjà travaillé ensemble dans le passé pour l’album Asylon de NEURAXIS. Jon est venu me rencontrer chez moi pour une audition et la semaine suivante, je suis allé chez Flo pour une pratique avec tout le groupe ! J’ai passé 3 mois intenses pour apprendre le nouveau matériel et ensuite, je devais apprendre les vieux morceaux pour mon premier spectacle avec le groupe. Ça n’a pas été une tâche facile, mais j’y suis arrivé !

MI. Pourquoi avoir choisi d’intituler sobrement cet album Cryptopsy ? C’est une démarche qu’on retrouve généralement chez les formations qui débutent…
Olivier. Tout simplement parce que le contenu du CD est du pur CRYPTOPSY. Nous avons pensé à plusieurs titres mais Cryptopsy nous semblait être le choix le plus logique !

MI. Je remarque aussi que sur la pochette, votre ancien logo sert de titre à l’album. Peut-on y voir justement un clin d’œil à ce « retour aux sources » dont nous parlions tout à l'heure ?
Olivier. (Rires) Oui, nous avons décidé de faire figurer nos deux logos sur la pochette pour dire que cet album est une combinaison du CRYPTOPSY old-school et du CRYPTOPSY moderne.

MI. L’album est sorti le 11 septembre. Est-ce une simple coïncidence ? Si oui, qu’est-ce qu’elle t’inspire ?
Olivier. Oui, c’est une pure coïncidence (rires). Mais il faut avouer que c’est METAL !

MI. Vous n’êtes plus les poulains de Century Media et pour la première fois, vous avez sorti un disque autoproduit. Comment justifies-tu qu’un groupe de votre envergure, avec une telle carrière, puisse sortir un jour un disque autoproduit ? Quelles sont les raisons de ce choix très surprenant ? Car vous n’allez pas nous faire croire que personne n’était intéressé…
Olivier. Le contrat avec Century Media arrivait à son terme. Nous avons eu l’opportunité de signer ailleurs ou de sortir l’album par nos propres moyens. Soyons franc, l’industrie musicale ne va pas très bien ces derniers temps. Il était donc logique pour nous de sortir Cryptopsy en tant qu’album indépendant pour avoir le plein contrôle du groupe et surtout, posséder les droits de notre musique !

MI. Quelle est la suite du programme pour CRYPTOPSY ? J’imagine que vous allez défendre ce nouveau bébé sur scène ? Peut-on espérer vous voir passer en France dans les mois qui viennent ?
Olivier. Nous sommes en train de planifier une tournée en Europe ainsi que dans le reste du monde à partir de janvier 2013. Alors oui, la France est forcément dans nos plans !

MI. Le gore, la mort, la mutilation, ce sont des choses que vous avez déjà évoqué dans vos chansons. Un fait divers sordide comme celui qui a impliqué le canadien Luka Rocco Magnotta dans une affaire de meurtre en mai 2012 ferait-il un bon sujet pour l’une de vos chansons ? Que vous inspire ce fait divers ?
Olivier. C’est drôle que tu en parles, car lorsque ces événements se sont produits au printemps dernier, Matt a pensé à écrire sur le sujet. Mais bon, l’album était déjà enregistré… Sait-on jamais pour le futur ? Je crois que ça pourrait faire un excellent sujet à tendance très gore pour une chanson !

MI. Que peut-on souhaiter à CRYPTOPSY pour les années à venir ? De la stabilité ? Un nouveau label ? Moins de polémiques ?
Olivier. De la stabilité et de bonnes tournées !

MI. Pour finir sur une note un peu plus légère, tu n’es pas sans savoir qu’en France, on rigole beaucoup de l’accent québécois. Saurais-tu nous pondre deux-trois phrases en québécois histoire de nous répondre à nous, cousins français (rires) ?
Olivier. On s’en calisse tu pas ?! On rit ben d’vot accent français nous aussi TABARNAK (rires) !

MI. Merci infiniment d’avoir pris le temps de répondre à cette interview. Toute l’équipe de Metal-Impact souhaite une bonne continuation au groupe ainsi qu’un franc succès à votre nouvel album. Je te laisse conclure cet entretien comme bon te semble. Merci !
Olivier. Merci beaucoup à Metal-Impact ! On se voit bientôt sur la route! D’ici-là, mangez vos légumes et écoutez du Death Metal !