Un groupe nommé LOST IN ALASKA qui débarque de Russie ? Ça sent bon la chapka cette affaire. Et dans ce contexte glacial, quoi de mieux qu’un bon Deathcore des familles pour nous réchauffer ? Une pinte de vodka ? Pourquoi pas. De toute façon, on n’a pas besoin de toutes nos facultés cérébrales pour comprendre le discours tenu par ces charmants garçons. Time Of Solution, du haut de ses trois titres, va aller à l’essentiel. Et tant pis pour le côté poétique du bousin. Ne visant qu’à reconquérir un public déçu par, au choix :
- la refonte récente du line-up,
- la médiocrité flagrante de Zodiac, un premier opus pas aussi bon que l’œuvre éponyme de David Fincher,
- les deux à la fois,
cet EP va s’embourber dans un lisier aux fragrances bien trop pestilentielles pour son côté tatillon et propret.

Ça démarre avec d’étranges boucles électroniques et là, c’est la panique. Quitte à avoir une resucée de BRING ME THE HORIZON entre les oreilles, autant que ça ressemble un max à TASTERS. Et en fait, ça ressemble à… rien. Ou plutôt à tout. A tout ce qui a déjà pu se faire. A tout ce qui va probablement se faire. Guitares dégoulinantes, riffing aussi martial qu’éculé, grosse voix qui fait peur, petit solo qui va bien, vaines tentatives d’ambiances, hystérie de façade, « The Inevitable Changes » a les défauts que son nom ne suggère pas. D’inévitables changements, on aurait pourtant été preneurs. Et c’est à cet instant précis que va éclater le génie de Time Of Solution ! Chaque création qui compose cet EP va être en contradiction totale avec son intitulé. Ainsi, « Time Of Solution » n’apporte pas de vrais solutions et « Pursuit Of Happiness » perpétue jusqu’au bout la tristesse musicale de cette piètre sortie. Au final, LOST IN ALASKA, qui semblait pouvoir répondre avec précision et intelligence aux problèmes d’originalité présents dans le Deathcore, s’étouffe avec son propre vomi. David Carradine approuverait surement cette mort artistique. Avec cette drôle d’idée reçue qui dit qu’un nouveau line-up engendre une nouvelle vie en tête, les Russes accumulent les erreurs, à tel point que les dix minutes toutes rondes de cet EP apparaissent finalement comme une bénédiction. Le Deathcore a atteint un stade de non-retour dernièrement et plus personne n’a l’air suffisamment inspiré pour y changer quoi que ce soit. Time Of Solution est une course à l’échalote vraiment navrante. Et quand bien même ces mecs auraient la plus grosse, qu’est ce que ça changerait ? Ils vont de toute façon sortir dans peu de temps un album de ce calibre, qui ne fera plus dix mais quarante minutes. Et là, peut-être qu’on rigolera un peu moins, parce que LOST IN ALASKA sombrera définitivement dans la tragédie. C’est pas qu’on ne veuille plus, c’est juste qu’on ne peut plus cautionner de telles sorties, complètement coupées de toute réalité musicale. Il faut un déclic et je suis de l’avis qu’une chronique incisive mais intègre y apporte sa modeste contribution.

Ce n’est pas une lutte. Nous ne sommes en guerre contre personne. Mais simplement, la musique est un truc qui se vit différemment selon les vécus, selon les sensibilités. Le frisson qui nous parcourt en présence d’un feeling unique, et surement que Time Of Solution est doté de ce feeling, ne peut pas avoir l’éternité qu’on souhaiterait lui offrir si on continue ce bourrage de crâne massif, cette lobotomie illégale. Ça montait en moi depuis un petit moment. L’heure est peut-être simplement venue de dire stop et de passer à autre chose.