Non, Mitch Lucker n’est plus. Et oui, avec le recul, un groupe comme EAT A HELICOPTER va être une victime collatérale de cette tragique disparition. Que se passe t-il généralement dans pareille situation ? J’ai tendance à penser que les gens oublient momentanément les groupes parasites, alors qu’ils pourraient être un réconfort. The Cleansing est un couteau qu’on remue dans la plaie. The Pessimist, c’est un couteau rouillé qu’on remue dans une plaie purulente. Une telle sortie a fait mal, parce que finalement, qu’on aime ou pas SUICIDE SILENCE, force est de constater qu’ils excellaient, loin de l’indifférence que peut susciter une telle formation, surement pleine de bonnes intentions mais terriblement générique. Ce second EP, sorti donc deux ans après un The Pessimist qui ne nous donnait aucune bonne raison d’être optimiste, va plutôt se révéler enrichissant.

Pourtant, EAT A HELICOPTER a déjà fait son trou. C’est ça qui est formidable avec la scène Deathcore. On peut avoir une réputation, un nombre de fans incroyablement élevé sur les réseaux sociaux et n’avoir encore rien sorti de correct. Cependant, Descend Into Darkness va établir une réalité que peu de groupes de ce calibre parviennent à établir. Deux ans se sont écoulés entre ces deux EP et manifestement, il y a eu une évolution. Je vous invite à prendre connaissance de ma chronique de The Pessimist pour vous aider à mieux comprendre ce qui s’est passé. D’un point de vue qui m’est personnel, je pense que ces Américains ont senti qu’ils jouaient une partie de ballon prisonnier sur un terrain miné et de ce fait, une certaine prudence, mêlée à de la hardiesse, se dégage de cette œuvre. Si le Deathcore proposé n’est pas devenu subitement le plus original qui puisse exister, on soulignera avec insistance la présence d’arrangements qui confèrent à Descend Into Darkness des nuances plus lugubres, plus vicieuses et plus approfondies que sur The Pessimist. Ce dernier, qui consistait plutôt en un néant musical borné, est relégué au second plan par les structures riches et vastes de son successeur. EAT A HELICOPTER prend enfin les choses en main ! Bien sûr, on aurait préféré autre chose que ces nappes de synthés très aléatoires et putassières sur « Lovers Wrought » ou cette atmosphère de film d’horreur sur « Maggot Mouth », mais comparativement à l’absence totale d’idées de The Pessimist, on s’en contentera. Ces quelques notions de créativité sont même suffisantes pour faire passer Descend Into Darkness comme étant un enregistrement prometteur. Mon seul souci avec cette sortie concerne son manque total de rythme et de discernement. On a évidement droit à ces accélérations minimalistes typiquement Deathcore, mais elles ne durent jamais bien longtemps. EAT A HELICOPTER semble bien plus à l’aise sur les plans en mid-tempo, avec des guitares qui chutent lourdement, des breakdowns assez convenus et un vocaliste loin d’être bavard, sauf quand il s’agit de screamer comme un dingue. Alors bon, le résultat n’est pas déplaisant, peut-être est-il un peu faussé par l’infinie tristesse du précédent EP, mais pas suffisamment pour qu’on ne puisse pas parler de redressement.

Il serait indécent, au lendemain de la disparition d’un artiste important et influent de cette scène Deathcore, de pronostiquer sur un éventuel nouveau maître à penser. Mais l’heure est encore au recueillement et si SUICIDE SILENCE sera peut-être son propre successeur, j’ai bien l’impression qu’EAT A HELICOPTER va lui tenir la dragée haute dans un futur assez proche. Le chemin sera long, semé d’embûches mais avec des promesses comme celle-là, on ne parle déjà plus d’un vulgaire pilleur de tombes.