WATAIN (se) - Lawless Darkness (2010)
Label : Season Of Mist
Sortie du Scud : 6 juillet 2010
Pays : Suède
Genre : Black Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 72 Mins
Le virage mélodique limite mainstream (oh là là, le gros mot!) qu’avait emprunté WATAIN en 2007 à la sortie du très bon Sworn To The Dark avait divisé les fans de la première heure, ces gars qui avaient en tête le cradingue et viscéral premier album Rabid Death’s Curse. Les puristes ont jugé cet album mauvais, le jugeant trop accessible pour du Black Metal. Mais beaucoup d’autres, pour qui cette évolution semblait être la suite logique et idéale des choses, ont compris que le gang suédois n’était pas arrivé à ce résultat par désir de reconnaissance. Non. Car WATAIN est toujours resté sincère dans sa démarche certes grand-guignolesque, presque théâtrale (non, carrément théâtrale en fait…) et a fait preuve tout au long de sa carrière d’une foi sans faille en l’Art Noir.
Le gigantesque Fuck The World Tour (explicite, non ?) servant à la promotion du dit Sworn To The Dark fut grandiose, une réussite totale. Cette tournée dura plus de deux ans et le nom de WATAIN ne fut jamais autant répandu. Mais WATAIN n’est pas de ces groupes qui se contentent du minimum… Pour les membres du groupe, cette entité suédoise est avant tout un objet de propagande. De propagande sataniste… Bon, chacun son délire, ok ? Du coup, s’arrêter en si bon chemin serait revenu à annuler tous les efforts faits jusqu’à présent. Erik Danielsson l’avait annoncé : le prochain album de WATAIN serait le plus abouti. Et c’est donc par un doux mois de juillet en 2010 que le groupe sort Lawless Darkness, composé, enregistré et mixé en moins d’un an et demi !
Je vais tacher d’être le plus objectif possible, car ce Lawless Darkness représente pour moi pas mal de souvenirs… Le premier disque de Black Metal qui est tombé dans mes oreilles ! Je n’avais rien compris sur le moment. A ce moment, je pensais que la violence et la haine auditive extrême, c’était SLAYER, SLIPKNOT… J’avais tout faux.
Ce qui reste le plus subjuguant dans la musique de WATAIN, c’est ce don de mêler la sauvagerie musicale la plus malsaine qui soit à des atmosphères et des envolées épiques au possible. Je prends les choses dans le désordre, mais par exemple, « Malfeitor » : un riff et une ambiance empestant la mort pendant 2 minutes 30, et là, comme un cheveu sur la soupe, ce pont, ce solo absolument magnifique. Jamais WATAIN ne s’est montré aussi mature dans la composition que sur ce disque. Faut dire, « se droguer, pratiquer la magie Noire, conduire des Harley Davidson et jouer de la guitare », ça doit filer une méchante inspiration (j’ai rien inventé ! C’est bien de Danielsson, quand on lui demande ce qu’ils ont fait avant d’enregistrer Lawless Darkness).
Je vous parle de « Malfeitor », mais sur la totalité de l’album (de 75 minutes, quand même hein !), WATAIN arrive à une parfaite cristallisation d’un Black Metal old-school et d’un sens de la mélodie qui nous rappelle le plaisir que l’on tire à écouter les premiers albums de feu DISSECTION. « Total Funeral », c’est « Unhallowed », la haine et les tripes en plus. Plus qu’un vulgaire plagiat de l’œuvre de Nödtveidt, WATAIN transcende cet héritage d’une valeur spirituelle très symbolique et importante pour les membres du groupe. Durant 75 minutes, la voix rauque et malsaine du père Danielsson affronte des pièces tour à tour thrashy (« Reaping Death »), épiques (l’excellent « Wolve’s Curse » et ses guitares incisives) et hyper oppressantes (« Four Thrones »). Les solos sont construits et prenants, les compositions grandioses. La technique, quant à elle, est indéniablement présente, mais jamais tape-à-l’œil, toujours subtile, comme sur l’instrumental titre éponyme.
Et puis, des grands moments, je peux vous en citer : l’envolée au milieu de « Kiss Of Death » (alors celui là, je vous mets au défi de ne pas fredonner l’entêtant refrain !), l’impressionnante structure de « Hymn To Qayin », ou encore les chœurs martelants sur « Four Thrones »… Rien n’est laissé au hasard, tout est d’une précision chirurgicale, du début à la fin.
Enfin, comment serait-il possible de chroniquer Lawless Darkness sans parler du morceau qui fait de cet album le chef d’œuvre qu’il est ? « The Waters Of Ain », titre le plus long du répertoire du groupe et également leur plus belle pièce. Un bijou d’un quart d’heure durant lequel l’ennui ne pointe jamais. Après plus d’une heure d’écoute, WATAIN arrive encore à nous emmener dans ses eaux malsaines. Après une première partie très en puissance, les arpèges se font plus mélancoliques pour enfin débouler sur un solo interprété par Selim de THE DEVIL’S BLOOD. Et quel solo mes amis ! L’un des plus beaux et des plus prenants que je n’ai jamais entendu…
Lawless Darkness est une bombe, un album parfait, tout simplement. Alors oui, WATAIN s’est encore mis les fans de True Black Metal à dos, WATAIN les a encore emmerdés, WATAIN a encore donné une tournée qui s’est achevée au Bloodstock cet été dont les concerts ressemblaient plus à un passage chez le boucher. Mais WATAIN a également sorti un disque fantastique, à ranger au rayon des classiques du genre. On peut d’ailleurs se demander si ca ne serait pas Lawless Darkness, LE classique… A mes yeux, si. Et de loin. Parce que finalement, WATAIN est le seul groupe honnête et intègre sur cette scène en perdition. Merci à eux de nous rappeler que rien n’est encore perdu.
Ajouté : Lundi 11 Février 2013 Chroniqueur : Hizia Score : Lien en relation: Watain Website Hits: 9654
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